Débat militant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°13
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15
mai 2002
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Sommaire : | ||||||||||
Un gouvernement Raffarin sous la pression du prochain tour de Le Pen | ||||||||||
Lettre de Trotsky à propos de la démocratie bourgeoise, du bonapartisme et du fascisme |
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Contre
la droite et l'extrême-droite,
En
rupture avec la gauche gouvernementale,
l'urgence sociale et démocratique.
Le 9 juin nous
sommes à nouveau appelés à voter pour élire l'Assemblée
nationale. Ce nouveau scrutin sera l'occasion de montrer que nous avons tiré
les enseignements de l'élection présidentielle et de ses suites.
Notre vote sera une sanction des partis de droite comme de gauche dont la politique
soumise aux intérêts des classes privilégiées, à
la finance, a conduit à une dramatique aggravation des inégalités
sociales, de l'injustice, qui ont engendré le désespoir dont s'est
nourri le vote Le Pen.
L'extrême-droite a reçu le camouflet qu'elle méritait et
c'est tant mieux. Ce camouflet, ce sont les jeunes et les travailleurs qui le
lui ont donné par leur mobilisation dont l'immense Premier mai a été
le point culminant.
La droite comme la gauche voudraient que les électeurs oublient l'avertissement
de l'élection présidentielle, elles leur demandent d'effacer leurs
responsabilités passées et sollicitent leur vote.
Elles auraient compris le message !
Mais quel projet défendent-elles ?
Utilisant comme un plébiscite les voix que la gauche lui a offertes,
Chirac se dépêche de mettre en place une politique réactionnaire
libérale, pro-patronale. Il veut rassembler derrière lui la droite
et tous les hommes politiques du centre disponibles pour se donner une majorité
à la hauteur de son score présidentiel. Il tient un langage populiste,
sécuritaire espérant par cette démagogie garder une partie
de l'électorat que les partis de gauche lui ont donné tout en
flattant l'électorat de droite et d'extrême-droite.
Il veut revenir sur les trente cinq heures, remettre en cause les retraites,
diminuer les impôts pour les plus aisés et baisser les charges
patronales.
Pour tous ceux
qui ont cru se protéger de Le Pen en votant Chirac, ces Législatives
seront l'occasion de condamner et de rejeter une politique réactionnaire
contraire aux intérêts de la population.
Mais il ne saurait être question pour autant de cautionner la politique
de la gauche plurielle reconvertie en " gauche unie ".
Elle n'a d'autre ambition qu'une nouvelle cohabitation. Elle se prépare
à continuer la même politique libérale que celle que Jospin
a menée pendant cinq ans dans le cadre fixé par le Président
Chirac.
Nous n'avons aucune raison de lui accorder notre confiance. Bien au contraire,
depuis vingt ans, elle alterne ou cohabite avec la droite pour conduire la même
politique soumise à l'économie de marché et à la
tyrannie de la finance.
Oui, le 9 juin,
nous ferons barrage aux partisans de Le Pen et de Mégret, nous rejetterons
la politique de Chirac et de ses amis, nous désavouerons les partis de
la gauche gouvernementale.
Par notre vote, nous montrerons à tous les partis gouvernementaux que
nous avons tiré les leçons des vingt dernières années
comme de l'élection présidentielle.
Nous dirons que nous ne sommes pas dupes. Il n'y a pas de sauveur et nous voterons
pour nous-mêmes, pour la défense collective des intérêts
du monde du travail, nous voterons pour nos mobilisations et nos luttes.
La présence
Le Pen au second tour de l'élection présidentielle est un avertissement
que les jeunes et les travailleurs n'oublieront pas.
Nous ne pouvons confier la défense de nos intérêts sociaux
et politiques, de nos droits et de notre liberté à des partis
qui défendent une société fondée sur le pouvoir
de l'argent, la domination d'une minorité qui échappe à
tout contrôle. Lutter contre la montée des idées réactionnaires,
c'est lutter contre une politique qui engendre les inégalités,
le chômage, l'exclusion pour concentrer toujours plus de richesses entre
les mains d'une minorité privilégiée.
C'est ce système qui engendre l'insécurité en semant frustration
et désespoir, en justifiant l'injustice et l'oppression au nom d'une
idéologie qui valorise l'arrivisme, l'individualisme et la concurrence,
le chauvinisme et le racisme.
Les idées d'extrême-droite se nourrissent des échecs des partis politiques qui se revendiquent de la démocratie parlementaire mais qui, dans les faits, se plient à ce système où dominent la loi des privilèges et de l'argent, le mépris des plus démunis. L'extrême-droite flatte les rancurs et les frustrations, les sentiments de revanche et de haine, les préjugés racistes et sexistes, pour s'attaquer à la démocratie afin d'appliquer la loi du plus fort dans toute sa brutalité. Sa démagogie contre le système et les partis est une imposture.
* * *
Nos idées
sont à l'opposé.
Nous pensons que la seule issue à la crise sociale et politique que nous
connaissons, ce sont des mesures d'urgence sociales et démocratiques.
C'est le programme qu'Olivier Besancenot a défendu durant la campagne
présidentielle.
La brusque évolution de la situation politique vient apporter une vivante
démonstration de la justesse de notre démarche.
Oui, il faut une autre politique. Cette politique sera mise en uvre grâce
et par la mobilisation du monde du travail. C'est elle qui a, dans le passé,
permis les progrès démocratiques et sociaux, comme c'est elle
qui a provoqué la défaite de Le Pen dont Chirac voudrait s'approprier
le mérite.
Pour enrayer
le recul social, nous voulons une autre répartition des richesses.
Il faut interdire les licenciements, garantir à tous un véritable
emploi.
Il faut revaloriser l'ensemble des salaires et des retraites.
Il faut donner la priorité aux services publics.
Il faut mettre un coup d'arrêt aux privatisations comme aux fonds de pension
et aux attaques contre les retraites par répartition.
Pour contrôler la marche de l'économie comme de l'administration,
pour les mettre au service de la population et non d'une minorité qui
détourne l'argent public pour son compte privé, nous voulons une
réelle démocratie, à tous les niveaux.
L'ensemble des courants d'opinion doit pouvoir être représenté
au niveau de l'Assemblée nationale. Au lieu de cette démocratie
monarchique, nous voulons une assemblée populaire élue au suffrage
universel, à la proportionnelle, désignant un gouvernement directement
responsable devant elle.
Tous ceux qui vivent et travaillent dans ce pays doivent avoir le droit de vote
à toutes les élections.
La démocratie,
c'est que la population elle-même puisse faire prévaloir ses choix.
C'est qu'elle ait les moyens de contrôler et de décider par la
mise en place d'assemblées dans les quartiers, les villes, les entreprises,
les banques et les administrations.
De telles mesures sont simples et faciles à mettre en uvre, elles
supposent la volonté d'en finir avec les privilèges accordés
aux gros actionnaires et aux multinationales, comme au grands partis politiques.
Aujourd'hui, de telles transformations ne peuvent se limiter à ce pays,
elles sont nécessaires et possibles à l'échelle de toute
l'Europe.
Nous luttons contre la mondialisation au service de la finance et des multinationales,
nous voulons une Europe démocratique et sociale fondée sur la
coopération des travailleurs et des peuples.
Le 9 juin, par
notre bulletin de vote, nous dirons que nous ne voulons plus de la politique
libérale, qu'elle soit menée par la droite ou la gauche gouvernementale.
Nous dirons que nous ne voulons plus que les intérêts de la population
soient sacrifiés aux profits.
Nous voulons condamner sans appel l'extrême-droite, rejeter la droite
tout en désavouant la gauche de cohabitation.
Nous voulons dire notre attachement au progrès et à la démocratie
dont le monde du travail et la jeunesse sont porteurs.
Débat
militant
Un gouvernement Raffarin sous la pression du prochain tour de Le Pen
" Le bleu
marine va redevenir à la mode ". Nouveau ministre délégué
aux libertés locales, ancien activiste du groupe d'extrême droite
Occident : Patrick Devedjian jubile. Chirac donne de la voix. Le gardien des
institutions n'a pas hésité une seule seconde à descendre
sur le terrain pour défendre la République mise à mal
par quelques supporters de Bastia au Stade de France. Malgré son grand-guignolesque,
la mise en scène de samedi soir ne trompe (doit tromper) personne. Chirac
a trouvé là l'occasion de siffler à sa manière la
fin d'un match, de se placer en rôle d'arbitre. Au désordre, Chirac
oppose la " tolérance zéro ". Le message est clair.
Son but explicite. Sous le couvert de la défense de la République
et de ses valeurs, Chirac promeut le " tout sécuritaire ".
Et ce n'est pas seulement un clin d'il à l'électorat lepéniste.
En réalité, Chirac annonce le rôle dévolu à
l'État à l'heure de la mondialisation, où l'État-Providence
dépossédé de tous ses attributs, privatisés et démantelés,
se réduit à un État-Policier. En quelques mots samedi,
le président a dévoilé le traitement de choc que la droite
s'apprête à administrer au monde du travail.
À l'Élysée, privé de majorité pendant cinq
ans, Chirac a eu tout le loisir d'étudier les leçons du baron
Seillière sur la " société du risque " dont le
versant sécuritaire est indissociable du volet ultra-libéral.
La nomination de Jean-Pierre Raffarin marque suffisamment les priorités
assignées à la nouvelle équipe. Le credo est simple : la
droite veut moins d'État si on évoque l'éducation ou la
santé mais plus d'État - beaucoup plus même - s'il s'agit
d'embaucher des policiers ou des matons. Affublé ou non de la référence
républicaine, c'est l'ordre qui doit régner. Et le Premier ministre
incarne précisément le bon sens populaire de cette " France
d'en bas ", aspirant à la tranquillité, mais qui, derrière
ses côtés débonnaires, avance des solutions réactionnaires.
Pourtant dirigeant de la très droitière Démocratie libérale
(DL), Raffarin se présente comme un centriste. Or, DL est justement l'organisation
dans laquelle se retrouvent depuis toujours les " ex " de l'extrême
droite, Alain Madelin, son président, ancien d'Occident, réprouvant
en 1998 l'ostracisme qui frappait ses amis alliés avec le Front national
aux élections régionales. Ce monde est petit.
Chirac a la baguette. Raffarin a la matraque. Ne pas perdre une minute à
droite est d'autant plus nécessaire que le gouvernement n'a que quelques
semaines pour donner la majorité qui manque encore à Chirac à
l'Assemblée nationale. Et le score de Le Pen corse l'affaire.
Le Pen-Mégret
: l'extrême droite en embuscade
Le soir du premier tour, les commentateurs décrivent un séisme,
un raz-de-marée ; à la surprise générale, Jean-Marie
Le Pen arrive devant Lionel Jospin : c'est donc le leader du FN qui affrontera
le président sortant. À peine le résultat du duel Chirac-Le
Pen connu, les mêmes célèbrent l'échec cinglant de
l'extrême droite. Et l'on s'empresse de démontrer qu'on ne peut
assimiler le score de Chirac à un plébiscite. En quinze jours,
le péril fasciste qui menaçait le pays est oublié ! Cet
échec de Le Pen au second tour renvoie à une victoire qui n'a
pas eu lieu au premier ; et la menace fasciste est d'autant mieux contenue qu'elle
n'existait pas : qu'importe ! On se fait peur. Puis, on se rassure. À
chaque fois, on se paye de mots, sans chercher à comprendre. On ne peut
pourtant évacuer si facilement les 18 % de Le Pen et les 82 % de Chirac
: le score du premier témoigne de la consolidation de l'extrême
droite ; celui du second sanctionne un déplacement à droite du
spectre politique.
Il faut ramener les scores de l'extrême droite à leur juste proportion.
Les résultats de la Présidentielle confirment l'enracinement du
vote Le Pen, nullement une poussée de l'extrême droite comme en
1983 à Dreux lors des élections municipales. Avec 5 525 032 voix,
Le Pen améliore son score du premier tour de 720 319 voix, celui de l'extrême
droite de 53 293. Le Pen ne bénéficie donc pas de la baisse de
8 points de l'abstentionnisme et des quatre millions d'électeurs supplémentaires
qui se sont rendus aux urnes. Selon une étude réalisée
par l'Ipsos, seulement 3 % des abstentionnistes du premier tour aurait voté
Le Pen au second, contre 41 % pour Chirac. En revanche, malgré la campagne
de l'entre-deux tours, non seulement, le dirigeant du FN récupère
ses voix, mais il progresse légèrement.
Pour l'essentiel, on retrouve les zones d'influence traditionnelles du Front
comme le Vaucluse (29,6 %), le Var (28,7 %), les Alpes-Maritimes (28,7 %), les
Bouches-du-Rhône (27,5 %) et le Gard (26,7 %). C'est d'ailleurs dans ses
fiefs que le lepénisme enregistre généralement ses plus
fortes progressions entre les deux tours : 18 408 voix dans les Bouches-du-Rhône,
18 279 dans le Var, 10 461 dans les Alpes-Maritimes ou 3 384 dans le Vaucluse.
Le Pen atteint 39,48 % à Marignane, 34,24 % à Orange, 32,08 %
à Vitrolles et 26,95 % à Toulon.
Le Nord et le Pas-de-Calais s'affirment également comme des terres d'élections
du Front avec respectivement 21,7 % et 22,5 % des suffrages exprimés.
En quinze jours, Le Pen engrange là-bas plus de 30 000 voix supplémentaires,
19 682 dans le Pas-de-Calais, 13 960 dans le Nord. À Wingles, dans le
Pas-de-Calais, Le Pen comptabilise 33,45 % des exprimés, 30,15 % à
Oignies, 23,48 % à Lens, 21,72 % à Calais, etc. Dans le département
voisin, le Nord, il progresse fortement à Anzin (29,43 %), à Saint-Pol-sur-Mer
(32,30 %), à Maubeuge (28,90 %), à Tourcoing (23,69 %), à
Roubaix (19,42 %), etc. Et la liste est encore longue
Quelles conséquences pour les Législatives ? La loi électorale
est stricte : seules figurent au second tour les listes ayant franchi la barre
des 12,5 % des inscrits. Partant, si les candidats du Front national et du Mouvement
national républicain réalisent le 9 juin des scores comparables
à ceux de Le Pen et de Mégret à la Présidentielle,
l'extrême droite pourrait se maintenir au second tour dans 237 des 577
circonscriptions. Pour mémoire, en 1988, droite, gauche et extrême
droite s'affrontaient dans 8 triangulaires, en 1993 dans 14, sans que cela modifie
le rapport de force entre partis gouvernementaux. Personne n'a oublié,
en revanche, l'expérience des dernières législatives et
la victoire " surprise " de la gauche plurielle. En juin 1997, on
dénombrait 76 triangulaires, dont 69 dans des circonscriptions détenues
par la droite ; la gauche l'emporte dans 47 cas contre 29 pour la droite.
Raffarin a quatre semaines pour inverser la donne, limiter le nombre des triangulaires
et en gagner le maximum.
Vote
d'adhésion, vote protestataire : une fausse opposition
La résistance de l'électorat d'extrême droite est l'enseignement
principal du scrutin, et ce n'est pas sans incidence pour les élections
législatives. Peut-on pour autant suivre tous ceux qui, derrière
Le Monde, observent une " consolidation, par le parti d'extrême droite,
d'un électorat d'adhésion, dont la volatilité entre les
deux tours, s'est considérablement réduite " ? Le journal
du soir tire son argument du maigre déplacement de voix vers Le Pen le
5 mai, moins de 55 000. La situation est plus contrastée qu'il n'y paraît.
Une comptabilisation nationale masque les mouvements de voix intervenus entre
le premier et le second tour, mouvements notamment intéressants pour
apprécier la signification du vote d'extrême droite. Il est d'ailleurs
frappant que, malgré une progression en voix si réduite, Le Pen
dépasse au second tour le total des suffrages réalisés
au premier par l'ensemble de l'extrême droite dans 44 départements
métropolitains, c'est dire que s'il gagne des milliers d'électeurs
ici, il en perd presque autant là.
Il double par exemple ses voix dans les départements et territoires d'outre-mer.
À eux seuls, les DOM-TOM apportent 36 724 des 53 293 suffrages glanés
par Le Pen entre le 21 avril et le 5 mai. Nous avons déjà évoqué
les gains obtenus par le leader du FN dans ses zones de force. Significativement,
on note aussi un gonflement appréciable du vote Le Pen sur les terres
où Jean Saint-Josse, le candidat des chasseurs, comptabilisait ses meilleurs
scores : 13 951 voix en Gironde, 11 869 dans la Somme, 7 579 dans les Pyrénées-Atlantiques,
7 206 en Charente-Maritime et 4 238 dans les Landes. La Vendée, où
de Villiers rassemblait 70 735 électeurs et arrivait en tête au
premier tour en 1995, donne 17 950 voix de plus à Le Pen et Mégret
en 2002 au premier tour - le capital du Front s'érode au second de 69
suffrages.
Inversement, Le Pen subit de sérieux revers dans le Bas-Rhin (- 25 359),
le Haut-Rhin (- 16 227) ou le Rhône (- 11 876) alors que l'extrême
droite comptabilisait de très bons résultats le 21 avril. La saignée
dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin est telle que Le Pen fait moins bien que l'extrême
droite au premier tour et moins bien que lui-même au premier tour en 1995.
La Seine Saint-Denis est paradoxale : elle fait partie des 44 départements
où Le Pen améliore le score de l'extrême droite - ici de
659 voix - ; les résultats additionnés de Le Pen et Mégret
enregistrent, néanmoins, une perte sèche de 11 070 électeurs
en sept ans.
Au final, l'électorat frontiste apparaît fortement différencié.
La comparaison des votes Le Pen-Mégret en 2002 avec ceux de de Villiers
aux Européennes de 1995 et à la Présidentielle de 1995
ou ceux de Pasqua-de Villiers aux Européennes en 1999 conforte largement
l'idée d'un chevauchement de l'électorat de l'extrême droite
et de la droite extrême. À l'évidence, le vote frontiste
correspond moins à la carte de l'insécurité et du chômage
qu'à celle du vote poujadiste lors des Législatives de 1956
La scission du FN avait dopé les résultats des souverainistes
en 1999. L'effacement de Philippe de Villiers puis de Charles Pasqua à
la Présidentielle a ramené sur les rives de l'extrême droite
une partie de son électorat déboussolé par les rivalités
opposant hier Le Pen et Mégret. FN de Le Pen, MNR de Mégret, MPF
de de Villiers ou RPF de Pasqua ? Les électeurs se redistribuent aussi
en fonction de l'offre politique : c'est ce qu'ont compris les caciques de la
droite classique qui s'empressent d'afficher leur " nouvelle " sympathie
pour les Millon, Soisson, de Villiers et consort.
Une droite de droite peut minorer le poids de l'extrême droite ; elle
peut même précipiter les reclassements au sein du FN et du MNR
que la scission avait amorcés en décembre 1998 : c'est du moins
le pari cynique de Raffarin et de
Chirac.
Raffarin : une
droite extrême contre l'extrême droite ?
D'aucuns à gauche s'étonnent déjà qu'une droite
triomphante affiche ses divisions pour la prochaine bataille. Le lancement au
surlendemain du premier tour de l'Union pour la majorité présidentielle
(UMP) par les proches de Jacques Chirac annonçait l'offensive. Le score
de Chirac a précipité les choses. L'entreprise vise à assécher
financièrement et politiquement les concurrents centristes, au premier
rang desquels la poignée de récalcitrants rassemblés autour
de François Bayrou; elle cherche dans le même mouvement à
élargir la majorité présidentielle sur sa droite : l'UMP
distribue directement ses investitures à ceux, tel Soisson, qui n'avait
pas hésité à s'allier à Le Pen en 1998 ; elle s'engage
sinon à ne pas présenter de candidats contre ceux, comme Millon,
se montrant favorables aux passerelles avec l'extrême droite.
En portant son choix sur Raffarin, le président de la République
endosse l'habit de " rassembleur " de la droite populaire et réactionnaire
que les gaullistes ont si longtemps incarnée avant qu'un certain Jacques
Chirac au cours des années 70 se déleste de cet héritage
en créant le RPR. Jouer cette carte peut s'avérer décisif
pour l'emporter en juin ; mais c'est, au-delà des échéances
électorales, la seule qui puisse permette de conduire jusqu'au bout une
politique anti-sociale : la bourgeoisie a besoin d'un gouvernement de combat
pour venir à bout des acquis de la classe ouvrière que les nouvelles
règles de la compétition internationale imposent. L'heure n'est
pas à la cohabitation aux yeux des possédants, mais à l'affrontement.
FN et MNR troubleront-ils ces plans ? Malgré la menace des triangulaires,
Carl Lang, le numéro trois du Front, affiche des ambitions modestes :
" Au vu du mode de scrutin, il est tout à fait possible que nous
n'ayons aucun élu ", concède-t-il. Une douzaine de circonscriptions
sont gagnables dans les Alpes-Maritimes, les Ardennes, les Bouches-du-Rhône,
le Doubs, le Gard, l'Hérault, la Moselle, le Nord et le Vaucluse. À
l'exception du " félon " - Bruno Mégret - qui semble
en mesure de l'emporter dans la XIIe circonscription des Bouches-du-Rhône
maintenant que Daniel Simonpieri, maire de Marignane, a jeté l'éponge,
aucun dirigeant important de l'extrême droite ne devrait entrer au Palais
Bourbon. L'échec attendu de l'extrême droite au seuil du Parlement
ne peut que relancer le débat stratégique en son sein, et ce d'autant
que les exemples, en Europe, de l'Autriche, de l'Italie ou du Danemark où
droite et extrême droite gouvernent, crédibilisent les projets
d'un Mégret. La perspective d'un contrat de majorité liant les
différentes composantes de la droite, classique et extrême, n'est
pas inimaginable ; ce qui serait en revanche incroyable, c'est qu'après
avoir géré ensemble des régions et des municipalités
elles soient incapables de s'entendre à l'Assemblée.
Face à la recomposition des droites en cours, la gauche gouvernementale
semble groggy, sans réaction, prête à s'écrouler.
Chirac impose à marche forcée l'unité derrière sa
bannière ; la gauche tarde à présenter ses candidats. Une
victoire des Hollande, Hue et Voynet, à la faveur des triangulaires,
viendrait à contretemps. La défaite est déjà intégrée.
Les reclassements devraient s'en suivre. Des appareils disparaîtraient.
D'autres poindront comme celui dont rêvent la gauche moderne et la droite
réformatrice depuis des décennies. C'est la logique de la situation,
celle ouverte par le front républicain. Le piège se referme sur
ses promoteurs. La gauche plurielle a remis son avenir entre les mains de Jacques
Chirac, espérant se retrouver ensuite comme si de rien n'était.
Chirac a gagné. Aussi illusoire soit-il, c'est lui le rempart. Et lui
seul. C'est la leçon de la Présidentielle. Certains pensaient
faire un rempart de papier au fascisme
Chirac et Raffarin développent
un programme sécuritaire que goûteront Le Pen et Mégret.
Et ils en redemanderont. Pire, Chirac ne manquera pas de le marteler, les électeurs
de gauche n'ont plus d'autres solutions que de recommencer en juin à
porter leur voix sur les candidats de l'UMP. Ne pas voter pour lui, c'est reconduire
la situation qui a nourri le FN : la cohabitation.
Arrêtons. De vrais batailles attendent la classe ouvrière. Il est
temps de nous y préparer !
Serge Godard
Les
analogies entre la situation que nous connaissons et celle des années
Trente n'ont le plus souvent d'autre but que de semer la confusion. Ceci dit,
par delà les analogies qui voudraient pallier à l'absence d'analyse,
l'expérience des années Trente est riche d'enseignements utiles
pour tous ceux qui ne veulent pas être dominés par l'événement,
mais anticiper, comprendre pour se préparer et essayer de prendre l'initiative.
C'est dans cet esprit que nous publions ce texte de Trotsky et donnons quelques
indications bibliographiques concernant d'autres écrits de Trotsky :
Crétinisme parlementaire
et diplomatique ( 13 juin 1933 ) ; où va la France ? (octobre 1934 )
dans le Mouvement communiste en France.- éditions de Minuit
Le tournant de l'Internationale communiste et la situation en Allemagne (26
septembre 1930 ) ; lettre à un ouvrier communiste allemand (8 décembre
31) ; la seule voie ( 14 septembre 1932) ; la tragédie du prolétariat
allemand ( 14 mars 1933) ; qu'est ce que le national-socialisme ? ( 2 novembre
1933) dans Comment vaincre le fascisme -écrits sur l'Allemagne 1930-1933)
éditions de la Passion
Pour resituer ces textes dans leur contexte historique, à lire et à
faire lire :
Daniel GUERIN : Sur le fascisme, la peste brune; Fascisme et grand capital -
édition la Découverte
Anna SEGHERS : Les morts restent jeunes.- édition Autrement
Lettre
de Trotsky à propos de la démocratie bourgeoise, du bonapartisme
et du fascisme
(13 janvier 1936)
Cher Ami (2),
La question de
notre comportement à l'égard des normes gouvernementales qui sont
prétendument dirigées contre le fascisme est extrêmement
importante.
Comme la démocratie bourgeoise est historiquement en faillite, elle n'est
plus en mesure de se défendre sur son propre terrain contre ses ennemis
de droite et de gauche. Cela veut dire que, pour se " maintenir ",
le régime démocratique est obligé de se supprimer lui-même
peu à peu par des lois d'excep-tion et des mesures administratives arbitraires.
Cette auto-sup-pression de la démocratie dans son combat contre la gauche
et la droite est précisément ce qui produit le bonapartisme décadent,
lequel a besoin pour son existence incertaine, aussi bien du danger de droite
que du danger de gauche, afin de les jouer l'un contre l'autre et de s'élever
ainsi toujours davantage audessus de la société et de son parlementarisme.
Le gouvernement Colijn (3) m'est apparu depuis pas mal de temps déjà
comme un régime bonapartiste en puissance.
L'ennemi principal pour le bonapartisme reste naturellement, dans cette période
extrêmement critique, l'aile révolution-naire du prolétariat.
On peut donc dire avec une certitude absolue que lors d'une aggravation ultérieure
de la lutte des classes, toutes les lois d'exception, tous les pleins pouvoirs
extraordi-naires, etc. seront utilisés contre le prolétariat.
Après que les socialistes et les staliniens français eurent voté
la dissolution administrative des organisations paramili-taires (4), cette vieille
canaille de Marcel Cachin (5) écrivit à peu près ceci dans
L'Humanité " Une grande victoire [...]. Naturellement, nous savons
que, dans la société capitaliste, toutes les lois peuvent être
utilisées contre le prolétariat. Mais nous nous efforcerons de
l'empêcher, etc. " Le mensonge est évidemment ici dans le
mot peuvent. Il aurait fallu dire " Nous savons que toutes ces mesures,
lors d'une aggravation ultérieure de la crise sociale, seront appliquées
au centuple contre le prolétariat. " D'où l'on peut tirer
la conclusion élémentaire que nous ne pouvons pas contribuer de
nos propres mains à construire le bonapartisme décadent ni à
le doter de chaînes dont il se servira inévitablement pour paralyser
l'avant-garde du prolétariat.
Il n'est pas dit pour autant que Colijn ne veuille pas demain ou après-demain
dégager son coude droit de l'emprise arrogante des fascistes. La révolution
sociale ne semble pas être imminente en Hollande. Le Grand capital espère
venir à bout des dangers qui le menacent par les moyens de l'Etat fort,
concentré, c'est-à-dire bonapartiste ou semi-bonapartiste. Mais,
par peur de laisser l'ennemi véritable, le prolétariat révolutionnaire,
prendre trop d'importance, Colijn ne pourra jamais paralyser ou détruire
le fascisme tout au plus pourra-t-il le tenir en échec. C'est pourquoi
le mot d'ordre de dissolution et de désarmement des bandes fascistes
par l'Etat (les social-démocrates allemands criaient "L'Etat doit
agir!") et le vote de mesures analogues sont réactionnaires de bout
en bout. Cela reviendrait à sacrifier la peau du prolétariat pour
en faire un fouet dont l'arbitre bonapartiste de service se servira peut-être
pour caresser tout doucement, une fois en passant, le postérieur des
fascistes. Or notre maudit devoir et notre responsabilité consistent
non à fournir le fascisme en fouets, mais à protéger la
peau du prolétariat.
Un autre aspect de la situation me semble encore plus important. La démocratie
bourgeoise est de par sa nature même une fiction. Plus elle est florissante,
moins elle se laisse utiliser par le prolétariat (voir l'histoire de
l'Angleterre et des Etats-Unis). [Mais] la dialectique de l'histoire veut que
la démocratie bourgeoise devienne une réalité importante
pour le prolétariat précisément à l'époque
de sa décomposition. Le fascisme est l'expression de cette décomposition.
La lutte contre le fascisme, la défense des acquis de la classe ouvrière
dans le cadre de cette démocratie en voie de décomposition peuvent
devenir une puissante réalité dans la mesure où est donnée
au prolétariat l'occasion de se préparer aux plus durs combats
et même de commencer à s'armer. En France, les deux années
qui se sont écoulées depuis le 6 février 1934 (6) ont donné
aux organisa-tions ouvrières une occasion exceptionnelle (elle ne se
renou-vellera pas de sitôt) de rassembler sur une base révolutionnaire
le prolétariat et la petite bourgeoisie, de constituer une milice ouvrière,
etc. Cette occasion précieuse est offerte précisément par
la décomposition de la démocratie, par son incapacité évi-dente
à maintenir "l'ordre" par les moyens traditionnels et le danger
tout aussi évident qui menace les masses ouvrières. Qui-conque
n'exploite pas cette situation, quiconque en appelle à l' "Etat",
c'est-à-dire à l'ennemi de classe, en le priant d' " agir
", celui-là vend la peau du prolétariat à la réaction
bonapartiste.
Aussi devons-nous voter contre toutes les mesures qui renforcent l'Etat capitaliste-bonapartiste,
même s'il s'agit d'une mesure qui peut, sur le moment, causer un désagrément
passager au fascisme. Naturellement les social-démocrates et les stali-niens
diront que nous défendons le fascisme contre le Père Colijn, lequel
serait après tout préférable au méchant Mussert
(7). A cela, nous pouvons dès maintenant répondre avec assurance
que nous voyons plus loin que les autres et que les événements
à venir confirmeront entièrement nos conceptions et nos exigences.
Mais nous pouvons aussi formuler des amendements et des compléments dont
le rejet fera clairement apparaître à n'importe quel ouvrier qu'il
ne s'agit pas du postérieur des fascistes mais de la peau du prolétariat.
Par exemple 1) "Les piquets de grève des ouvriers ne sont nullement
concernés par cette loi, même dans le cas où ils doivent
s'armer contre les briseurs de grève, les fascistes et autres éléments
déclassés ou 2) " Les organisations politiques et syndicales
de la classe ouvrière conservent le droit, face au danger fasciste (8),
de construire et d'armer leurs organismes d'auto-défense. A leur demande,
l'Etat s'engage à les fournir en moyens financiers, armes et munitions
Au Parlement, ces amendements paraîtraient plutôt étranges
et seraient considérés comme "shocking (9)" par Messieurs
les hommes d'Etat (ainsi que par les fanfarons staliniens). Mais n'importe quel
ouvrier du rang, non seulement dans le N.A.S. (10), mais aussi dans les syndicats
réformistes, les trou-vera tout à fait justifiés.
Naturellement, je ne cite ces documents qu'à titre d'exem-ples. On pourrait
peut-être trouver des formulations meilleures et plus précises.
Messieurs les social-démocrates et staliniens peuvent bien alors refuser
leur soutien ou même voter contre. Mais même s'ils votent pour,
les amendements seront de toute manière rejetés et on verra alors
avec une clarté parfaite pour quelle raison nous votons contre le projet
gouvernemental dans son ensemble, ce que nous devons faire sans la moindre hésitation
pour les motifs que j'ai déjà indiqués (même au cas
où le parlementarisme à la Colijn ne permettrait pas la présen-tation
d'amendements, car ces amendements, qui relèvent de la technique de propagande,
ne concernent pas le fond même de l'affaire).
De manière générale, il nous faut être très
fermes à l'égard de l'" antifascisme " abstrait qui
touche même parfois, hélas, nos propres camarades. L'" antifascisme
" n'est rien, c'est un concept vide qui sert à couvrir les canailleries
du stalinisme. C'est au nom de l'" antifascisme " qu'on a organisé
la colla-boration de classes avec les radicaux (11). Beaucoup de nos camarades
désiraient apporter au " front populaire ", c'est-à-dire
à la collaboration de classes, un soutien positif du genre de celui que
nous nous sommes par exemple disposés à accor-der au front unique,
c'est-à-dire à la séparation du prolétariat d'avec
les autres classes. Du mot d'ordre totalement erroné de "Front populaire
au pouvoir! (12)" , on va plus loin et on se déclare prêt
à soutenir le bonapartisme, car le vote en faveur du projet de loi "antifasciste"
de Colijn ne signifierait rien d'autre qu'un appui direct au bonapartisme.
Comme le camarade Parabellum (13) - si j'en juge d'après les citations
- a développé dans " De Internationale " un point de
vue incorrect et dangereux sur le " front populaire ", il est d'autant
plus nécessaire d'être ferme dans le parti hollan-dais contre cet
"antifascisme" abstrait aux conséquences opportunistes.
(1) Lettre à
Sneevliet, Bibliothèque du Collège de Harvard, 10145. Traduite
de l'allemand. Cette lettre avait déjà paru dans son texte allemand
original dans informations-Dienst, n0 10, février 1936, sous le titre
" Caractérisation de la politique de Colijn " Elle constitue
une réponse de Trotsky à une lettre du dirigeant du R.S.A.P. hollandais
Sneevliet, en conflit avec ses camarades de la direction au sujet de l'atti-tude
qu'il devait prendre, en sa qualité de député, face à
une proposition de loi dirigée par le gouvernement Colijn contre les
groupes paramilitaires du parti nazi hollandais. Sneevliet était en désaccord
là-dessus avec le reste de la direction.
(2) Henricus SNEEVLIET (1883-1942), pionnier du mouvement com-muniste en Hollande,
en Indonésie et en Chine, secrétaire général du
syndicat rouge N.A.S., avait été exclu du P.C. hollandais en 1929
et avait fondé le R.S.P. qui avait rejoint en septembre 1933 l'Opposition
de gau-che. Il était devenu alors membre du S.L de la L.C.I. Il était
l'un des chefs du R.S.A.P., formé en 1935 par la fusion de R.S.P. et
de l'O.S.P.
(3) Hendrijk COLIJN (1869-1944), chef du parti bourgeois protestant " antirévolutionnaire
" premier ministre de 1925 à 1926, puis depuis 1933, s'était
notamment distingué en février 1934 en livrant à Hitler
quatre jeunes militants du S.A.P. que sa police avait arrêtés à
la confé-rence de Laren.
(4) Le 6 décembre 1935, à la Chambre des députés
française, le député Croix-de-Feu Jean Ybarnegaray avait
proposé un " désarmement général " des
formations paramilitaires. Les dirigeants du P.C. et de la S.F.I.O. lui avaient
emboîté le pas et voté avec la droite la dissolution des
milices armées.
(5) Marcel CACHIN (1869-1958) était directeur de L'Humanité et
l'un des principaux dirigeants du P.C. Trotsky avait l'habitude de le traiter
de < canaille " depuis longtemps Cachin avait été social-patriote
en 14-18, avait même accepté des missions gouvernementales officieuses
en Italie et en Russie, pour entraîner l'une et maintenir l'autre dans
la guerre. il avait été depuis un stalinien zélé.
(6) Le 6 février 1934, une manifestation des < Ligues > fascistes
et fascisantes, ainsi que des organisations d'anciens combattants, avait marché
sur le Palais-Bourbon et provoqué des heurts très durs avec les
forces de police qui le défendaient.
(7) Anton A. MUSSERT (1894-1946) était le chef du mouvement national-socialiste
de Hollande qu'il avait fondé en 1931.
(8) Ici, Trotsky a biffé le passage suivant comme ce fut le cas en Italie,
en Allemagne et en Autriche > (N.d.T.).
(9) En anglais dans le texte.
(10) Le N.A.S. (Nationaal Arbeids-Secretariaat) était un syndicat indépendant
de la centrale réformiste, longtemps lié à l'Internationale
syndicale rouge, dont Sneevliet et ses camarades avaient conservé la
direction et qui constituait leur véritable base.
(11) Trotsky fait allusion ici à la France et à la conclusion
du Front populaire comprenant le parti socialiste, le parti communiste et le
parti radical et radical-socialiste.
(12) L'allusion est très précise. Trotsky connaissait et avait
annoté de sa main le procès-verbal de la réunion du S.L
du 12 juillet 1935 (Bibliothèque du Collège de Harvard, 16484)
qui avait discuté la question de l'attitude à prendre vis-à-vis
du Front populaire. Tandis que Jean Rous (Clart) et Erwin Wolf (Nicolle) soutenaient
tant bien que mal les analyses de Trotsky dans son livre Où va la France?,
les deux autres membres du secrétariat international, Alfonso Leonetti
(Martin) et Ruth Fischer (Dubois) affirmaient que cette analyse étaient
fausse, combat-taient le mot d'ordre < Les radicaux hors du Front populaire
> et préconisaient celui de Front populaire au pouvoir "
(13) PARABELLUM était le pseudonyme d'Isaac TCHÉRÉMINSKY,
alias Arkadi MASLOW (1891-1941), ancien dirigeant de la gauche du K.P.D. représentant
longtemps de son aile " zinoviéviste en même temps que Ruth
Fischer. Bien que cette dernière ait fait partie du S.I., ni l'un ni
l'autre n'avaient été acceptés dans la section allemande,
les I.K.D., et ils avaient fondé en septembre 1935 le groupe < Die
Internationale > dont ils étaient le centre et où ils développaient
sur le Front populaire la ligne défendue au S.I. par Ruth Fischer.