Débat militant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°22
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20
décembre 2002
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Sommaire : | ||||||||||
Une nouvelle force politique pour un plan d'urgence sociale et démocratique |
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Marie-George Buffet achève la mutation sans Robert Hue | ||||||||||
Attac : l'association altermondialiste marque le pas | ||||||||||
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Unité autour d'un plan d'urgence sociale et démocratique
C'est
une offensive tous azimuts qu'a ouvert le patronat largement relayé par
le gouvernement de plus en plus dominé par un Sarkozy qui, comme le note
la presse, " tire vers l'extrême-droite tout en paralysant la gauche
". Si, dans un premier temps, les attaques étaient sectorisées,
maintenant l'offensive se déploie plus largement : contre les indemnisations
des chômeurs (UNEDIC), pour faciliter les licenciements, supprimer la
gratuité des soins pour les plus démunis, contre les retraites,
privatisations annoncées, fermeture de Sangatte, expulsion des bidonvilles
et menace d'expulsions massives du territoire, arsenal répressif contre
les pauvres et contre les jeunes (des milieux populaires).
Cette offensive peut d'autant plus facilement se déployer qu'elle ne
rencontre aucune opposition même sur le terrain parlementaire sans parler
de l'organisation d'une riposte. Les organisations qui ont structuré
le mouvement ouvrier ces dernières décennies sont en dépôt
de bilan. La rupture du monde du travail avec un PS qui revendique sa gestion
" sociale " du libéralisme a été patente le 26
novembre quand les cheminots ont viré les anciens ministres de la manif.
Le PC apparaît aux yeux de ses militants comme incapable de tirer des
bilans et par conséquent de définir des perspectives alternatives
comme il le prétend. Les directions syndicales, les associations comme
le MRAP ou la Ligue des Droits de l'Homme commencent à faire la démonstration
de la logique de dialogue social dans laquelle elles sont engagées et
qui les amènent à justifier reniements et reculs qui risquent
sur la question des retraites, des indemnisations du chômage et des privatisations
de se transformer en trahison ouverte. Ce vide a inévitablement un effet
démoralisateur sur un certain nombre de travailleurs, de vieux militants,
de jeunes, qui se disent dégoûtés de la politique et qui
peuvent désespérer de l'utilité de s'organiser. Mais pour
d'autres militants ou pour ceux qui ne veulent pas abdiquer de leur révolte
sans se battre il y a une clarification : les défroques de l'ex-gauche
plurielle ne représentent pas un outil pour mener les combats qui sont
devant nous. Les succès certes relatifs des manifs des électriciens,
des enseignants et des cheminots élargies aux secteurs publics, comme
l'affluence dans les mobilisations internationales contre la mondialisation
libérale et ses conséquences guerrières, montrent que ce
sont des centaines de milliers de personnes qui cherchent les moyens de la riposte
avec une lucidité qui va en s'aiguisant.
Actualité
d'un plan d'urgence sociale et démocratique
L'idée d'un " tous ensemble " trotte dans bien des têtes
et des discussions, mais à la différence de 1995 il n'est pas
sûr qu'un secteur ou une revendication puissent fédérer
l'expression de la révolte. Nous sommes de plus en plus nombreux à
sentir qu'il faudra plus qu'une grève par procuration pour commencer
d'inverser un rapport de force qui s'est largement dégradé en
faveur du patronat pendant les 5 ans du gouvernement de la gauche plurielle.
Pour faire converger les revendications et les intérêts des différents
secteurs du mouvement ouvrier, il y a besoin d'un plan global. Plan qui ne va
pas émerger " spontanément " des mobilisations.
Les candidats d'extrême-gauche ont réuni 3 millions de votes aux
présidentielles en défendant un plan d'urgence sociale et démocratique,
principalement Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. L'actualité de
ce projet est plus tangible au vu des attaques du gouvernement Raffarin-Sarkozy,
la preuve en est que le PC depuis sa claque électorale n'a plus peur
de dire qu'il faut interdire les licenciements ou régulariser tous les
sans-papiers. L'extrême-gauche se trouve confrontée à deux
dérives possibles : ne pas prendre d'initiatives autour des revendications
du plan d'urgence en laissant les directions syndicales formuler les revendications
des mobilisations alors même que nous savons qu'elles ne sont pas prêtes
à les défendre jusqu'au bout ; ou dépecer les différentes
mesures d'urgence en les cantonnant à un terrain syndical même
lutte de classes. Le premier cas de figure reviendrait à transformer
le plan d'urgence en fonds de commerce électoral sans se donner les moyens
de permettre que les travailleurs s'en emparent, le deuxième le viderait
de son contenu politique.
La dynamique de ce plan d'urgence, c'est de devenir un instrument d'unification
des revendications et des mobilisations pour, dans le même temps, créer
le cadre qui permettra aux travailleurs entrant en lutte de s'organiser indépendamment
des directions syndicales au fur et à mesure des ruptures que leur politique
provoquera.
Une
nouvelle force pour les luttes
Celles et ceux qui partagent la volonté de défendre ce plan d'urgence
ont besoin d'un cadre dans lequel s'organiser pour échanger informations
et expériences, pour structurer, coordonner leur intervention, la rendre
efficace et capable de disputer la direction du mouvement aux centrales syndicales.
Les syndicats conservent des appareils et une certaine autorité fournie
par leur position de représentants " reconnus " du monde du
travail, c'est-à-dire de partenaires de l'Etat et du Medef, auprès
de tous ceux qui s'accrochent aux possibilités d'obtenir des concessions
pour améliorer un tant soi peu la vie des travailleurs ou qui recherchent
des protections contre la violence de la logique libérale. Pour ceux
qui ont perdu ces illusions ou qui ne veulent pas confier leurs intérêts
aux appareils, il y a besoin d'un nouveau cadre.
Il est de la responsabilité des organisations d'extrême-gauche
de faire tout ce qui dépend d'elles pour contribuer à l'émergence
de cette force nouvelle indispensable pour structurer les luttes. En effet,
elles sont aujourd'hui les seules forces existantes organisatrices dans une
situation de dissémination et d'isolement politique vécue par
de nombreux militants comme une faiblesse dramatique. Ces militants du PC ou
des Verts, syndicalistes, associatifs ou inorganisés qui n'ont aucune
confiance dans leur parti (ou ex-parti) ou leurs dirigeants syndicaux pour préparer
la contre-offensive regardent vers nous parce que malgré notre faiblesse
numérique nous sommes porteurs d'une cohérence politique qui n'existe
pas ailleurs, nous sommes seuls à avoir une présence militante
sur tous les terrains.
Cela ne suffit pas à faire disparaître les méfiances et
les divergences héritées de ces dernières décennies
(les séquelles des ravages du stalinisme et de la social-démocratie
perdurent), mais cela nous met en position d'être les seuls à pouvoir
prendre des initiatives pour impulser la création d'un cadre non seulement
de débat mais aussi d'action concrète. Comment allons nous préparer
la contre-offensive, créer les conditions pour que les militants isolés
dans leurs sections syndicales, leurs entreprises, et leurs régions mettent
en place des réseaux de circulation des informations, de discussions
et d'actions concertées ? Il faut de nouvelles réponses, il n'est
plus possible de s'en remettre aux organisations syndicales.
La nécessité, dans les semaines qui viennent, de prendre l'offensive
sur la question des retraites va se trouver au premier plan des préoccupations
de bien des militants et salariés. Vu le positionnement des syndicats
à EDF-GDF qui constitue un test sérieux et où la direction
fédérale CGT contre la base des syndiqués veut à
tout prix signer un recul, on a une avant-première de la dérobade
qui se prépare.
Les dirigeants syndicaux n'ont qu'une seule inquiétude, comment vont-
ils faire avaler cela aux travailleurs et à leurs militants ?
Dans ce contexte il serait déterminant que les militants d'extrême-gauche
unissent leur force pour tenter de proposer une alternative. Il faudrait que
la LCR et LO discutent d'une campagne pour préparer et organiser la mobilisation
autour des revendications simples et unificatrices : 37,5 annuités pour
tous, maintien des régimes spéciaux, l'égalité par
le haut, interdiction des licenciements entre autre des travailleurs les plus
âgés, augmentation et garantie du montant des pensions calculé
sur les 10 meilleures années et indexé sur l'évolution
du coût de la vie, le tout financé en prenant sur les profits des
entreprises et de leurs actionnaires.
Nous devrions unir nos forces pour exprimer ce que pensent des dizaines de milliers
de militants et des centaines de milliers de travailleurs du privé et
du public tout en montrant notre volonté d'unité pour aider à
la riposte. Il nous faudrait alors proposer des cadres de regroupement dans
lesquels nous pourrions discuter tous ensemble des étapes et des moyens
de la mobilisation. Ce cadre nouveau d'organisation de la lutte serait une première
structure militante commune dans laquelle viendrait bien évidemment en
débat toutes les autres questions qui sont à l'ordre du jour pour
chacun d'entre nous : les luttes contre les licenciements, contre les privatisations,
contre la baisse des indemnisations des chômeurs, la mobilisation pour
la régularisation des sans-papiers et l'égalité des droits
entre tous les salariés.
C'est dans ce cadre de luttes que nous serions amenés collectivement
à dépasser les clivages organisationnels en regroupant le plus
largement possible militants du PC, du PS ou des verts en rupture, des militants
syndicalistes dans la perspective d'uvrer à une riposte d'ensemble.
Nous marcherions ensemble pour assumer nos responsabilités nouvelles,
organiser, faire des propositions pour la lutte dans le cadre des organisations
syndicales, de comités locaux, des collectifs ou associations existants
C'est le défi qui nous est lancé. Nos divergences sont de peu
de poids au regard des intérêts en jeu.
Isabelle Cazaux
Marie-George Buffet achève la mutation sans Robert Hue
Robert Hue boit
la tasse. Marie-George Buffet est, elle, comme un poisson dans l'eau. La retraite
anticipée de l'artisan de la mutation du PCF " a libéré
la parole " des communistes répète-t-on place du Colonel
Fabien ; elle offre surtout l'occasion à la secrétaire nationale
d'une reprise en main de l'appareil à quelques mois d'un congrès
décisif.
Défait à la présidentielle, battu aux législatives
: Robert Hue personnifiait l'effondrement du parti. Son départ était
réclamé depuis le printemps par les opposants à la mutation
emmenés par Nicolas Marchand, l'ex-patron de la fédération
du Val-de-Marne dans laquelle Georges Marchais a prospéré ; en
préférant partir plutôt que d'être débarqué
en avril prochain, le président du PCF réduit les risques d'un
congrès exutoire, polarisé par les querelles de personnes. Car
l'annonce de la démission de Robert Hue a eu l'effet d'une bombe dans
le landerneau communiste. " C'est un événement sans précédent
depuis le congrès de Tours. C'est la première fois qu'un premier
dirigeant abandonne ses responsabilités en pleine crise ", commente
Pierre Zarka, l'ancien directeur de L'Humanité. Or ce rallié de
fraîche date aux refondateurs révèle tout le profit que
la direction compte en retirer : " Le départ des principaux dirigeants
de la gauche gouvernementale remet les compteurs à zéro. Tout
peut et doit aujourd'hui être repensé. "
Le retrait de Hue évitera-t-il que le 32e Congrès du PCF se transforme
en foire d'empoigne ? C'est probable. Et d'autant plus que l'équipe entourant
Marie-George Buffet ne ménage pas sa peine pour asseoir son autorité
sur un parti déboussolé depuis l'échec retentissant du
printemps.
Les apparences sont cependant trompeuses. La réunion du Conseil national
du PCF vendredi 13 décembre a été le théâtre
d'un vif échange entre le chef de file des contestataires, Nicolas Marchand,
et le bras droit de Marie-George Buffet, Patrice Cohen-Seat. " Liquidateur
! " " Il n'y a pas de sauveur suprême au parti. "
Leur explication, pourtant à huis clos, s'est répandue comme une
traînée de poudre. Les communistes s'empaillent, et le font savoir.
Des indiscrétions révèlent ainsi que la secrétaire
nationale du Parti communiste a dû monter au créneau pour couper
court à tous dérapages supplémentaires, adressant à
Nicolas Marchand " un rappel à l'ordre ". Elle a exigé,
publiquement cette fois, des débats " plus calmes "
et a fustigé les " luttes de clans ", trouvant là
une excellente occasion pour se placer au-dessus de la mêlée. Dans
une interview au Monde, donnée à l'issue des débats, elle
affiche même sa sérénité. " Vous me parlez
de cet incident, mais le conseil national s'est achevé par l'adoption
d'un texte [
] à l'unanimité moins une voix. Ce texte sera
envoyé aux communistes avec toutes les options alternatives. Je souhaitais
un débat transparent sur les idées mais sans esprit de clan. Tout
le monde a voulu sortir par le haut. Si l'on mène le débat comme
cela, il n'y aura pas de danger d'éclatement. "
Cette sérénité n'est pas entièrement feinte. Afficher
ses divisions est, en effet, le nouveau credo de la direction. " Si
Nicolas Marchand parle de texte liquidateur, au-delà de l'excès
de langage, cela rend clairs les termes du choix, défend Cohen-Seat.
Il faut faire émerger les arêtes. "
L'équipe
Buffet joue " cartes sur table "
Acculée par la crise multiforme qui touche le PCF, la direction et l'écrasante
majorité de l'appareil semblent décidées à aller
cette fois à la clarification, plutôt que de prolonger le clair
obscur qui a prévalu depuis 1994, obligeant ainsi tous les opposants
à exprimer leurs désaccords. Il n'est plus temps de repousser
la confrontation. L'équipe Buffet a donc pris les choses en main, et
ce dès le soir du 21 avril. " Quelques camarades parlent de Congrès
extraordinaire, de Conférence nationale
pourquoi pas ",
explique la secrétaire nationale le 29 avril lors de la deuxième
réunion du Conseil national en quinze jours où les amis de Hue
et les Refondateurs réclament pour les uns " un changement radical
de stratégie " et pour les autres " des États
généraux du communisme ". Le processus de discussion
est engagé, " sans tabou " insiste Buffet.
Une Conférence nationale est convoquée les 26 et 27 juin à
Gennevilliers. Elle arrête trois thèmes autour desquels la discussion
du prochain congrès doit être organisée : " les
résultats des élections de 2002 et la période qui s'ouvre
", " notre perspective de transformation de la société
et du monde " et " la question du parti communiste ".
L'objectif est de " créer les conditions d'un grand débat
qui tire les conséquences de l'insatisfaction qu'un grand nombre d'adhérent-e-s
a ressentie lors des précédents congrès ". D'avril
à septembre, la direction Buffet consigne l'ensemble des interventions
des militants - des cellules jusqu'aux fédérations -, Cohen-Seat
étant chargé de " restituer " - littéralement
- le ressenti qui s'exprime à la base. " L'existence même
du parti paraît en jeu à beaucoup, résume-t-il devant le
CN du 29 avril. Et monte pour cette raison le sentiment que trouver aujourd'hui
'ce qui n'a pas marché' est vital ; qu'il faut identifier et redresser
nos erreurs ; qu'il faut donc tout mettre sur la table, même ce qui est
le plus dérangeant ; qu'aucune question ne doit être tabou.
"
Et pour que personne ne loupe l'essentiel, le CN des 28 et 29 septembre qui
a convoqué le 32e Congrès du 3 au 6 avril 2003 à également
mandaté une " Commission de la transparence des débats "
composée de 53 membres représentants l'ensemble des sensibilités
du Conseil national - encadrée par Francis Wurtz et l'incontournable
Patrice Cohen-Seat. À cette première étape de la discussion,
la mission de cette commission est de rédiger une courte synthèse
des débats qui agitent les communistes " indiquant aussi bien
le tronc commun à la grande majorité des communistes que les points
sensibles sur lesquels il y aura à trancher d'ici avril ". Ce
document - intitulé " Cartes sur table ! " - a été
rendu public le 30 octobre dernier (1). Les principaux dirigeants du PCF ont
également joué le jeu, 81 contributions émanant des rangs
des partisans comme des adversaires de la mutation - à l'exception notable
des " orthodoxes " regroupés derrière Georges Hage -
ont ainsi alimenté la rédaction de " Cartes sur table ! ".
Les communistes avaient jusqu'au 5 décembre pour faire connaître
à la Commission de la transparence leurs commentaires sur ce texte censé
déboucher sur " un avant-projet de base commune ".
La démarche est inédite, et nullement innocente. " La
conviction qui est à la base de cette démarche neuve est que c'est
d'une confrontation claire entre les différentes opinions en présence
que peuvent émerger les convergences souhaitables ", résume
Francis Wurtz. En réalité, sous couvert d'ouverture et de transparence,
Buffet et ses proches ont encadré de bout en bout la discussion, poussant
chacun, avant même que la direction sortante ne s'explique, à se
positionner ou
à se taire ! On pourrait évoquer les multiples
réunions nationales - conférences et rencontres diverses - que
l'équipe dirigeante a contrôlées dans le moindre détail
et qui lui ont ainsi permis de jauger la base et d'avancer ses cartes, sans
jamais dévoiler son jeu, à l'inverse de ses contradicteurs qu'elle
se charge désormais d'isoler.
Les intentions véritables de Marie-George Buffet n'ont d'ailleurs pas
complètement échappé aux intéressés. La ficelle
était tellement grosse que Wurtz et Cohen-Seat ont même été
contraints de rédiger in extremis une deuxième mouture de "
Cartes sur table ! ", dix jours avant le CN appelé à la ratifier.
Les membres de la commission reprochaient en effet à la première
version du document - un texte devant, soi-disant, intégrer tous les
points de vue ! - de valoriser systématiquement les réflexions
allant dans le sens de l'orientation que la direction entendait proposer. Les
partisans de Nicolas Marchand ont claqué la porte d'une ultime réunion
de la commission avant le CN, laissant entre eux les promoteurs de la mutation
définitive du PCF : les amis de Marie-George Buffet, Robert Hue et Roger
Martelli. Et l'avant-projet de base commune affiche clairement leur volonté
commune de pousser jusqu'au bout l'entreprise conduite par le parti depuis 1994
; la rupture consommée avec " l'aile dure " va de pair avec
l'objectif fixé majoritairement par l'appareil d'une rupture définitive
avec le passé. Buffet ne cesse de le répéter : " toute
tentative de retour en arrière serait une reculade suicidaire ".
Des
refondateurs en pôle
position
" Il y a désormais une alliance évidente entre Marie-George
Buffet et les refondateurs ", s'inquiétait Nicolas Marchand
lors du vote par le CN le 13 décembre du projet de base commune. "
Notre sensibilité s'y retrouve un peu ", confessait de son
côté le refondateur Alain Bertho. Les positions s'éclairent
en effet. L'avant-projet se découpe en trois grands chapitres, le premier
porte sur " Les résultats des élections 2002 et la période
dans laquelle nous sommes entrés ", le second traite de la "
perspective de transformation de la société et du monde "
et, enfin, le troisième aborde " La question du Parti communiste
" (2). D'entrée des barrières bornent le cadre au delà
duquel toute critique serait assimilée à du sectarisme. "
Il nous faut [
] procéder à une évaluation rigoureuse
de la 'mutation' telle que nous l'avons fait vivre, tout en excluant tout retour
en arrière, toute tentative d'étroitesse ou de repli. Le bilan
de notre participation au gouvernement, dans ce contexte, doit être dressé
dans le même esprit. "
Partant, il ne s'agit nullement d'interroger la politique des ministres et députés
communistes, ni de discuter évidemment de l'accompagnement des mesures
de régressions sociales mises en place par l'équipe Jospin à
laquelle Marie-George Buffet a collaboré pendant cinq années.
La base commune préfère incriminer Chirac et la dissolution. Elle
" ne nous a pas permis de développer notre initiative de 'forums'
à gauche " déplore le texte. Mais l'essentiel est ailleurs
: " surtout, nous n'avions pas poussé à fond l'analyse
de notre précédente participation au gouvernement, de 1981 à
1984, et nous ne disposions et ne disposons pas d'une conception communiste
d'aujourd'hui de l'exercice de responsabilités au sein d'un gouvernement
et d'une majorité parlementaire. " En clair, tout est de la
faute de Georges Marchais et de la direction du PCF du début des années
80. La prochaine fois, c'est juré, ils feront mieux !
La base commune réaffirme que la mutation " était et reste
absolument vitale ". Mais, selon le texte, il convient de ne pas s'en
tenir à la " forme " ; il faut désormais aller au "
fond " des choses. Elliptique, le document évoque des " réorientations
nécessaires pour faire vivre dans les conditions d'aujourd'hui les valeurs
forgées dans le combat mené, depuis des décennies, pour
la libération et l'émancipation humaines ; et pour nous assurer
de la mise en uvre effective de nos orientations, de nos choix stratégiques
ou nos décisions relatives à la vie et au fonctionnement de notre
Parti. " De quoi s'agit-il ? Le texte égraine alors les différents
champs des interventions dans lesquelles les communistes sont invités
à s'impliquer dorénavant, reprenant ainsi à son compte
une idée-force des refondateurs sur la nécessité impérieuse
pour le PCF de se fondre dans le mouvement social. Le " parti de la classe
ouvrière " doit muer en parti des nouvelles radicalités,
s'ouvrant aux altermondialistes, aux écologistes, etc.
Cette orientation et ses conséquences deviennent nettement plus lisibles
dans la section IX - section où les idées développées
par Roger Martelli figurent en bonne place : " Comment, avec qui entendons-nous
possible de transformer aujourd'hui la société, le monde ? Quelle
stratégie pour permettre à ce rassemblement de devenir majoritaire
? " Une réévaluation du mouvement social est le point
de départ de la réponse. " Il faut dépasser résolument
d'une part toute idée de rapports hiérarchiques entre le 'mouvement
social' et les partis ; d'autre part, toute prétention à un quelconque
monopole de l'initiative politique. " Ainsi, " le rôle
d'un parti comme le nôtre, dans ce contexte, est à bien des égards
nouveau. Non pas 'en surplomb', mais au sein même du " mouvement
social ", et dans le plein respect de l'identité et l'autonomie
de ses acteurs. " Le PCF affiche ses priorités : le G8 d'Évian
et le FSE à Saint-Denis.
Sur la base de cette insertion dans les nouveaux terrains et nouvelles couches
militantes, le Parti communiste entend nouer un " large débat
avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent des transformations profondes
de la société " visant à poser les jalons d'échéances
politiques communes, " y compris les échéances électorales
" est-il précisé. Les prochaines régionales et européennes
de 2004 sont pointées explicitement. Ce projet ne vise pas d'abord les
partis, mais ne les écarte jamais. Les refondateurs militent depuis longtemps
pour des " listes citoyennes ", pouvant même intégrer
la LCR. Un proche de Marie-George Buffet évoque d'ailleurs de possibles
" rassemblements à géométrie variable ".
Cette orientation trahit l'ambition d'une récupération du regain
de combativité qui s'exprime depuis 1995 et qui nourrit le renouveau
de l'extrême-gauche aux profits du PCF et de ses objectifs, nullement
la volonté d'une alliance avec l'extrême-gauche comme on le dit
parfois. Cette perspective est même peu crédible. Le PCF entend
" créer les conditions d'une nouvelle construction politique
à gauche, en faisant reculer l'emprise des idées sociales-libérales
et progresser la visée d'une alternative réelle, répondant
aux aspirations populaires. Ce faisant, nous ferons vivre une identité
communiste moderne et un parti réellement autonome, tant vis à
vis de la social-démocratie que de l'extrême-gauche. "
Le jugement de Cohen-Seat est autrement plus définitif : " un
pôle d'extrême-gauche [
] serait une façon - suicidaire
- de signifier le renoncement à une alternative politique. "
Même le pôle de radicalité théorisé par Roger
Martelli s'adresse moins aux formations d'extrême-gauche qu'à leurs
militants, moins les révolutionnaires que les " radicaux "
(3). Et Martelli n'est guère plus aimable à notre endroit : "
rassembler l'espace de la radicalité nécessite un débat
idéologique sans concession avec l'extrême-gauche, avec ses conceptions
restrictives, sectaires et, au bout du compte, improductives. " (4)
Ce que les uns et les autres expriment au fond, c'est l'impossibilité
d'achever la social-démocratisation du PCF, de tracer les perspectives
du retour aux affaires avec le PS et se tourner dans le même mouvement
vers les courants révolutionnaires. " Dans ce processus, si les
conditions en sont créées, le Parti communiste a vocation à
participer à une majorité, à un exécutif, à
un gouvernement. " Personne n'a intérêt - et d'abord parmi
l'extrême-gauche - a servir de marchepied à un parti qui n'a d'autre
prétention que de revenir aux affaires et recommencer une politique qui
a échoué.
Afficher ses
divisions pour isoler les diviseurs
La chasse aux oppositionnels est ouverte place du Colonel Fabien. Jean-Jacques
Karman le chef de file de la Gauche communiste frôlait l'exclusion de
la Fédération de Seine-Saint-Denis du PCF, il y a seulement quelques
semaines. Aujourd'hui les réfractaires à la mutation conduits
par Marchand sont mis à l'index. Francis Wurtz dans son rapport au CN
du 13 décembre n'a pas caché l'irritation de l'équipe Buffet
: " Nous ne voulons pas, a-t-il précisé, établir
de clivages qui figent les positions, stérilisent la réflexion
et appauvrissent le contenu des débats. Notre ambition n'est pas de 'nous
compter', chapelle par chapelle, mais de construire du commun, à partir
de tous les apports compatibles, en apprenant à s'écouter, à
s'entendre, à bouger, dans la transparence des positions et la clarté
des enjeux. " Wurtz a condamné clairement le choix de Caty Apourceau,
Joël Carliez, Yves Dimicoli et Nicolas Marchand d'opposer systématiquement
leurs " options " à celles de la direction, comme les statuts
votés au dernier congrès le leur permet. Ce faisant inquisiteur,
le dirigeant a sommé " les quatre auteurs collectifs "
de justifier leurs désaccords, comme si ceux-ci ne l'étaient déjà
pas ; et en même temps, la direction s'est moquée de leur "
série d'options excessivement longues ". Tout change au PCF
mais rien ne change !
La mise en demeure de Marchand et des siens est significative des évolutions
que cherche à imposer la majorité de l'appareil au 32e Congrès.
Car les " options " de Marchand n'ont rien de révolutionnaire,
vraiment rien. Ils reprennent au contraire l'orientation que les militants du
PCF ont pendant des décennies approuvé congrès après
congrès. Comme au temps de Maurice Thorez, Waldeck Rochet ou Georges
Marchais, ils dénoncent " la démagogie des formations
d'extrême-gauche " et " l'anti-libéralisme simpliste
et populiste d'extrême-gauche ". À la manière des
années 50, ils magnifient le rôle du parti de la classe "
pleinement autonome, en toutes circonstances ". À aucun moment,
il ne s'agit de remettre en question la stratégie réformiste qui
a conduit à la participation du PCF au gouvernement Jospin, juste "
de promouvoir des solutions de dépassement graduel et effectif des
marchés en liaison avec les luttes immédiates " selon
la recette arrêtée dans les années 30 par des partis communistes
ralliant le camp de la bourgeoisie. Marchand et Dimicoli sont tournés
vers le passé, entièrement prisonniers de l'histoire du stalinisme.
Mais c'est déjà trop pour Buffet, Hue et consort.
En l'espace de quelques semaines, Marchand et les siens ont reçu l'appellation
d' " orthodoxes ". Cette soudaine médiatisation renvoie à
l'effacement de ceux qui, jusque-là, occupait le devant de la scène,
les Hage, les Guérin, et autres Karman. Ceux-ci n'ont pas entièrement
disparu. Les fédérations de la Somme ou du Pas-de-Calais notamment
demeurent des bastions oppositionnels, et renforceront les rangs des troupes
du Val-de-marne acquises à Marchand. Mais, après 5 années
de gauche gouvernementale, non seulement les réseaux contestataires restent
divisés, incapables de dépasser l'histoire mythique du PCF de
Thorez et Duclos ; mais leurs rangs sont chaque jour un peu plus clairsemés.
La rencontre de Vénissieux le 7 décembre dernier à l'appel
du député André Guérin n'a pas rassemblé
200 militants. Et les présents n'ont même été capables
d'adopter la maigre résolution qu'ils se proposaient de discuter.
La crise du PCF est arrivée a son stade terminal. L'extrême-gauche
est l'unique perspective pour de nombreux militants lutte de classe encore au
PCF ou qui l'ont déjà quitté. Savoir ouvrir une nouvelle
perspective pour eux : c'est un des défis principaux devant nous.
Serge Godard
(1) CommunisteS,
n°62, supplément à L'Humanité du 30 octobre 2002.
(2) CommunisteS, n°69, supplément à L'Humanité du 18
décembre 2002.
(3) Cf. Débat militant, n°16, jeudi 11 juillet 2002.
(4) On peut lire en ligne l'intégralité de l'intervention de Roger
Martelli au CN des 16 et 17 novembre 2002 : <http://www.valdemarne.pcf.fr/documents/document.phtml?iddoc=242>.
Attac : l'association altermondialiste marque le pas
Attac à
son Zénith ? Telle était la question posée en janvier dernier
lors de la présentation du manifeste 2002 " Avec Attac se réapproprier
l'avenir " devant 6 000 militants enthousiastes au Zénith à
Paris (1). L'année 2002 aura répondu par l'affirmative. Bernard
Cassen entendait insérer l'association altermondialiste dans le débat
public à la veille des échéances électorales, mais
sans chercher évidemment à discuter du bilan de la gauche gouvernementale
- indépendance oblige ! Cette démarche soulignait déjà
" le fossé grandissant entre les objectifs de l'association et les
aspirations de ceux qui, en son sein, se transforment, et se radicalisent ".
Depuis le 19 janvier, ce fossé n'a cessé de se creuser.
Le rapport d'activité du Conseil d'administration présenté
à La Rochelle lors de l'Assemblée générale annuelle
fin novembre exprime, certes dans des termes feutrés, cet essoufflement.
Le document de Pierre Tartakowsky soumis au vote des adhérents tire un
bilan tout en nuance. Le constat y est bien moins exaltant qu'en 2001. En effet,
lors de l'Assemblé générale de Tours, le rapport du CA
analysait Attac comme porteuse d'une " contradiction dynamique ",
en raison de sa jeunesse, de sa récente création et du poids de
l'expérience acquise. La vague d'adhésion était encore
au rendez-vous : près de 28 000 en 2001 contre moins de 22 000 un an
auparavant. Aujourd'hui, les effectifs voisinent les 28 000 ; mais derrière
cette stabilité apparente se cache un taux de renouvellement d'un peu
plus de 60 % : l'association compte 9 000 nouveaux adhérents en 2002
précise le nouveau président Jacques Nikonoff, une autre façon
de dire que 9 000 n'ont pas repris leur carte.
La situation d'Attac est paradoxale : après le premier forum social européen
à Florence et à la veille d'échéances aussi centrales
pour le mouvement dit altermondialiste en France que le G8 à Evian ou
le deuxième forum social européen à Saint-Denis, l'association
ne semble pas mobilisée. Attac se présente depuis sa création
en 1998 comme un mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action,
mais les comités locaux apparaissent de moins en moins tournés
vers l'extérieur. Tartakowsky concède dans son rapport que "
l'année écoulée marque une étape dans la stabilité
de cette identité et de nos champs d'intervention. "
En réalité, au cours des deux dernières années,
Attac a considérablement élargi ses terrains d'intervention. Elle
s'est voulue beaucoup plus généraliste, cherchant des réponses
globales à des questions liées entre elles. La lutte pour la taxe
Tobin, contre les paradis fiscaux ou les OGM a cédé le pas à
une recherche d'explications et des réponses tous azimuts à l'offensive
libérale : le programme de refondation sociale du MEDEF, le démantèlement
des services publics, la politique sécuritaire et la tolérance
zéro, comme la guerre en Irak en font partie. Une telle généralisation
des questions pourrait faire apparaître Attac de plus en plus comme un
parti politique. Mais, la direction rappelle qu' " Attac n'a pas vocation
à devenir un parti politique supplémentaire ou à renier
ses pratiques sociales. " Et Pierre Tartakowsky de répéter
dans un exercice de style relevant de la méthode Coué : "
Nous restons en effet ancrés dans notre activité d'éducation
populaire ".
L'effet Attac est-il à bout de souffle ? De nombreux signes semblent
l'indiquer. L'assemblée générale annuelle fin novembre
n'aura rassemblé que 900 personnes alors que les organisateurs attendaient
entre 1000 et 1500 personnes. Le succès en 2001 de la journée
de débats de rentrée d'Attac Île-de-France ne s'est pas
répété cette année : la moitié seulement
des 300 personnes espérées y ont assisté. Et, la mobilisation
pour le soutien à José Bové n'a guère été
renforcée par les milliers d'adhérents à Attac. En cherchant
à relancer la campagne sur l'AGCS (Accord généralisé
sur le commerce des services) et la défense des services publics, Attac
s'efforce de surmonter les " sérieuses difficultés à
construire des campagnes nationales, tenues dans le temps et visibles au plan
national, en mesure de peser concrètement sur les décideurs politiques
et/ou économiques, de déboucher sur des avancées concrètes
" soulignées par le rapport d'activité de 2002.
Pourtant, la faiblesse de l'apparition d'Attac dans les dernières manifestations
pour la défense des services publics (électricité, transports,
éducation) à Paris le 3 octobre, le 26 novembre et le 8 décembre,
témoigne de la dévitalisation des comités locaux. Les difficultés
financières dans lesquelles se débat Attac expriment également
que la dynamique est derrière nous, les militants rechignant de plus
en plus à mettre la main à la poche surtout quand la méthode
utilisée pour financer l'association s'apparente davantage aux procédés
marketing de l'entreprise qu'à un acte militant de solidarité.
Ainsi, dernièrement, l'ensemble des adhérents a reçu un
agenda en cadeau, accompagné d'une lettre les incitant à payer
l'agenda et si possible au-delà !
Les militants ont apprécié le procédé
Le positionnement d'Attac pendant les campagnes et notamment la campagne présidentielle
a marqué une étape dans la vie de l'association et dans ses moyens
d'action. Son ambition était d'être au cur du débat
électoral, de créer la surprise en étant " ce mouvement
qui déplace les lignes ". En réalité, Attac n'aura
jamais été si peu visible que dans cette période. Si le
rapport d'activité affiche un bilan positif du rassemblement au Zénith
de janvier 2002, il souligne néanmoins que " l'initiative a trouvé
ses limites dans le temps, et notre visibilité dans la campagne proprement
dite a été faible. "
La raison tient à ce que le monopole de l'antilibéralisme et de
l'anticapitalisme détenu par Attac a été contesté
par la présence de l'extrême-gauche aux élections. Il est
significatif qu'un grand nombre de militants d'Attac aient voté principalement
pour Olivier Besancenot mais aussi pour Arlette Laguiller. L'affirmation d'une
claire politique anticapitaliste suscite une réelle sympathie pour l'extrême-gauche
dans Attac. Les révolutionnaires sont venus mordre sur l'espace politique
précédemment occupé par Attac, la privant d'une partie
de l'assiduité des plus radicaux dans l'association. Cet élément
vient affaiblir le rôle attribué à Attac : être une
réponse politique même partielle aux luttes de 1995.
Entre une identification forte au mouvement social et une aspiration à
une généralisation politique, Attac se cherche. Le nouveau président
d'Attac a tenu, dans son discours de clôture (2), à relancer l'activité
quotidienne de l'association et à satisfaire la partie la plus active
de l'association en rappelant la place centrale des comités locaux et
la nécessité de se tourner davantage vers les entreprises : "
Les comités locaux [
] sont les seuls moyens d'organiser les mobilisations
de masse que nous recherchons. Il nous faut continuer, généraliser,
élargir, étendre, rendre régulière notre présence
à la porte des usines et des bureaux, dans les lycées, les universités,
sur les marchés, dans les gares ou les métros. " Il a mis
l'accent sur le lien avec le mouvement social, réaffirmé son soutien
aux militants condamnés et l'opposition d'Attac à la guerre en
Irak. Surtout, il a épinglé la gauche plurielle, en particulier
la politique de privatisations de Jospin et Gayssot, se dégageant ainsi
plus aisément de ses oripeaux d'ancien membre du collège exécutif
du PCF dont il a claqué la porte en 2001.
Un discours n'y suffira pas.
Le nouveau président reprend les traits de la direction antérieure
en les renforçant. Bernard Cassen ne s'y est d'ailleurs pas trompé
et a ainsi déclaré : " Nikonoff sera comme moi. " Ancien
élève de l'ENA et de Sciences-Po, administrateur civil à
la Caisse des dépôts et consignations entre 1989 et 1992, Jacques
Nikonoff se défait difficilement de son image d'homme d'appareil et de
gestionnaire. Sa désignation contre toute attente en mai souligne le
mouvement à l'uvre dans Attac : ce ne sont pas les militants mais
des hommes d'appareil qui se recyclent dans l'altermondialisation, après
avoir quitté la gauche en ruine sans tirer de réel bilan et prêt
à recommencer. Les militants en tirent aussi les conséquences.
Le risque pour Attac est que la crise qui couve la conduise à refaire
ce qui n'a pas marché et à se rallier à une gauche qui
tente de se refaire. Au PS ou au PCF notamment, le combat antimondialisation
apparaît comme une planche de salut. Une frange de l'association peut
être tentée par l'aventure. Le gros des troupes a d'autres aspirations.
Si, l'extrême-gauche a pu se faire l'écho de cette radicalité,
c'est que le terrain est propice aux clarifications et aux idées révolutionnaires.
L'heure est aux initiatives pour construire les mobilisations contre le G8 et
autour du FSE de Saint-Denis mais aussi sur les retraites et pour contrer l'offensive
du gouvernement et du patronat. Elles seront un test important, pour Attac et
pour l'extrême gauche.
Fabienne Autan
(1) Cf. Débat
militant, n°6, dimanche 10 février 2002.
(2) Le discours de clôture est en ligne sur le site d'Attac : <http://france.attac.org/site/page.php?idpage=1856&langue>