1905
en Russie
Forces motrices de la révolution et naissance du bolchevisme
Mis en ligne le 24 juin 2005
C'est dans le pays le plus arriéré d'Europe, en Russie, que se produisit l'événement sans doute le plus important de l'année 1905, la première grande révolution moderne de l'histoire, première révolution populaire conduite, à la différence de la grande révolution française, par une classe opprimée, la classe des salariés des villes.
Le paradoxe n'est qu'apparent.
Née du choc entre le passé et l'avenir, à la charnière de deux mondes, la révolution de 1905 annonce et préfigure le choc général qui mit aux prises, à l'échelle internationale, les deux grandes classes de la société moderne à travers la guerre de 1914-18, de la vague révolutionnaire qui s'ensuivit, puis de la contre-offensive de la réaction débouchant sur la deuxième guerre mondiale.
Elle ouvre le
" cycle de guerres et de révolutions ", selon l'expression
de Lénine, suscité par le développement de l'impérialisme
durant les vingt années précédentes.
Cette nouvelle phase de la domination capitaliste, caractérisée
entre autres par l'exportation de capitaux dans toutes les régions
du monde, avait suscité en Russie une industrialisation fiévreuse.
Trusts et sociétés par actions occidentales, attirés
par les immenses richesses renfermées par le sol russe y avaient réalisé
des investissements massifs, décuplés qui plus est par la spéculation
effrénée des places financières européennes. La
dictature tsariste, le formidable appareil de répression né
du retard du développement social de la Russie, semblait devoir y garantir
la docilité d'une main d'uvre surexploitée.
Ce fut l'inverse qui se produisit. La classe ouvrière russe, arrachée aux conditions moyenâgeuses de la paysannerie pour être plongée brutalement dans l'univers de l'industrie et de la grande ville moderne, franchit à travers ses luttes, en quelques années seulement, des étapes décisives pour son organisation et sa conscience politique. Très tôt, dès le début des années 1900, elle se trouva, dans les grandes régions industrielles, à la tête de la contestation politique et de la révolte contre l'absolutisme tsariste, en même temps qu'elle combattait pour sa dignité et ses conditions d'existence.
Au cur de ces luttes et résistances quotidiennes se regroupèrent les éléments les plus avancés du prolétariat au sein d'un parti social-démocrate et formèrent en particulier son aile la plus radicale, le bolchevisme. Ces premiers regroupements furent les signes avant-coureurs de la révolution qui allait faire exploser la vieille société féodale. C'est à l'histoire de ces prémisses de la révolution qu'est consacré ce premier article sur la révolution de 1905.
* * * * *
C'est dans ces années-là que prit naissance ce qu'on a appelé plus tard le bolchevisme.
L'histoire du parti bolchevik et le rôle de Lénine au nom duquel elle est associée, ont subi une des plus grandes falsifications de l'histoire. Staline et la bureaucratie en ont usurpé l'héritage pour combattre la fraction révolutionnaire du mouvement ouvrier mondial, au nom des principes qu'ils attribuèrent faussement au bolchevisme : la fin justifie les moyens, la toute puissance du parti sur les événements et les individus, le culte du chef et son infaillibilité.
La bourgeoisie utilisa cette imposture pour donner un semblant de crédibilité à sa propagande anti-communiste, confondant " léninisme et stalinisme ", révolution et contre-révolution.
Le mouvement gauchiste lui-même n'a pas échappé à la caricature entretenue par le stalinisme, avant bien souvent, de rejeter, avec l'image qu'il s'en était faite, le bolchevisme lui-même.
C'est pourquoi il est nécessaire de revenir sur ces années du tournant du siècle pour comprendre comment ont mûri les forces motrices qui ont fait la révolution en Russie. Le bolchevisme y a joué un rôle important, mais ce facteur subjectif était lui-même le produit de son temps, du mouvement ouvrier international et des conditions historiques concrètes de la Russie.
" La révolution en Russie sera ouvrière ou ne sera pas " (Plékhanov, 1er congrès de la 2ème internationale, 1889)
En 1883, lorsque Plékhanov, Vera Zassoulitch et Axelrod, créèrent le premier groupe marxiste russe, " L'émancipation du Travail ", la possibilité de la victoire du socialisme en Russie, paraissait à beaucoup non seulement une perspective lointaine mais même une pure utopie. Plékhanov eut la largeur de vue de dépasser le point de vue étroit de ceux qui bornaient leur horizon aux seules réalités nationales, oubliant que leur pays ne pourrait rester à l'écart du mouvement général du monde.
Sa conviction, comme il le dit plus tard à la tribune du 1er congrès de la IIème Internationale en 1889, " que la révolution en Russie sera ouvrière ou ne sera pas, il n'y a pas d'autre issue et il ne peut y en avoir " reposait sur une analyse théorique du développement de la société russe et sur son observation du mouvement ouvrier international. Mais il avait tiré également le bilan de l'échec des expériences de la génération précédente de révolutionnaires russes, dont lui-même avait fait partie, comme Vera Zassoulitch et Axelrod.
Dans leur tentative de soulever les masses paysannes en allant propager leurs idées dans les campagnes, les populistes s'étaient heurtés à l'arriération des paysans et à leur méfiance pour tous ceux qui venaient de la ville. Ceux d'entre eux qui cherchèrent alors à provoquer l'effondrement du tsarisme par l'action terroriste furent décimés par l'appareil policier de la dictature au cours des années 1880. Parmi eux, le frère de Lénine, pendu en 1887 pour avoir participé à une tentative d'assassinat du tsar Alexandre III.
Le groupe " L'Emancipation du Travail " joua un rôle considérable dans l'introduction des idées marxistes en Russie et Plékhanov fut un des premiers à percevoir clairement que le développement du capitalisme allait donner naissance à la seule force sociale capable de sortir la Russie de l'arriération, la classe ouvrière. Mais, ayant vécu 50 années de sa vie en exil, il n'eut jamais l'occasion d'avoir un lien vivant avec le mouvement ouvrier réel, celui-ci n'étant qu'embryonnaire lorsqu'il dut quitter la Russie.
La génération suivante, celle de Lénine, commença à militer dans les années 1890-1900, au moment de l'essor de la classe ouvrière suscité par la pénétration des trusts impérialistes en Russie.
Une nouvelle période s'ouvre
La société russe sortit alors de son immobilisme.
Les particularités historiques de la Russie, l'immensité de son territoire et, en particulier, la croissance démesurée de son Etat, avaient entravé le développement économique et social du pays. Pour moderniser sa machine militaire face à des voisins plus puissants, l'absolutisme tsariste écrasait d'impôts les masses populaires, paysans et petits artisans, rendant impossible la formation d'une petite bourgeoisie qui existait aux mêmes époques dans les villes des pays d'Europe plus avancés. C'est l'Etat lui-même qui fut à l'origine de la première industrialisation, mais il ne développa manufactures et moyens de communications modernes que dans la mesure de ses besoins militaires et de répression.
A la fin du XIXème siècle, il existait bien une bourgeoisie russe autre que celle des professions libérales, des industriels du textile le plus souvent anciens serfs, mais elle était extrêmement faible et vivait à l'ombre de la monarchie tsariste, dépendant étroitement de ses commandes.
Avec ses millions de paysans misérables exploités par les grands propriétaires fonciers, sa monarchie dictatoriale et sa noblesse parasitaire, la société russe présentait des caractères communs avec la France de l'ancien régime. Mais aucune force sociale n'était capable d'entraîner derrière elle les masses opprimées des campagnes, comme l'avait fait la petite bourgeoisie des villes pendant la révolution française.
Cette force émergea de l'industrialisation suscitée par le développement de l'impérialisme : ce fut la classe ouvrière. En quelques années seulement, se montèrent en Russie d'immenses complexes industriels équipés du dernier cri de la technique occidentale, les villes de la partie occidentale du pays connurent une croissance fulgurante, y furent jetés dans le bagne des usines des centaines de milliers d'anciens paysans, une jeune classe ouvrière qui mena ses premières grèves dès les années 1880.
En 1894, dans " le contenu du populisme et la critique qu'en fait dans son livre M. Strouvé ", un jeune militant complètement inconnu alors, Lénine, soulignait la portée de ce bouleversement social et ses conséquences sur les perspectives et les possibilités du mouvement révolutionnaire. Au populisme dont le socialisme agraire idéalisait la petite industrie, l'artisanat et la commune villageoise, voyant dans le développement capitaliste un mal redoutable, il opposait l'idée que celui-ci, au contraire " socialise le travail et en augmente la productivité, lorsqu'il détruit cette subordination du travailleur aux petits despotes locaux qui le saignent et établit la subordination au grand capital. Cette subordination représente un progrès malgré toutes les horreurs de l'oppression du travail, du dépérissement, de la barbarie, de la mutilation de l'organisme des femmes et des enfants, etc, parce qu'elle éveille l'esprit de l'ouvrier, et transforme le sourd et vague mécontentement en une protestation consciente, parce qu'elle change la révolte circonscrite, morcelée, irraisonnée, en une lutte de classe organisée pour la libération de tout le peuple travailleur ".
Le populisme, en même temps, était l'expression des aspirations démocratiques de la petite bourgeoisie et, avait en tant que tel, un aspect révolutionnaire. Dans le cadre de la lutte contre le tsarisme, la classe ouvrière devait rechercher l'alliance avec toutes les couches sociales opprimées par le régime sans perdre de vue ses intérêts propres et le but final de sa lutte, une société communiste. Comme l'avait dit Marx dans le Manifeste du Parti communiste, " Les communistes appuient tout mouvement révolutionnaire contre l'ordre social et politique existant ".
Deux ans plus tard, en mai 1896, éclata la première grande lutte des travailleurs russes, la grève des ouvriers du textile à Saint-Petersbourg que dirigea l'Union de Libération des ouvriers de St Pétersbourg, que Lénine avait contribué à créer avec Martov l'année précédente. Dans sa brochure Grève de masse, parti et syndicat, qu'elle rédigea en 1906, Rosa Luxembourg met en évidence la portée politique de cette grève ouvrière, à l'origine revendicative et partielle et elle en fait le point de départ du mouvement qui devait conduire à la révolution de 1905. " Aujourd'hui, cet événement, comparé aux vastes grèves de la révolution, peut paraître minime. Dans le climat de stagnation politique de la Russie à cette époque, une grève générale était une chose inouïe, c'était toute une révolution en miniature.[ ] Par ailleurs, si les grèves semblaient, extérieurement, se borner à une revendication purement économique touchant les salaires, l'attitude du gouvernement ainsi que l'agitation socialiste en firent un événement politique de premier ordre. "
Il y eut, à partir de cette date, un essor ininterrompu du mouvement ouvrier russe et de ses organisations social-démocrates. Les conditions particulières de la Russie ont imprimé un caractère original au mouvement social-démocrate. La construction du parti s'y fit en effet dans un contexte de crise structurelle de la société qui ne pouvait déboucher à terme que sur une révolution.
Un problème très pratique : la construction d'un véritable parti
Le mouvement social-démocrate se développa très rapidement dans ces dernières années du XIXème siècle, mais il n'y avait pas de parti véritable. Le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, fondé en 1898 en tant que section de la Seconde Internationale, ne vécut que le temps d'un congrès. Immédiatement après, tous les délégués, comme les membres du Comité central élu au congrès, furent arrêtés. La répression policière empêchait tout travail suivi sérieux, le mouvement n'existait qu'en l'état de cercles coupés les uns des autres, dont les militants étaient condamnés, parce que sans liaison avec un centre politique, à se débrouiller par leurs propres moyens.
D'autre part, la croissance du mouvement, rejoint par nombre de militants inexpérimentés, eut également comme conséquence - revers de sa bonne santé - un recul de son niveau politique, caractérisé en particulier par des conceptions ouvriéristes. En 1899, des militants du parti se regroupèrent sur la base d'un credo qui affirmait que la classe ouvrière devait se cantonner à la " lutte économique " et se tenir à l'écart de la lutte politique.
C'est pour essayer de résoudre ces problèmes que Lénine mit en discussion parmi les militants un texte intitulé " Notre tâche immédiate ", dans lequel il plaidait pour la création d'un journal illégal pour toute la Russie. " La nécessité de concentrer toutes les forces en vue de la fondation d'un organe du Parti régulièrement édité et diffusé découle de la situation originale où se trouve la social-démocratie de Russie, par rapport à celle des autres pays européens et aux vieux partis révolutionnaires russes. Les ouvriers d'Allemagne, de France, etc, disposent, outre leurs journaux, d'une foule d'autres moyens de manifester publiquement leur activité et d'organiser leur mouvement : action parlementaire, agitation électorale, réunions publiques, participation aux institutions sociales locales (rurales et urbaines), activité légale des associations professionnelles (syndicales, coopératives), etc, etc. Chez nous, pour remplacer tout cela, mais précisément tout cela, - tant que nous n'aurons pas conquis la liberté politique - il faut un journal révolutionnaire, sans lequel nous ne pourrons absolument pas organiser sur une vaste échelle l'ensemble du mouvement ouvrier. Nous ne croyons pas aux complots, nous nous refusons à renverser le gouvernement par des actions sporadiques : le mot d'ordre pratique de notre travail est la formule de Liebknecht, vétéran de la social-démocratie allemande : " studieren, propagandieren, organisieren " - apprendre, propager, organiser. Et le pivot de cette activité ne peut et ne doit être que l'organe du Parti. "
Un journal pour toute la Russie, l'Iskra
Dans le projet qu'il rédigea pour le soumettre à toutes les organisations social-démocrates, Lénine définit quel rôle devait selon lui défendre ce journal, l'Iskra (l'Etincelle) : " il faut éclairer par la théorie chaque fait particulier ; il faut que la propagande rende les problèmes de la politique et de l'organisation du parti familiers aux plus larges masses de la classe ouvrière ; il faut que ces problèmes deviennent un sujet d'agitation. Loin de bannir de nos colonnes la polémique entre camarades, nous entendons au contraire lui réserver une très large place. [ ] Bien plus : reconnaissant dans la classe ouvrière russe et dans la social-démocratie russe le champion d'avant-garde de la démocratie, de la liberté politique, nous estimons nécessaire d'essayer de faire de nos organes des organes communs à toute la démocratie, non que nous consentions même un instant à oublier l'antagonisme qui existe entre le prolétariat et les autres classes, mais en ce sens que nous poserons et débattrons toutes les questions démocratiques sans nous cantonner dans les questions étroitement prolétariennes, que nous soulignerons et débattrons tous les cas et toutes les manifestations de l'oppression politique, que nous montrerons le lien entre le mouvement ouvrier et la lutte politique sous toutes ses formes, que nous chercherons à gagner tous les gens sincèrement décidés à combattre l'autocratie, sans distinction d'opinion ni de classe, en les appelant à soutenir la classe ouvrière, seule force révolutionnaire et irréductiblement hostile à l'absolutisme.
L'Iskra commença à paraître dès 1900 et devint rapidement un instrument efficace de l'organisation des travailleurs, Un noyau solide de militants iskristes, deux ou trois dizaines seulement, organisèrent des comités locaux en Russie autour de la diffusion, de l'information et de l'élaboration du journal, dont la rédaction composée essentiellement de Lénine, Plékhanov et Martov se trouvait à Londres.
La naissance du bolchevisme : le congrès de 1903.
C'est seulement en 1903, au 2ème congrès du parti social-démocrate russe qui se tenait à Bruxelles, que s'opéra une démarcation entre ceux qu'on appela " bolcheviks " (majoritaires) et " mencheviks " (minoritaires).
Les dirigeants qui collaboraient ensemble à la rédaction de l'Iskra se séparèrent sur des questions d'apparence secondaire. Un premier désaccord surgit sur la question du paragraphe 1 des statuts : Qui devait être considéré comme membre du parti : seuls les militants participant au travail du parti dans un de ses groupes, comme le pensait Lénine, ou quiconque reconnaissait son programme, participait au travail du parti, mais sans faire partie d'une de ses organisations, comme le pensait Martov ? Lénine, pendant les débats, n'attachait pas tant d'importance que ça à cette question : " je suis loin de considérer nos désaccords comme assez essentiels pour que la vie ou la mort du parti en dépendent. Nous ne serons pas perdus parce qu'un article de nos statuts sera mauvais. "
Il fut d'ailleurs majoritaire sur cette question et les principales questions soulevées par le congrès, ce qui a donné naissance à l'appellation de bolcheviks et mencheviks. Mais dans le cours du congrès, Martov et ses camarades se rangèrent à l'avis de militants qui combattaient l'orientation qui avait été mise en uvre par l'Iskra et qui défendaient les conceptions " économistes ".
Formellement, les conceptions de Lénine et de ses camarades avaient triomphé au congrès, mais les décisions de celui-ci ne furent pas appliquées et c'est finalement la minorité qui prit le contrôle du journal au point que Lénine fut obligé de quitter l'Iskra en février 1904.
Le désaccord sur un article des statuts recouvrait des divergences plus cruciales quant au possible déroulement de la révolution à venir, entre autres, le problème de l'attitude de la classe ouvrière et du parti social-démocrate à l'égard de la bourgeoisie libérale. Celle-ci, en effet, profita de l'ébranlement du régime qu'avaient entraîné de grandes grèves et manifestations ouvrières en 1902 et 1903, pour faire son entrée sur la scène politique. Alors que pour les mencheviks, la classe ouvrière devait rechercher l'alliance avec les libéraux, quitte à limiter ses objectifs de façon à ne pas les effrayer, les bolcheviks et Lénine défendaient un programme social hardi, fixant aux luttes de la classe ouvrière l'objectif de prendre la tête de toutes les couches sociales opprimées de Russie dans le but de renverser le tsarisme.
En 1905, la révolution vérifia la validité de ces différentes conceptions. La classe ouvrière apparut non seulement comme la force sociale la plus dangereuse contre le tsarisme, mais également comme une direction pour toutes les masses opprimées, en particulier les paysans, alors que la bourgeoisie libérale qui encouragea au départ les ouvriers à se battre dans l'espoir d'obtenir ainsi pour elle-même des concessions du régime, fit ensuite volte-face, prise de panique lorsque la révolution alla plus loin qu'elle ne le voulait, et se fit complice du tsarisme dans la répression.
Loin des caricatures si souvent véhiculées, à savoir une méthode d'organisation visant à sélectionner des militants ayant fait la preuve qu'ils étaient dignes de confiance pour construire un appareil de professionnels de la politique, le bolchevisme est né des problèmes pratiques de la construction d'un parti des travailleurs dans les conditions particulières de la Russie.
Les débuts de l'histoire du bolchevisme se confondent avec la lutte acharnée pour construire un parti qui puisse survivre et se développer malgré la répression. Mais, bien qu'obligé le plus souvent à la clandestinité, le parti bolchevik était de plain-pied dans la classe ouvrière et ce qu'on appellerait aujourd'hui le mouvement social de son temps. Il s'est formé à travers la riche expérience des luttes et des débats suscités par celles-ci, tant en Russie même qu'au sein de la Deuxième internationale.
Son originalité tient non seulement à sa compréhension du rôle dirigeant que la classe ouvrière devait jouer dans la révolution à venir - Trotsky, qui ne rejoignit le parti bolchevik qu'en 1917, avait une conception plus claire du caractère de cette révolution - mais de ses liens intimes avec la classe ouvrière. Il en a accompagné l'évolution, toujours soucieux d'aider aux transformations de conscience à travers les expériences politiques et sociales qui forgèrent sa conscience collective.
La révolution de 1905 sera l'occasion de vérifier les idées, les hommes et les liens politiques et sociaux qui les unissent, " la répétition générale " selon l'expression de Trotsky. Nous y consacrerons notre prochain article.
Galia
Trépère