Débat militant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°26
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12
mars 2003
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Sommaire : | ||||||||||
Gouverner sans prendre le pouvoir ? Les révolutionnaires, l'État et la révolution | ||||||||||
Notes de lecture : | ||||||||||
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"Nous avons
constaté une authentique unité nationale pour la paix",
s'est réjoui Balladur à l'issue d'une réunion d'information
organisée par Matignon avec l'ensemble des groupes parlementaires le
lendemain de l'intervention télévisée de Chirac.
C'est en effet peu dire que les dirigeants de la gauche parlementaire ont approuvé
le discours de Chirac. Ils se sont répandus en déclarations toutes
aussi patriotiques et serviles les unes que les autres. Du " je suis
fier de la France " de Bocquet pour le PC, à l'assurance, donnée
par le président du groupe des députés socialistes, Ayrault,
que Chirac " a été le porte-parole de tout un pays qui
refuse le recours à la guerre préventive ", les dirigeants
du PS et du PC ont trouvé là l'occasion de justifier le soutien
qu'ils avaient apporté à Chirac lors du deuxième tour de
la Présidentielle.
Après avoir été érigé en rempart contre l'extrême
droite, Chirac se voit maintenant élevé au rang de combattant
contre la guerre américaine en Irak. Lors de son intervention télévisée,
lundi soir, il s'est dit prêt à se rendre lui-même à
New-York, pour éventuellement, opposer le " non " de la France
à la résolution que pourraient présenter à l'ONU
les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Un homme de la paix, Chirac ? Allons donc, il a été parfaitement
clair à ce sujet lundi soir : " Les Américains sont nos
alliés. Nous ne sommes pas d'accord avec eux sur une guerre immédiate
dans cette région du monde, en Iraq, cela ne veut pas dire que nous ne
sommes pas des alliés. Si les Américains ont besoin de survoler
notre territoire, il va de soi qu'entre alliés ce sont des choses qui
se font. " Comme il l'avait déjà indiqué dans
une interview à un journal américain, il s'est félicité
du déploiement de l'armada rassemblée par les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne, aux frontières de l'Irak. " Il est hautement
probable que, si les Américains et les Anglais n'avaient pas déployé
ces forces, aussi importantes l'Iraq n'aurait pas donné cette coopération
plus active qu'exigeaient les inspecteurs, qu'ils ont constatée et que,
probablement, elle a été obtenue à cause de cette pression.
"
Chirac n'est pas " pacifiste ", et il ne cesse de le rappeler. Les
dirigeants du PS ne le sont pas non plus, comme l'avait bien indiqué
Hollande, lors du débat à l'Assemblée nationale sur la
question irakienne le 26 février dernier. Il avait alors justifié
toutes les guerres auxquelles l'Etat français avait apporté sa
participation ou son soutien, de la première guerre du Golfe en 1991
à celle contre l'Afghanistan l'an dernier, en passant par celle du Kosovo
en 1999. Il y a bel et bien un accord sur le fond entre Chirac et les dirigeants
de la gauche parlementaire, qui se retrouvent dans la " lutte contre le
terrorisme " et la même volonté de " désarmer
l'Irak ".
En apportant leur soutien à Chirac sur la question irakienne, le PS,
le PC et les Verts lui offrent une nouvelle occasion de s'élever au-dessus
des clivages traditionnels et de pouvoir prétendre incarner la volonté
de la population, autant d'atouts que Chirac et Raffarin vont utiliser contre
le monde du travail pour faire passer leurs mauvais coups.
De nouveaux plans de licenciements sont annoncés tous les jours et le
gouvernement lui-même a été contraint de revoir à
la baisse ses prévisions de croissance économique. Raffarin, le
28 février dernier, à Rouen, a clairement annoncé que la
réduction obligée des dépenses publiques passe par la réduction
des effectifs de la Fonction publique, assimilée à une bureaucratie
pesante, inefficace et dispendieuse. Les fonctionnaires partant à la
retraite ne seront pas tous remplacés et les attaques contre la Fonction
publique vont s'accélérer par le biais de la décentralisation.
Voilà qui s'ajoute à l'offensive déjà engagée
sur la question des retraites, à propos de laquelle, quoique feignent
encore de l'ignorer les directions syndicales, le gouvernement a précisé
clairement ses intentions.
Une nouvelle dégringolade des marchés financiers, la publication
par les grandes entreprises, de pertes colossales, après celle de monceaux
de dettes, ont donné un coup d'accélérateur à la
crise désormais mondiale de l'économie, qui plonge dans la récession.
Partout, et dans tous les secteurs, les trusts se sont engagés dans un
violent mouvement de restructurations, qui vise à faire payer aux salariés
l'assainissement de leurs comptes, la limitation de leurs pertes, le maintien
de leurs profits, et à se préparer pour une nouvelle foire d'empoigne
à l'échelle internationale.
Cyniquement, le gouvernement utilise la situation internationale pour accentuer
son offensive contre les salariés. Il compte bien sûr sur la démoralisation
que peut entraîner la vague de licenciements, l'inquiétude suscitée
par le sentiment, tout à fait justifié, qu'avec la guerre contre
l'Irak, le monde est en train de basculer vers un avenir de chaos et de barbarie.
Mais surtout, il met à profit le soutien sans faille que les partis de
gauche lui apportent sur la question irakienne.
" Certains peuvent se dire que manifester deux fois de suite son soutien
à Chirac, c'est un peu lourd à digérer, mais la situation
est trop grave pour faire des calculs ", avait déclaré,
en guise de justification, lors du débat parlementaire du 26 février,
le responsable au PS des questions internationales, Passerieux. Il y a aura
d'autres " occasions de s'opposer à Chirac, à sa politique
inexistante et à sa politique sociale régressive ".
Si l'occasion n'est pas déjà là, on se demande quand elle
le sera. Face à l'offensive menée par le patronat et le gouvernement
contre le monde du travail, " l'opposition " est toujours aussi silencieuse,
car elle n'a, sur le fond, pas d'autre politique à proposer sur les questions
sociales que celle qu'elle a mise en uvre lorsqu'elle était au
pouvoir, que celle exigée par la bourgeoisie.
Même silence et même inertie des directions syndicales qui évitent,
autant que faire se peut, toute initiative qui permettrait que les luttes qui
se multiplient dans nombre de secteurs ou d'entreprises et le mécontentement
général puissent se conjuguer pour déboucher sur un mouvement
d'ensemble du monde du travail.
Il est d'autant plus important que les révolutionnaires offrent à
tous ceux qui ne se laissent pas anesthésier par le climat d'union sacrée
créé par les partis de la gauche parlementaire derrière
Chirac la possibilité de se rassembler dans une unité pour la
lutte.
Galia Trépère
Gouverner sans prendre le pouvoir ? les révolutionnaires, l'Etat et la révolution
" Participer
ou non au gouvernement ? Débat abstrait ! ", assurait Olivier
Besancenot dans Le Monde, le 25 septembre 2002. En effet, si les résultats
réalisés par l'extrême gauche à la Présidentielle
et aux Législatives témoignent du renouveau des idées révolutionnaires
qui s'affirment depuis le milieu des années 90 et de l'audience croissante
des organisations s'en réclamant, ils n'ouvrent pas, pour autant, les
portes du pouvoir !
Le renforcement des rangs révolutionnaires offre dorénavant la
possibilité de contester aux réformistes la direction du mouvement
ouvrier, et on voit, de plus en plus, en pointe, dans les grèves, dans
les manifestations, des travailleurs et des jeunes reprenant les mesures d'urgences
sociales et démocratiques avancées par les organisations trotskystes.
L'émergence d'une extrême gauche militante et populaire est une
des conditions à la sortie de la crise de représentation du monde
du travail ; mais elle ne pourrait peser sans une convergence des luttes, un
mouvement d'ensemble, sans des victoires contre les attaques qui fusent.
Les révolutionnaires sont évidemment candidats au pouvoir, mais
au pouvoir du monde du travail. Est-il besoin de le dire : la question d'une
révolution ne se pose pas à brève échéance.
Combler l'écart entre les responsabilités nouvelles qui incombent
désormais à l'extrême gauche dans les luttes et le mouvement
social et ses moyens politiques, organisationnels et militants pour y faire
face aujourd'hui : c'est actuellement la principale question posée à
la LCR comme à LO et, au delà, à tous ceux qui entendent
inverser réellement le rapport de force entre capital et travail.
Et de ce point de vue, la question de la participation au gouvernement n'est
pas si abstraite que cela ; elle définit une orientation politique et
trace une ligne de démarcation.
Un
débat de moins en moins abstrait
Dans sa tribune au Monde, Olivier Besancenot s'est pourtant employé à
répondre. " Le problème est de savoir quelle politique
on y mène, indiquait-il. Nous refusons de soutenir un gouvernement,
même de gauche, lorsqu'il fait une politique de droite. Mais nous sommes
nombreux à souhaiter un gouvernement de rupture avec le capitalisme,
enfin aussi fidèle à la défense de nos vies que la droite
à la défense des profits, mettant en uvre les exigences
portées par les mobilisations populaires ! " Le 19 décembre
2002, dans Politis, notre camarade abordait de nouveau la question :
" Répondons donc sans détours ! Il est légitime
de vouloir traduire en actes gouvernementaux les aspirations du mouvement social.
Nous avons certes combattu la gauche plurielle et ne saurions participer à
des gouvernements d'union de la gauche qui géreraient le système
économique et les institutions actuelles. Mais nous sommes, au contraire,
candidats à une transformation radicale de la société.
Et disponibles pour un gouvernement du monde du travail, appuyé sur les
mobilisations sociales, appliquant un programme anticapitaliste, ouvrant la
voie à un socialisme démocratique. " Le 8 janvier 2003,
dans Libération, il réaffirme que " contrairement
aux accusations répétées, la LCR est bien candidate à
exercer des responsabilités au sein d'un gouvernement de transformation
radicale de la société qui appliquerait effectivement un programme
de rupture anticapitaliste. "
L'insistance des journalistes à revenir sur cette question lui donne
de fait un caractère politique très concret.
Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, l' " inventeur "
de la " gauche plurielle " ne s'y est pas trompé. Celui-ci
dénonce depuis le 21 avril les partisans d'Olivier Besancenot et d'Arlette
Laguiller, la " gauche protestataire ". Il accuse principalement la
LCR de refuser " de mettre les mains dans le cambouis ". La
participation au Brésil de Miguel Rosseto, membre de Démocratie
socialiste, un courant du Parti des travailleurs lié à la Quatrième
internationale, au gouvernement de Luiz Inacio " Lula " da Silva a
relancé la polémique en janvier. D'abstrait, le débat devient
plus concret. " Le cas Lula porte une interrogation pour toute la gauche
et notamment pour l'extrême gauche ", se réjouit Cambadélis.
" Comment peut-on dire, pas de participation au gouvernement, sauf si
celui-ci adopte un programme de rupture anticapitaliste, en France, comme l'a
fait Olivier Besancenot [
], et le faire au Brésil ? ",
interroge-t-il. Et le député de Paris ne manque pas de rappeler
que, transposée à l'hexagone, l'équipe Lula irait des sociaux-libéraux
à
la LCR. Certes, le Brésil n'est pas la France, le PT pas
le PS. En revanche, là-bas où ici, une politique social-libérale
est une politique social-libérale. Et les dispositions anti-ouvrières
arrêtées par le gouvernement pétiste sur les retraites et
les salaires ne vont pas stopper mais alimenter au contraire le débat.
Et le pire est encore à venir : " Je n'hésiterai pas,
si nécessaire, à monter la société contre les fonctionnaires
", a prévenu Lula fin février.
Pour ne pas se laisser prendre au piège d'un " débat abstrait
", les révolutionnaires ont besoin d'une politique claire, en accord
avec les fondements programmatiques de notre courant.
de plus
en plus de portée stratégique
Le débat sur le gouvernement ouvrier (ou gouvernement ouvrier et paysan)
n'est pas nouveau. Il a traversé, au début du siècle précédent,
les polémiques, souvent âpres, entre Lénine et Trotsky sur
la nature de la révolution russe à venir : démocratique
bourgeoise ou ouvrière. Février et Octobre 1917 ont clarifié
la discussion. L'Internationale communiste en 1922 puis la Quatrième
internationale en 1938 en ont généralisé l'expérience.
Au yeux de l'IC, un gouvernement ouvrier est d'abord un gouvernement de combat
contre la bourgeoisie, et pas seulement au sens figuré. " Le
programme le plus élémentaire d'un gouvernement ouvrier doit consister,
estime-t-elle, à armer le prolétariat, à désarmer
les organisations bourgeoises contre-révolutionnaires, à instaurer
le contrôle de la production, à faire tomber sur les riches le
principal fardeau des impôts et à briser la résistance de
la bourgeoisie contre-révolutionnaire " ou encore " [
]
la naissance d'un gouvernement véritablement ouvrier et le maintien
d'un gouvernement faisant une politique révolutionnaire doivent mener
à la lutte la plus acharnée et, éventuellement, à
la guerre civile contre la bourgeoisie. "
" La création d'un tel gouvernement par les organisations ouvrières
traditionnelles est-elle possible ?, interroge Trotsky. L'expérience
antérieure nous montre, comme nous l'avons déjà dit, que
c'est pour le moins peu vraisemblable. " Aussi importante soit-elle,
on le voit, la revendication de gouvernement ouvrier occupe une importance conditionnée
par l'étape de la mobilisation révolutionnaire : son recours est
lié à " une combinaison tout à fait exceptionnelle
de circonstances " ; et, en toute hypothèse, son éventuelle
application " ne représenterait qu'un court épisode dans
la voie de la véritable dictature du prolétariat. "
Le mot d'ordre de gouvernement ouvrier est indissociable de la perspective de
la dictature du prolétariat. Lénine le notait d'ailleurs explicitement
dans L'État et la révolution : " 1 Les formes d'États
bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une :
en dernière analyse, tous ces États sont, d'une manière
ou d'une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie.
Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment manquer de
fournir une grande abondance et une large diversité de formes politiques,
mais leur essence sera nécessairement une : la dictature du prolétariat.
" " Les deux [
] types de gouvernement ouvrier auxquels
peuvent participer les communistes, d'après l'IC, ne sont pas
encore la dictature du prolétariat ; ils ne constituent pas encore une
forme de transition nécessaire vers la dictature, mais ils peuvent constituer
un point de départ pour la conquête de cette dictature. "
La mise en place d'un gouvernement ouvrier vise donc à rapprocher le
moment où le pouvoir tombera aux mains des masses. C'est tellement vrai
que, selon Trotsky, le gouvernement ouvrier apparaît comme " une
dénomination populaire de la dictature du prolétariat ".
C'est un mot d'ordre transitoire ; il couronne, en quelque sorte, ajoute-t-il,
l'ensemble des revendications du programme de transition, posant de plus en
plus concrètement aux travailleurs s'auto-organisant dans leurs propres
structures de classe - des comités de grève aux soviets - la question
décisive du pouvoir. Partant, sa défense par les révolutionnaires
renvoie au degré de maturation de la conscience ouvrière.
On le pressent, avancer la perspective d'un gouvernement ouvrier n'est pas une
question simple. Il s'agit d'une forme transitoire amalgamant, certes sur un
programme anticapitaliste radical, des courants ne partageant pas entièrement
les vues des révolutionnaires. Dès lors, un tel gouvernement peut
s'avérer un frein après avoir été un accélérateur
de la prise de conscience révolutionnaire des masses. " Pour
parer à ces dangers, les partis communistes ne doivent pas perdre de
vue que, si tout gouvernement bourgeois est en même temps un gouvernement
capitaliste, il n'est pas vrai que tout gouvernement ouvrier soit un gouvernement
vraiment prolétarien, c'est-à-dire un instrument révolutionnaire
de pouvoir du prolétariat ", insistait l'IC.
Ces débats peuvent sembler datés d'une autre époque non
seulement dans l'emploi de certaines formules, comme dictature du prolétariat,
mais aussi quant au fond, parce que la question d'une transformation révolutionnaire
de la société a, dans les décennies passées, perdu
tout caractère concret et vivant. Mais, discuter de la question gouvernementale
c'est, de fait, nous reposer la question du pouvoir.
Leur débat
et le nôtre
" Alors, encore un effort Olivier Besancenot ", s'amusait Cambadélis
dans Libération en janvier, espérant sans doute arrimer, à
son projet de nouvelle mouture de la gauche plurielle, une partie de la gauche
révolutionnaire. La tentative est vaine, évidemment. En revanche,
on ne peut sous-estimer l'influence négative que peuvent avoir les hésitations
de l'extrême gauche à clarifier sa position sur l'État et
sa conquête : les ruptures à l'uvre au sein de la classe
ouvrière avec les réformistes ne conduiront pas nécessairement
à une rupture avec le réformisme ; et ce résultat sera
d'abord tributaire de la capacité ou non des révolutionnaires
à définir une perspective anticapitaliste radicale et de masse.
S'élargir sans s'affadir en est la condition première. Diluer
notre programme aboutirait au résultat inverse, remettant en selle des
courants aujourd'hui discrédités par vingt années de politique
antisociale. L'enjeu est d'avancer une formule qui pose de façon compréhensible
la question du pouvoir sans lien avec la mobilisation des travailleurs et de
la jeunesse contre les ravages du capitalisme.
Partant, on ne peut discuter de l'architecture institutionnelle indépendamment
de la nature de classe de l'État - bourgeoise ou ouvrière -, et
ce n'est pas une question de pure forme : elle renvoie à des tâches
concrètes, à commencer par la brisure de l'État bourgeois
et son remplacement par un demi-État prolétarien amené
à s'éteindre, jusqu'à sa disparition complète avec
l'avènement du communisme. Faire autrement nous placerait immanquablement
sur le terrain des réformistes, toujours prompts à se référer
à la perspective d'un changement de société, jamais pressés
de s'attaquer au pouvoir de classe de la bourgeoisie.
L'article de Christian Picquet, " Changer la gauche pour changer de
République ", paru dans Politis le 27 février, souffre
de cette ambiguïté. " Oui, une nouvelle République
doit reposer sur une 'démocratie délibérante', pour parler
à la manière d'Arnaud Montebourg, explique-t-il. Mais cela implique
la restitution de la totalité des pouvoirs à une Assemblée
à laquelle l'exécutif se trouverait strictement subordonné.
Et cela doit s'accompagner d'une démocratisation radicale de la démocratie
". Christian Picquet défend que " Loin de n'être qu'une
dimension annexe des logiques à partir desquelles se confrontent radicalité
et social-libéralisme, la question des institutions revêt une importance
capitale. Parce qu'elle recouvre celle de la démocratie. " À
aucun moment, il n'est fait référence à la nature de classe
de la démocratie, au fait que " La république démocratique
est la meilleure forme politique possible du capitalisme ", selon la
formule de Lénine.
Nous défendons une perspective de démocratie révolutionnaire,
c'est-à-dire d'intervention directe de la population en rupture avec
les institutions bourgeoises. Cette perspective s'oppose aux illusions dites
démocratiques du mouvement ouvrier, par trop enclin à donner sa
confiance à des partis qui se placent dans le cadre bourgeois.
Toute l'histoire du siècle passé en témoigne : " anticapitalisme
", " rupture " et " révolution " changent de
sens, dès lors que s'efface la frontière entre État bourgeois
et État ouvrier, que disparaît la référence à
la destruction de l'un et son remplacement par l'autre.
À l'heure où la guerre de classe impose son ordre, notre objectif
doit être à la fois plus modeste et plus ambitieux qu'une participation
gouvernementale. Réunir un front révolutionnaire, rassembler largement
la classe ouvrière, face à la barbarie menaçante : voilà
une tâche urgente. Et plus, si affinités
Serge Godard
ÉLEMENTS
BIBLIOGRAPHIQUES POUR ALLER PLUS LOIN
o Lénine (V.I.), " Au sujet des compromis (septembre 1917) ",
uvres, t. 25, p. 333-339.
o Lénine (V.I.), L'État et la révolution, uvres,
t. 25, p. 413-531.
o Lénine (V.I.), " Les Bolcheviks garderont-ils le pouvoir ? (octobre
1917) ", uvres, t. 26, p. 81-134. [v. en particulier
p. 96-114]
o " Thèses de Lénine sur la démocratie bourgeoise
et la dictature prolétarienne (Ie Congrès de l'IC, mars 1919)
", in Manifestes, thèses et résolutions des quatre premiers
congrès mondiaux de l'Internationale communiste 1919-1923, La Brèche-SELIO,
1984, p. 6-10.
o " Discours de Lénine sur ses thèses (Ie Congrès
de l'IC, mars 1919) ", in Manifestes, thèses et résolutions
des quatre premiers congrès mondiaux de l'Internationale communiste 1919-1923,
La Brèche-SELIO, 1984, p. 11-13.
o " Le Parti communiste et le parlementarisme (IIe Congrès de l'IC,
juillet 1920) ", in Manifestes, thèses et résolutions des
quatre premiers congrès mondiaux de l'Internationale communiste 1919-1923,
La Brèche-SELIO, 1984, p. 66-69.
o " Résolution sur la tactique de l'IC (IVe Congrès de l'IC,
novembre 1922) ", in Manifestes, thèses et résolutions des
quatre premiers congrès mondiaux de l'Internationale communiste 1919-1923,
La Brèche-SELIO, 1984, p. 155-159.
o Trotsky (L.), " Le gouvernement ouvrier en France (30 novembre 1922)
", in Le mouvement communiste en France, Les Éditions de Minuit,
1967, p. 214-217.
o Programme de transition. L'agonie du capitalisme et les tâches de la
IVe Internationale (novembre 1938), La Brèche, 1977.
La pensée politique de Léon Trotsky
Ernest Mandel - La découverte/Poche - 7 Euros
Il s'agit de la
réédition d'un ouvrage publié en 1980. Sa réédition
est d'autant mieux venue que le cinquantenaire de la mort de Staline a été
une nouvelle occasion pour les médias de répandre la confusion
dans les esprits pour combattre les idées de l'émancipation sociale.
Dans son introduction, Ernest Mandel situe le cadre historique général
dans lequel se formera la pensée de Trotsky : ces vingt années
du début du vingtième siècle où le développement
du capitalisme aboutit à l'impérialisme et à la guerre
dont naîtra la vague révolutionnaire de 1917 et la victoire d'Octobre.
A la fin du XIXème siècle, le mouvement ouvrier confronté
à un puissant développement se divise en trois grandes tendances
: une aile réformiste qui s'adapte à la routine de la résistance
quotidienne des salariés et des élections, un centre marxiste
qui fait de la révolution une perspective lointaine, pour demain, sans
lien avec l'activité concrète des travailleurs et une aile gauche
dont les principales figures sont Lénine, Rosa Luxembourg, Trotsky.
Mandel voit dans l'uvre de Trotsky " une tentative de fournir
une explication cohérente de toutes les tendances fondamentales de notre
époque, une tentative d'explication du XXème siècle
". Oui, et pour reprendre la formule de Marx, une explication en vue de
le transformer.
Mandel conclut son introduction en écrivant : " la stature de
Trotsky ne cessera de croître avec le temps ". On souscrit d'autant
plus aisément que Mandel aide à comprendre comment, à travers
la lutte contre le stalinisme, Trotsky a dégagé une synthèse
de la riche pensée de la gauche révolutionnaire du début
du XXème siècle et qui est en fait aujourd'hui l'élément,
l'apport essentiel pour toute renaissance du marxisme révolutionnaire.
On regrette cependant qu'en choisissant une forme d'exposé par thèmes,
Mandel ne permette pas de comprendre à travers quelle dialectique de
la lutte la pensée de Trotsky n'a cessé de s'enrichir de tous
ces apports qu'il sut, en révolutionnaire, s'approprier.
On est aussi déçu de la façon dont Mandel développe
l'idée de la théorie de la révolution permanente qui est
certainement l'élément le plus moderne de la pensée de
Trotsky à l'heure de la mondialisation. Il développe l'idée
en trois chapitres : les révolutions socialistes dans les payés
arriérés, les limites des révolutions socialistes dans
les pays sous-développées, la révolution mondiale.
Cette façon d'exposer la question donne une compréhension mécanique
de la théorie de la révolution permanente que Mandel résume
ainsi : " soit le prolétariat conquérait le pouvoir, établissant
un Etat ouvrier en alliance avec la paysannerie, soit la contre-révolution
triomphait. " Cette compréhension mécanique explique
les analyses de la IVème Internationale qui verra de nouveaux Etats ouvriers
émerger, par transcroissance, des luttes de libération nationale.
Mandel retranscrit les analyses de Trotsky au travers de ses propres analyses.
Il parle même à propos des conclusions de Bilan et perspectives
écrit en 1906 et discutant de la révolution en Russie, de "
prédiction " comme si Trotsky avait prédit les révolutions
coloniales des lendemains de la deuxième guerre mondiale et venait ainsi
confirmer les analyses de la Quatre. Le mot fait sursauter quant on sait à
quel point anticiper sur les évolutions pour pouvoir agir était
pour les marxistes un art étranger à tout esprit de prédiction
! Le titre même des chapitres souligne cet aspect " prédiction
", puisque Trotsky aurait prédit les - je souligne le pluriel -
révolutions socialistes dans les pays arriérés.
Comme l'explique par ailleurs Mandel, Trotsky reprend le raisonnement formulé
par Marx de " la révolution en permanence " pour l'appliquer
à une époque nouvelle, celle de la formation de l'impérialisme
qui modifie l'ensemble des rapports entres les classes et les nations, comme
aujourd'hui le fait le libéralisme impérialiste à travers
la mondialisation.
L'ensemble des raisonnements de Trotsky suppose une classe ouvrière se
battant sous son propre drapeau internationaliste et non soumise, dominée
par les préjugés nationalistes du maoïsme ou du mouvement
de libération nationale.
Pour Trotsky la révolution russe a toujours été pensée
comme un élément de la révolution mondiale, la théorie
de la révolution permanente c'est la théorie de la révolution
mondiale. Mandel cite à ce propos Trotsky :
" la révolution internationale [
] est une chaîne
- de plus non continue - de révolutions nationales, chacune nourrissant
les autres de ses succès et, en retour, souffrant de leurs échecs.
" Ce processus est concret et conscient.
On retrouve cette même confusion à propos de la théorie
de la révolution permanente dans le chapitre " Contre l'impérialisme
". Pour Mandel, la conquête de l'indépendance nationale par
Mao à la tête d'armées paysannes s'intègre mécaniquement
dans un processus de révolution permanente alors que, dès 1929,
Trotsky mettait en garde contre le fait que, derrière le drapeau du communisme,
pouvaient s'avancer des intérêts sociaux bourgeois, nationalistes.
La suite de l'histoire devait confirmer son analyse.
Trotsky avait pleinement conscience, comme le souligne Mandel, que la lutte
des peuples coloniaux était inséparable de la rupture des prolétariats
des pays oppresseurs avec leur propre impérialisme. Mandel cite Trotsky
: " Le développement de l'influence des idées socialistes
et communistes, l'émancipation des masses laborieuse des colonies, l'affaiblissement
de l'influence des partis nationalistes peuvent être assurés non
pas tant par le noyau communiste indigène que par la lutte révolutionnaire
du prolétariat des centres métropolitains pour l'émancipation
des colonies. "
Le raisonnement de Trotsky comme l'ensemble de sa pensée repose sur "
l'hypothèse de base du socialisme scientifique, à savoir qu'une
société sans classe ne peut voir le jour qu'à travers la
fusion du programme du marxisme révolutionnaire et des intérêts
sociaux (y compris matériels) d'une classe sociale (une force sociale)
ayant un pouvoir et des capacités suffisantes pour rendre une telle entreprise
objectivement possible. "
Les développements sur la direction révolutionnaire, le parti
révolutionnaire de masse, les organes démocratiques de pouvoir,
les conseils ouvriers illustrent différents points d'approche de cette
hypothèse dans sa réalisation concrète et historique.
Au fil de la lecture, on se réjouit quand Mandel rappelle : " la
lutte pour le front unique est aussi une lutte visant à créer
les conditions favorables pour qu'un nombre croissant d'ouvriers rompent avec
les illusions réformistes, gradualistes, électoralistes et la
politique de conciliation et de collaboration de classe. " Cette lutte
a été tellement utilisée pour justifier des ouvertures
à des courants réformistes qu'il est bien utile de rappeler qu'elle
est indissociable d'une politique révolutionnaire, qu'elle exclut tout
" pacte de non-agression idéologique ".
" C'est là, rappelle Mandel, une approche dialectique du front
unique ouvrier et du problème de gagner une majorité de la classe
ouvrière à l'idée de la révolution socialiste à
travers des actions et des mobilisations de masse. "
Introduisant le chapitre sur la lutte contre le stalinisme, Mandel cite Lénine
: " Nous avons toujours dit que nous nous considérions comme
un des contingents de l'armée internationale du prolétariat, un
contingent qui est venu à l'avant-scène, non pas à cause
de son degré de développement et de préparation, mais à
cause des conditions exceptionnelles de la Russie. " C'est de ce point
de vue que Trotsky et l'Opposition de gauche critiquent, analysent et combattent
l'imposture bureaucratique. C'est en se situant du point de vue du prolétariat
révolutionnaire que Trotsky saisit la nature contradictoire du stalinisme,
cette contre-révolution qui s'opère dans le cadre même des
fondations posées par la révolution elle-même. C'est la
dégénérescence de l'Etat ouvrier qui ne peut se résoudre
que dans une nouvelle révolution politique ou par la restauration de
la propriété privée capitaliste. Cette analyse est la seule
qui prend en compte l'ampleur de la dégénérescence, sa
nature contradictoire, qui servit de boussole et qui permit qu'à travers
les décennies de réaction se perpétue au sein même
du mouvement ouvrier, malgré la police stalinienne, le courant marxiste
révolutionnaire.
L'aboutissement de ce travail politique et théorique fut la fondation
de la Quatrième Internationale qui reste comme un acte d'audace révolutionnaire,
un défi à la réaction et au militarisme dont la fécondité
trouve sa force dans la vitalité même de la révolution d'Octobre
dont elle transmet jusqu'à nous le rayonnement.
Le petit livre d'Ernest Mandel y contribue. Il est à lire et à
faire lire pour aider chacun à reconstruire le fil conducteur de notre
combat quotidien pour se construire une boussole.
Yvan Lemaitre
ouvrage
collectif sous la direction de Jean Marie Haribey et Michel Löwy
ActuelMarx PUF
Ce livre se propose
d'" examiner les conséquences catastrophiques pour la nature
de la logique prédatrice et destructrice du capital ", selon
les termes de l'introduction de JM Haribey et M Löwy, et de " discuter
du projet socialiste d'une nouvelle civilisation, fondée sur la valeur
d'usage et non la valeur d'échange ". L'ensemble des articles
s'articule autour " d'une problématique commune à la plupart
des auteurs : dans la mesure où la production capitaliste s'insère
nécessairement dans un environnement matériel naturel, la question
écologique est une question sociale, c'est à dire qu'elle doit
s'intégrer à la transformation des rapports sociaux car les contradictions
entre le capital et la nature sont au cur de la crise des rapports sociaux
capitalistes. "
Il est dommage que cette conscience de la nécessité d'intégrer
l'écologie dans une critique globale et révolutionnaire du capitalisme
se sente obligé d'aborder le problème en négatif, comme
si l'inévitable critique de Marx était un passage obligé.
Il y a là un besoin de justification qui ne concerne ni les révolutionnaires
ni Marx. Il s'agit plutôt de désigner sans ambiguïté
l'utilisation du marxisme pour justifier des politiques productivistes bourgeoises
comme une imposture.
Que des intellectuels se soient laissés duper par les mensonges staliniens,
maoïstes ou autres ne relèvent en rien de la responsabilité
politique de Marx. Critiquer Marx en lui donnant d'une certaine façon
une paternité dans ces politiques d'accumulation primitive au service
d'un développement national et bourgeois est une déformation de
Marx.
Les marxistes révolutionnaires récusent l'idée que l'idéologie
réactionnaire de la dictature stalinienne ou maoïste puisse avoir
d'une façon ou d'une autre quelque rapport que ce soit avec la science
de la lutte émancipatrice. Ils ont à se libérer de "
l'hypothèque que le " socialisme réel " faisait peser
sur la réflexion marxiste " pour reprendre une formulation de
l'introduction.
Cette remarque me semble avoir une portée plus générale.
Nous vivons une période de renaissance des idées révolutionnaires
en rupture avec une longue période de réaction durant laquelle
les idées des révolutionnaires, ceux de 1848, de 1871, ou de 1917
ont servi de justification aux usurpateurs, aux imposteurs. Lénine dès
les premières phrases de son ouvrage L'Etat et la révolution,
pointait du doigt cette utilisation des révolutionnaires. " On
essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi
dire
On refoule, on altère le côté révolutionnaire
de la doctrine, son âme révolutionnaire.."
La réaction stalinienne et les mouvements bourgeois d'émancipation
nationale ont fait bien pire, ils ont fait du marxisme un dogme au service de
dictatures sanglantes.
Nous n'avons ni à défendre ni à justifier Marx, mais à
libérer le marxisme des impostures, c'est à dire libérer
les marxistes eux-mêmes de l'imposture stalinienne. Voir dans cette idéologie
réactionnaire qui a résulté de la transformation du marxisme
en un dogme d'Etat ou de parti, " le courant principal de la pensée
marxiste " comme l'écrit Ted Benton (p 24) est une façon
de perpétuer l'imposture au-delà de sa propre ruine. La pensée
révolutionnaire a besoin de briser tout ce qui peut survivre des carcans
imposés par le prétendu " socialisme réel " pour
être en mesure de se réapproprier Marx qui nous apporte toute la
fraîcheur et la vigueur d'une pensée pleinement libre.
Dire cela ne signifie pas prétendre que Marx a tout dit ou même
qu'il resterait hors d'atteinte de toute pensée critique, critique au
sens révolutionnaire, c'est à dire de dépassement. Mais
un dépassement critique de la pensée de Marx ne saurait résulter
de la simple capacité d'individus mais d'un essor général
de la pensée révolutionnaire résultat d'un essor de l'activité
pratique révolutionnaire des travailleurs eux-mêmes.
Ted Benton écrit : " il y a un hiatus capital entre les prémisses
matérialistes de Marx et d'Engels dans le domaine de la philosophie et
de la théorie de l'histoire d'une part et quelques uns des concepts fondamentaux
de la théorie économique d'autre part." Cette critique
tient d'une interprétation des écrits de Marx et d'Engels, sous
l'effet conjugué d'une volonté de prendre acte des critiques par
les Verts du marxisme et de préjugés qui construisent un lien
entre les idées et conceptions de Marx et ce que le même auteur
appelle " les sociétés de socialisme d'Etat ".
Le même auteur en réalité nous convainc que c'est bien chez
Marx et Engels que l'on trouve les idées clés pour intégrer
les acquisitions de la science écologique (qui n'a rien à voir
avec le mouvement politique des Verts) dans une théorie évolutionniste
de l'histoire des sociétés humaines et plus largement dans une
conception matérialiste de la nature, de l'homme et de leurs rapports
réciproques. " Vers un matérialisme historique vert
", écrit Ted Benton. Il souligne sa propre confusion entre écologie
et mouvement des Verts tout en soulignant que la conception philosophique et
pas seulement historique de Marx relève d'une démarche écologique.
L'écologie est née parallèlement aux idées du matérialisme
évolutionniste et au Darwinisme. Elle s'inscrit dans ce bond en avant
des sociétés humaines et des sciences accompli après la
révolution industrielle et la révolution bourgeoise, dans le développement
des techniques, des sciences et du prolétariat. Le marxisme est la méthode
révolutionnaire qui permet de réunir dans une même conception
philosophique ces progrès des sciences comme autant d'armes pour la libération
de l'homme de l'oppression de classe et sa réconciliation avec lui-même
et la nature.
Au cur de la pensée de Marx, il y a la dénonciation des
effets destructeurs du productivisme capitaliste et de façon plus générale,
dans le matérialisme philosophique, dialectique, l'idée que l'homme
est partie intégrante de la nature avec laquelle il doit se réconcilier.
Marx a l'infini mérite d'avoir formulé le lien entre lutte écologique
et lutte de classe, lien qui aujourd'hui s'impose comme une évidence.
Il appartient aux révolutionnaires d'aujourd'hui de donner tout son contenu
à cette idée, de la développer pleinement en intégrant
les progrès de la science et de la société comme la catastrophe
écologique et sociale provoquée par la survie du parasitisme capitaliste
pour construire " une perspective écologique d'ensemble ",
selon l'expression de M Löwy.
Ce serait une façon de sortir de ces pesants débats idéologiques
menés à coups de citations pour revenir au marxisme réel
De ce point de vue, on souscrit à ce qu'écrivent F. Chesnais et
C. Serfati expliquant que leur travail s'inscrit " dans le cadre d'une
critique renouvelée du capitalisme, qui lierait de façon indissociable,
exploitation des dominés par les possédants et destruction de
la nature et de la biosphère [...] que cette liaison longtemps ignorée
trouvera ses fondements théoriques dans l'analyse faite par Marx et Engels
du mode de production capitaliste."
Ils nous invitent à " lire Marx et Engels et à s'en servir
dans le contexte historique présent ", ce à quoi leur
article nous aide en définissant une démarche dégagée
de préoccupations tactiques vis à vis d'intellectuels en rupture
avec le stalinisme ou avec les Verts. Ils nous invitent à " pousser
plus loin " les indications de Marx et d'Engels, c'est à dire
à poser la question de la propriété. " C'est dans
l'extension de la propriété sociale [
] que se situent les
éléments de solution de la crise écologique dans ses nombreuses
facettes et déterminations. "
Y.L.