Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°74
|
22
septembre 2005
|
||||||||
|
||||||||||
Sommaire : | ||||||||||
En Allemagne comme en France, construire une alternative à la Social-démocratie et au réformisme ! | ||||||||||
Brésil : la crise politique | ||||||||||
|
||||||||||
En
Allemagne comme en France,
construire une alternative à la Social-démocratie et au réformisme
!
Depuis dimanche soir en Allemagne, il y a désormais une question et une
certitude. La question est celle de savoir qui sera chancelier, de Gerhard Schröder
ou d'Angela Merkel, mais elle est sans intérêt. Car il y a une
certitude : ils ont tous les deux perdu les élections, et ce n'est
évidemment pas par hasard !
Il est vrai qu'à " gauche ", si l'on peut dire, Schröder
n'a eu que son bilan pour se défendre. Depuis 1998, en partenariat avec
les Verts, la social-démocratie a mené une série d'attaques
ininterrompues et sans précédent contre le monde du travail :
salaire, temps de travail, assurance-chômage, assurance-maladie, retraite,
tout a été passé à la moulinette du libéralisme.
Au bout du compte, la " gauche " en Allemagne a fini par
faire mieux que la droite en France pour satisfaire le patronat. Mais solidarité
oblige, François Hollande avec bien d'autres socialistes, s'est quand
même senti obligé de défendre son " camarade "
Schröder durant la campagne. Ce faisant, il a pris le risque de justifier
un bilan pas vraiment engageant, donnant du même coup le sentiment qu'en
cas de retour de la gauche au pouvoir ici en France en 2007, on pourrait bien
avoir la même chose, c'est à dire une bonne politique de droite !
A droite pourtant, il a bien fallu se démarquer. D'abord en Allemagne.
Tant que la candidate de la CDU, Angela Merkel, s'est contentée de dénoncer
l'échec du gouvernement Schröder dans sa lutte contre le chômage,
elle a pu surfer dans les sondages et sur les mécontents. Le désastre
a commencé lorsqu'il a fallu annoncer la couleur et parler programme
en ayant l'air d'en faire plus que son concurrent. Une partie de l'électorat,
résignée à l'idée des " réformes
inévitables ", a quand même pris peur. Ce qui a permis
à Schröder de jouer sur du velours, en expliquant qu'avec la droite
ce serait pire, et qu'avec lui, promis, juré, ce serait plus social.
Une ficelle un peu grosse mais qui lui a quand même permis de remonter
in extremis : danke schön Angela !
Aux deux perdants s'est pourtant ajouté un trouble-fête :
le Linkspartei ou " Parti de la gauche ". Comme un écho
au vote du 29 mai en France, une partie de l'électorat s'est exprimée
contre la politique libérale menée par la soi-disant gauche au
pouvoir. Contre cette " fausse " gauche, c'est en quelque
sorte une " vraie " gauche qui serait sortie miraculeusement
des urnes.
Certes, avec 8,7 % des voix, ce résultat a évidemment de
quoi nous réjouir, car d'une manière ou d'une autre, cela sera
perçu par tous ceux qui ont envie de se battre comme un encouragement,
des deux côtés du Rhin d'ailleurs.
Mais comme le vote du 29 mai en France, le résultat a aussi une grande
part d'ambiguïté. Le Linkspartei est peut être nouveau, mais
Oskar Lafontaine, son dirigeant, n'est évidemment pas plus nouveau que
Fabius ici en France.
Comme premier ministre de la Sarre et comme chef du SPD pendant des années,
Oskar Lafontaine n'a pas peu contribué à la mise en place de la
politique libérale que Schröder a ensuite poursuivie et aggravée.
Depuis, on peut toujours imaginer qu'il a sans doute " beaucoup réfléchi "
et " beaucoup changé ", comme Fabius, en se souvenant
qu'il s'est même payé le culot de démissionner de son poste
de ministre des Finances du premier gouvernement Schröder en 1999, comme
Chevènement à une autre époque. On sait pourtant ce que
cela veut dire, c'est-à-dire pas grand chose, sinon d'avoir fait le pari
de devenir un jour un recours possible en cas de discrédit trop important.
Et c'est le cas aujourd'hui en Allemagne comme ce fut le cas pour les socialistes
en France en 2002.
Il n'y a donc rien à espérer du côté de ces vieux
politiciens. Mais il y a quand même un nouveau parti qui mérite
sans doute davantage d'attention, et qui d'ores et déjà interpelle
un peu tout le monde à gauche, également de ce côté-ci
du Rhin !
Un espoir et
un modèle ?
De nombreux commentaires
ont en effet salué la percée du Linkspartei, notamment parmi les
responsables de la gauche du oui, et parmi ceux de la gauche du non en France.
Pour les premiers, cela vaut surtout comme un avertissement : si Schröder
a perdu (ou risque de perdre) la chancellerie, c'est à cause de " l'extrême
gauche ". Après le 21 avril 2002, puis le coup de Trafalgar
en 2005 en Allemagne, malheur si cela devait se reproduire une fois de plus
en 2007 ! Bien sûr au Parti socialiste, on ne s'interroge nullement
sur les raisons qui ont bien pu faire fuir les électeurs
Et on
s'autorise, au passage, un glissement sémantique un peu rapide :
le Linkspartei serait, c'est sûr, " extrême gauche "
(mais il est vrai qu'à force de dérives à droite, on peut
finir -malgré soi- par devenir extrême gauche de la Social-démocratie
ce qui ne prouve pas grand chose en réalité).
Du côté du non de gauche, le ton est évidemment bien différent.
Pour Jean-Luc Mélenchon, " l'émergence du Linkspartei
est un élément positif : c'est une alternative entre l'abstention
et la capitulation ".. Mieux encore pour le PCF : " L'émergence
d'une nouvelle force alternative à gauche (
) favorise la constitution
d'un rassemblement antilibéral et ne laisse pas de terrain à la
droite extrême et populiste " (cités dans Le Monde
du mardi 20 septembre).
Cette confusion entre " rassemblement antilibéral "
et " nouvelle force alternative ", manifestement appréciée
par le PCF qui se glisserait bien dans ces nouveaux habits, trace évidemment
les limites d'une comparaison possible entre la situation en Allemagne et celle
en France après le vote du 29 mai.
Elle pose en même temps un problème de fond qui interpelle aussi
bien les militants révolutionnaires ici en France qu'outre-Rhin et mérite
une clarification.
Car pour nous, à la LCR, qui militons pour la construction d'un parti
révolutionnaire des travailleurs et pour une alternative au capitalisme,
la distinction s'impose à l'évidence.
C'est une chose de militer pour la construction d'un " front politique
et social " avec ceux qui se disent même simplement opposés
au libéralisme, et c'est évidemment une opportunité à
saisir lorsqu'elle se présente. Car nous savons bien que pour arriver
à rendre crédible à une échelle de masse notre projet
communiste et révolutionnaire, il y a aussi et dès maintenant
des combats partiels à mener, des étapes nécessaires qui
peuvent être des ruptures même inachevées avec la gauche
institutionnelle, même sur un terrain aussi ambigu que celui de l'antilibéralisme.
Mais c'en est une autre de vouloir construire une force politique sur cette
base. L'antilibéralisme, c'est à dire le réformisme le
plus plat, avec son cortège d'illusions, n'est évidemment pas
l'essentiel du combat que nous voulons mener et encore moins notre seul horizon.
Ce seul rappel devrait suffire pour ne pas voir dans la construction d'un parti
qui se situerait sur ce terrain exclusivement un projet dans lequel extrême
gauche devrait s'engouffrer.
Une incontestable
dynamique à gauche ?
La question est
d'autant plus importante que ce nouveau parti, avant même d'avoir fait
un score électoral, a quand même fait quelques victimes et réussi
à sa façon une petite performance en Allemagne : celle d'avoir
fait disparaître presque toute la gauche radicale et extrême gauche,
littéralement aspirées, à l'exception notable d'un groupe
maoïste et des camarades du RSB (l'une des deux sections de la IV°
Internationale en Allemagne (1)) !
Encore une fois, que des militants révolutionnaires aient une politique
en direction du Linkspartei, et notamment de ces nouveaux militants qui voudraient
le rejoindre tout simplement parce que c'est désormais, à l'échelle
de toute l'Allemagne, le parti qui peut paraître le plus à gauche,
devrait être assez évident.
Mais de là à construire le Linkspartei en tant que tel, et à
s'y fondre, c'est évidemment une autre affaire. Or tous les indices sur
la création de ce parti né dans la précipitation électorale
et sans congrès constitutif, il y a deux mois, sont pour le moins inquiétants.
De ce point de vue, c'est d'ailleurs le programme de ce parti qui nous dira
le moins sur ce qu'il est susceptible de devenir. On peut se souvenir en effet
qu'en arrivant au pouvoir en 1998, Schröder n'avait pas hésité
à l'époque à signer un " contrat de gouvernement "
avec les Verts, en promettant notamment le rétablissement des acquis
sociaux précédemment perdus, le paiement intégral des congés
maladie, de meilleurs remboursements en matière de santé et une
législation plus protectrice en matière de licenciements
Or on sait bien que la coalition gouvernementale a ensuite fait tout le contraire.
Que le Linkspartei ait un programme guère différent est déjà
en soi une indication sur ses limites, manifestement très sérieuses.
Mais ajouter une ou deux mesures plus radicales ne changerait rien non plus
à l'affaire, car leur valeur dépend surtout des militants qui
dirigent réellement le parti, susceptible d'en faire un véritable
objectif, ou au contraire un simple alibi.
De ce point de vue, la formation du Linkspartei est beaucoup plus révélatrice.
Ce parti est né pour l'essentiel au sommet, de la juxtaposition de plusieurs
appareils bureaucratiques bien intégrés jusqu'à présent
dans la gestion du capitalisme allemand. D'un côté le WASG (Alternative
électorale Travail et Justice sociale), qui a surtout rassemblé
des notables du SPD convaincus de changer de casquette avant qu'il ne soit trop
tard pour assurer leur réélection (sans avoir mené au préalable
la moindre bataille politique dans leur ancien parti), et des responsables syndicaux
guère plus combatifs (en réalité une partie de l'appareil
bureaucratique des syndicats allemands qui a accompagné toutes les attaques
du gouvernement, et qui voit désormais dans le bulletin de vote, et surtout
pas dans les luttes qu'il a été incapable de mener, un moyen de
faire pression sur le " camarade " Schröder !). De
l'autre côté s'est adjoint l'appareil du PDS ex-stalinien qui,
lui, a déjà eu le temps de faire la preuve de sa bonne volonté
pour infliger des cures d'austérité dignes de celles du SPD de
Schröder (notamment dans les gouvernements régionaux de Mecklembourg-Poméranie
et de Berlin), tout en rêvant à haute voix de devenir un jour un
partenaire acceptable de ce même SPD via le nouveau " parti
de la gauche ".
C'est cet assemblage qui domine de fait le Linkspartei et contrôle entièrement
ce parti. La présence de militants d'extrême gauche ou l'afflux
probable de nombreux autres militants dans la période à venir
n'y changeront pas grand-chose. Car pour briser les conservatismes d'appareils
déjà bien constitués, et habitués à faire
la chasse aux " gauchistes " (en tout cas bien mieux que
d'impulser des luttes sociales !), il faut un certain nombre de conditions.
Il faut déjà une situation où il serait possible de s'appuyer
sur les luttes de travailleurs, sur une véritable radicalisation sociale
et politique dans le monde du travail, et ce n'est pas le cas.
Le Linkspartei est né d'illusions électoralistes qui se sont nourries
justement d'un certain nombre d'échec sur le terrain des luttes. Il s'est
construit pour les élections, et il va continuer à se construire
par les élections. Ses premiers succès n'enclencheront aucune
dynamique à gauche. Ce sera un appel d'air pour tous ceux qui croient
qu'un parti se construit d'abord et avant tout avec des scores électoraux.
Ce sera aussi et surtout un appel d'air pour tous ceux dont l'horizon ne sera
pas la lutte des classes, mais la lutte des places pour les prochaines élections
locales et régionales. Or celles-ci seront suffisamment fréquentes
pour occuper de fait toutes les attentions du nouveau parti, comme cela a déjà
été le cas dans le passé avec les Verts puis avec le PDS.
Pour une politique
alternative
Les camarades du
RSB qui défendent le drapeau de la IV° Internationale en Allemagne
sont peut être bien seuls aujourd'hui à résister à
la tentation de se dissoudre dans la nouvelle gauche antilibérale ou
qui se prétend telle. Mais ils ne sont pas isolés. Les luttes
ouvrières et plus généralement le mouvement social ont
certes connu des revers, mais ce dernier continue également à
se nourrir d'un certain nombre de résistances.
Aux échéances électorales s'ajoutent heureusement des échéances
sociales, comme le projet d'une nouvelle grande manifestation centrale à
Berlin. On peut espérer également que de nombreux militants pourront
sans doute profiter dans la période qui vient de l'appui que représente
l'expression même simplement électorale d'un refus du libéralisme
pour reprendre l'offensive sur le terrain des luttes. A ces militants, il n'est
nul besoin pour qu'ils se rapprochent des révolutionnaires de leur proposer
le détour et la confusion d'une nouvelle force pas vraiment nouvelle
en réalité, tout juste un petit parti social-démocrate
à peine relooké et en réalité franchement électoraliste.
Au contraire. Il devrait être possible de proposer des convergences sur
le terrain des luttes et bien des débats également pour approfondir
les véritables enjeux politiques de la période. C'est en conservant
leur indépendance politique vis-à-vis des partis réformistes
que les révolutionnaires pourront le mieux aider ces militants à
franchir même quelques pas en direction des idées révolutionnaires
et d'une perspective commune.
Jean-François CABRAL
(1) Sont entrés
dans le Linskspartei : L'ISL (l'une des deux fractions publiques de la IV°
Internationale en Allemagne) et deux autres groupes trotskystes (le SAV et Linksruck),
ainsi que l'ancien parti stalinien de RFA (DKP) et d'anciens maos (DIDF). Sont
restés indépendants : le RSB (l'autre fraction publique de la
IV° Internationale en Allemagne) et le groupe maoïste MLPD.
La crise politique actuelle au Brésil ne tourne pas autour de la corruption mais du régime politique structuré après l'arrivée de Lula à la Présidence de la République -janvier 2003. Le gouvernement de Lula est un gouvernement bourgeois, avec la participation du PT et des différents partis de la classe dominante. Il a disposé de l'appui de l'administration Bush. Lula et son gouvernement ont perfectionné et approfondi une politique économique qui répond complètement et directement aux intérêts du capital financier. Mais il a été incapable d'assurer la stabilité et la continuité du gouvernement et d'un régime politique adaptés à la domination du système financier. L'émergence de la crise se situe au moment au Lula prépare sa nouvelle candidature pour 2006 et essaye de constituer un nouveau gouvernement à cet effet.
L'instabilité
de l'Amérique Latine
À la différence
de l'Équateur, de la Bolivie et de l'Argentine, la crise politique au
Brésil se développe dans le cadre du recul du mouvement ouvrier
et des masses, sans parler de leur intervention politique indépendante.
Mais il y a un élément commun pratiquement entre tous les pays
du continent : les gouvernements qui doivent assurer la continuité de
la domination impérialiste et du régime capitaliste marqué
par un parasitisme croisant, la domination financière, la privatisation
- un ensemble de modalités du capitalisme qu'on résume un peu
abusivement avec la formule du " néolibéralisme " -
ont, comme axe politique, des partis de gauche et des partis liés a la
social-démocratie, au castrisme, au stalinisme et autres variantes. Avec
une formule un peu caricaturale mais pas inexacte, on peut dire qu'aujourd'hui
l'Amérique Latine est gouvernée par Bush et la gauche ensemble.
Le gouvernement Lula est l'expression la plus concentrée de ce mouvement.
Par ailleurs, vu la place du Brésil en Amérique Latine et dans
le monde, la capacité de Lula à servir les intérêts
de l'impérialisme est mise à rude épreuve d'une manière
permanente. Condolezza Rice visitant le Brésil, en avril, lors d'un de
ses premiers voyages, déclarait qu'elle était sûre de " l'appui
du gouvernement brésilien à la stabilité d'une Amérique
Latine chaque fois plus volatile ". La réalité est
que Lula ne réussit pas à contenir Chavez ; les résultats
sont meilleurs en Bolivie avec Evo Morales mais aussi insatisfaisants pour Washington.
Une brèche s'est ouverte entre le caractère bourgeois et de soumission
au capital du gouvernement Lula, sa politique de paiement de la dette extérieure,
l'ensemble de sa politique économique et sociale contre la classe ouvrière
et les pauvres, et sa capacité à stabiliser les positions de l'impérialisme
en Amérique Latine. C'est un des éléments clés de
la crise.
La lutte de classe en Amérique Latine suscite à nouveau l'attention
des militants ouvriers et révolutionnaires en France précisément
parce qu'elle présente en même temps les éléments
de la crise de domination capitaliste, de l'intervention de masses, de la présence
des tendances et organisations révolutionnaires dans la classe ouvrière
et les exploités et du déplacement vers la gauche - y comprit
la " gauche de la gauche " - des solutions politiques bourgeoises
et impérialistes..
L'évolution
du Parti des Travailleurs
Un des aspects
centraux de cette crise est la désagrégation du Parti des Travailleurs.
Lula avait initié ce processus, il y a longtemps et il avait fait du
Parti une machine totalement adapté à l'État bourgeois
et à sa corruption. La bourgeoisie et l'impérialisme demandent
toujours plus et n'acceptent aucune velléité d'autonomie de l'appareil
du parti et du gouvernement. Ces contraintes s'imposent précisément
du fait de la politique économique du gouvernement et de la nature du
régime politique : contrôle direct de la part du capital financier,
adaptation de l'ensemble de l'appareil de l'État, y compris les Municipalités,
privatisations
Comme dissent les analystes économiques : l'État
est aujourd'hui plutôt un élément passif qu'actif, sans
politique monétaire, avec un surplus budgétaire imposé
que Lula a fait monter de 3,75 à 4,5 % du PBI...
Les élections qui viennent d'avoir lieu dans le PT pour élire
une nouvelle direction sont très significatives. Le premier tour s'est
déroulé le dimanche 18. Le parti a aujourd'hui 825 000 membres.
La moitié ont rejoint le parti après 2003. Les masses ont voté
pour le PT et le parti est structuré par le clientélisme, l'arrivisme,
les fonctionnaires et les élus de l'État et des municipalités.
D'ailleurs il n'a jamais été une organisation structurée
par un programme de lutte. Dans le passé très lointain, sa force
d'impulsion provenait du fait qu'il apparaissait comme l'expression politique
unitaire des travailleurs dans les élections.
La crise de la direction du PT comprend à la fois le noyau historique
et la gauche. Les partisans inconditionnels de Lula ont obtenu seulement 40 %,
contre 70 % en 2001. Lula, personnellement, n'a pas voté pour marquer
qu'il ne gouverne pas comme dirigeant du parti. La gauche s'est divisée
en 5 candidatures, dont celle de Raul Pont, qui avaient le point commun de défendre
le gouvernement et de critiquer la politique économique. Walter Pomar,
qui est arrivé en deuxième position et qui devrait être
le candidat commun de la gauche au deuxième tour, présente la
politique économique de l'Argentine comme exemple opposé aux mesures
du Ministre de Finances Palocci, c'est-à-dire une variation sur la même
musique. Même dans cette crise, la gauche du PT a eu un comportement misérable
et sans aucune envergure et ni perspective.
Quelle orientation
?
La délimitation
totale avec le gouvernement Lula et avec le programme et les orientations du
PT constitue la base élémentaire d'une politique de mobilisation
et de lutte. Cette délimitation ne peut pas se faire seulement sur la
basse d'une critique de la politique économique et de la lutte contre
la corruption. Il n'y a aucune raison pour participer comme " aile
gauche " à la campagne de certains partis et fractions de la
bourgeoisie contre le gouvernement.
La politique économique de Lula et la corruption des dirigeants du PT
et du gouvernement constituent les maillons d'une longue chaîne. Toute
la question aujourd'hui est de les combattre à partir des positions indépendantes
et en tenant compte de la situation réelle du mouvement des masses.
Le gouvernement a essayé d'étouffer l'ensemble des organisations
ouvrières et populaires, les syndicats, les mouvements paysans, en les
transformant en une prolongation de l'appareil de l'État, grâce
à la bureaucratisation, la corruption, la cooptation.
Le mouvement ouvrier et de masses et l'avant-garde militante doivent à
la fois conquérir un cadre d'élaboration politique et de mobilisation
; développer un programme d'urgence pour faire face à la crise
politique et au désastre social et économique. La rupture avec
le régime politique s'impose.
Quels mots d'ordre doivent être avancés pour faciliter la progression
du mouvement ouvrier et des exploités ? La période ouverte
par le PT sera dépassée et surmontée par une rupture révolutionnaire
à travers un mouvement que sera cependant progressif, théorique
et pratique. Les militants brésiliens font face à un énorme
défi. Nous voulons contribuer à le relever à travers l'échange,
la discussion, les combats communs. La France et l'Europe, le Brésil
et l'Amérique Latine dégagent des questions politiques communes
immédiates. Le débat militant est un levier révolutionnaire.
Marcelo
N.