Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°85
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15
décembre 2005
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Sommaire : | ||||||||||
Au nom du combat commun de tous les opprimés. Abrogation de la loi du 23 février 2005 | ||||||||||
1905-2005 : cent ans après le vote des lois laïques, défendre les droits démocratiques dans la lutte pour l'émancipation | ||||||||||
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Au
nom du combat commun de tous les opprimés
Abrogation de la loi du 23 février 2005
" Mais
oui, je suis fier d'être français ! J'assume toute l'histoire
de France. J'ai l'honneur, partagé par tout mon gouvernement, de servir
nos compatriotes et de relever les défis de l'avenir. Tous ensemble,
nous pouvons dire fraternellement, debout et la tête haute : vive
la République et vive la France ! "
C'est ainsi que Villepin a conclu la fin de non-recevoir qu'il a opposée,
hier, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale,
à la demande du groupe socialiste d'abroger l'article 4 de la loi du
23 février 2005.
Quatre jours auparavant, Sarkozy, s'indignant dans le Journal du Dimanche,
des " procès en sorcellerie lancés par la gauche
et l'extrême gauche " et de " la tendance irrépressible
à la repentance systématique ", s'était répandu
en propos chers à l'extrême droite : " Tout semble
bon désormais pour instruire le procès de la France et faire assaut
d'auto dénigrement. [
] Notre société est menacée
d'une funeste inclination au reniement de soi. [
] Finira-t-on un jour
prochain par s'excuser d'être Français ? "
Par son vibrant plaidoyer patriotique, Villepin a tenu à ne pas être
en reste sur son rival.
La mobilisation contre la loi vantant la colonisation française jusque
dans les programmes scolaires a donné une nouvelle acuité à
la crise permanente qui rebondit périodiquement au sein du gouvernement
et de sa majorité parlementaire, et une fois de plus, comme au moment
de la crise des banlieues et de l'instauration de l'état d'urgence, c'est
la démagogie réactionnaire de Sarkozy qui finit par donner le
ton au sein du gouvernement, mais, grâce à la mobilisation, celui-ci
a dû malgré tout reculer sur ses projets initiaux.
Une tentative
de réhabilitation du colonialisme
C'est cette mobilisation qui a mis en lumière la tentative de députés
UMP soutenus par l'ensemble du gouvernement de réhabiliter la colonisation,
entreprise sous le couvert d'une loi en faveur des rapatriés et des harkis,
dès juin 2004. Sans les protestations et pétitions des professeurs
d'histoire, sans la mobilisation de nos surs et frères des Antilles
qui ont réussi à interdire la venue de Sarkozy, cette réhabilitation
aurait été entérinée comme l'a été
votée la loi, en catimini.
Aujourd'hui, les propos du député UMP des Alpes-Maritimes, Luca,
rapportés dans Libération font figure de dérapages,
sans que personne, toutefois, ne le désavoue dans les rangs de son parti.
Après avoir déclaré il y a une semaine, " ceux
qui aux Antilles font toute sorte d'amalgames avec l'esclavage ne crachent pas
sur le RMI des anciens colonisateurs ! ", il s'en est pris
aux deux ministres du gouvernement qui se sont déclarés personnellement
opposés à la loi : " sans la colonisation, ni
Léon Bertrand ni Azouz Begag ne seraient ministres de la République
française ".
Mais c'était le même Luca qui donnait le ton lors de la discussion
de la loi à l'Assemblée nationale en juin 2004 : " La
France, alors, allait bien de Dunkerque à Tamanrasset, les populations
qui la composaient étaient rassemblées sous un même drapeau.
Quelles qu'aient été les erreurs ou les fautes commises, la France
n'a jamais asservi les peuples qu'elle a dirigés, et l'armée française
n'a jamais été une armée de tortionnaires. (...) Nous devons
écrire l'histoire et l'enseigner pour que les enfants sachent que la
France n'a pas été colonialiste mais colonisatrice et qu'elle
a transmis les valeurs républicaines aux élites qui aujourd'hui
dirigent ces peuples. La colonisation française a pratiqué l'intégration
et notre armée s'est comportée de telle manière que nul
n'ait à en rougir. (...) Comme l'exprime si bien le " Chant
des Africains ", nos compatriotes déracinés ont porté
haut et fier le drapeau de la France entière. Nous les remercions tous. "
Luca était alors dans le ton donné aux débats lors de leur
ouverture par le ministre délégué aux Anciens combattants,
Mékachéra, lequel proposait, au nom du gouvernement, de " rendre
justice à la beauté et à la grandeur de ce que nos compatriotes
ont bâti hors de métropole ".
Il n'y eut alors aucun parlementaire de gauche, à l'exception du sénateur
communiste, Fischer, pour s'élever contre la loi.
Sous la pression de la mobilisation, et parce qu'ils veulent se redonner une
image de gauche à l'approche des échéances électorales
de 2007, les dirigeants du PS, après que leur proposition de loi abrogeant
l'article 4 a été rejetée par l'Assemblée nationale
le 28 novembre, ont pris l'initiative d'une pétition que tant la Ligue
que Lutte ouvrière appellent à signer. Il faut en effet obtenir
le retrait de cet article de loi qui prétend imposer le mensonge d'une
uvre civilisatrice de la France coloniale dans les programmes scolaires
et pour cela souhaiter le front unique le plus large possible.
Faire échec
à l'offensive réactionnaire, mettre en uvre la solidarité
de tous les opprimés contre l'exploitation des peuples
Mais ce n'est pas seulement l'article 4 qu'il faut rejeter, mais la loi dans
son intégralité, cette loi dont l'article premier a comme titre
" reconnaissance de l'uvre de la France outre-mer ".
A l'Assemblée nationale, Ayrault, au nom des députés socialistes
qui demandaient l'abrogation de l'article 4, s'est affirmé prêt
à voter, dans un " geste de main tendue ",
la première version de l'article proposée par le député
UMP, Kert, selon laquelle, les programmes scolaires accordaient " la
place qu'elle mérite " à " l'histoire
de la présence française outre-mer ". Ce même
Kert qui déclarait, lors de la discussion de la loi en février
2005 : " Ce texte [
] est aussi l'occasion de régler
un certain passif avec notre propre histoire et de faire table rase d'un certain
nombre d'idées reçues, notamment celle [
] selon laquelle
l'aventure française en Algérie ne serait qu'une abominable période
coloniale. Votre projet affirme le contraire et nous, parlementaires, sommes
fiers d'y avoir mis l'accent sur la reconnaissance de la Nation à l'égard
de cette uvre accomplie ".
Lors de la séance des questions au gouvernement, hier, c'est avec des
propos très voisins de ceux de Villepin, qu'Ayrault a demandé
l'abrogation de l'article 4 : " il est grand temps de [
]
consolider une conscience nationale aux racines multiples, qui fait notre richesse
et notre fierté d'être Français. Et je récuse toute
idée de repentance. L'Histoire de notre nation comporte des pages glorieuses
qu'il faut savoir célébrer, mais aussi des pages plus sombres
qu'il faut savoir reconnaître. Ce que nous voulons, c'est construire une
mémoire partagée dans laquelle chaque enfant de la République
puisse se reconnaître comme telle. "
Que le Parti socialiste ait manqué de " vigilance "
lors du vote de cette loi ne peut nous étonner, lui qui a été
de toutes les guerres coloniales, jusqu'à la dernière, en Kanaky,
époque où Fabius avait instauré le même état
d'urgence que celui du gouvernement Chirac-Villepin-Sarkozy contre les jeunes
des banlieues. On se souvient aussi comment la lumière sur les exactions
de Papon tant pendant l'occupation que lors de la guerre d'Algérie n'a
été faite qu'au moment de son procès, obtenu malgré
l'obstruction de Mitterrand, par les familles des enfants juifs raflés
à Bordeaux pendant la guerre. C'est seulement alors, en 1999, qu'a été
reconnu par l'Etat français le massacre de centaines de manifestants
algériens le 17 octobre 1961.
Aujourd'hui, l'exploitation des peuples par le biais d'un libre-échange
dont l'inégalité est assurée par les armées impérialistes
a supplanté le pillage réalisé à travers la domination
coloniale -et encore pas partout. Mais derrière ce pillage des peuples,
il y a les mêmes intérêts des trusts et des sociétés
financières que garantissent l'Etat français, la République,
dont se gargarisent tant la droite que la gauche institutionnelle.
La lutte pour l'abrogation de l'article 4 et de la " loi de la honte "
dans son entier est un premier pas dans le combat pour la dignité et
la liberté des peuples dont les seuls alliés véritables
se trouvent dans le camp des opprimés.
Galia
Trépère
Appel
pour des candidatures unitaires :
ne pas dévoyer l'aspiration unitaire vers l'impasse électoraliste
Un " Appel
pour des candidatures unitaires en 2007 et 2008 " circule depuis
quelques semaines. C'est une énième tentative de réunir
la soi-disant gauche de la gauche et une opération pour tenter de trouver
une place à la gauche du Parti Socialiste. Sans préjuger du cheminement
de cet appel, on peut déjà mesurer quelles sont les perspectives
programmatiques et politiques de ses initiateurs et les dégâts
qu'il pourrait provoquer.
Le texte est signé par un ensemble de personnalités, dont des
militants et membres de la direction de la LCR, et a réuni plus de 1000
signatures. Un site Internet a été créé. Des réunions
ouvertes sont convoquées. Des tables pour signature sont installées
dans quelques rues de Paris. L'appel a été présenté
en fanfare à la dernière réunion nationale de Collectifs
du 29 mai (voir Débat Militant N° 84, 8 décembre).
On peut dire qu'on se trouve face à une offensive politique.
Au service de quelle orientation programmatique et dans quels buts politiques ?
L'approche des élections de 2007 (et de 2008) et aussi des congrès
tant de la Ligue que du PC excitent les intérêts. Mais il faut
regarder plus loin. Situer les différentes politiques dans la lutte de
classes et son développement. L'intervention indépendante du mouvement
ouvrier en défense de ses intérêts et la lutte contre le
capitalisme doivent être nos critères d'analyse et de discussion.
A qui s'adresse
l'appel ?
De quoi parle-t-on quand on s'adresse à la " gauche "
pour l'unifier politiquement ? Le PC répond " à
toute la gauche ", c'est-à-dire d'abord et surtout ne pas
exclure le Parti Socialiste. D'autres affirment qu'ils s'adressent à
la gauche de la gauche. L'Appel pour sa part essaye de rassembler tout ce monde.
Deux erreurs symétriques sont commises. D'un côté on sacralise
le 29 mai comme s'il était un acte fondateur. Mais le 29 mai est derrière
nous et la " gauche du 29 mai " n'existe plus. De
l'autre, la " vraie co-élaboration " qui
va nous conduire à des candidatures unitaires " doit être
ouverte à tous, structures organisées et individus ".
Et par ailleurs, est-il écrit, " beaucoup se sont regroupés
autour du Non pour dire cette préférence (pour l'alternative franche
à l'alternance molle) ; mais beaucoup d'autres partagent cette critique
d'un projet de société soumis aux seules logiques économiques
et financières ". Il faut admirer au passage la capacité
des rédacteurs à éviter les mots qui fâchent, comme
capitalisme, capital, système capitaliste, classes sociales, lutte de
classes, exploitation, qui constituent le langage des militants du mouvement
ouvrier.
L'Appel réussit le tour de force de faire la proposition de " candidatures
unitaires " sans dire un mot sur les protagonistes et sur les méthodes
pour arriver à un tel résultat. Si on observe bien, il ne fait
aucune proposition politique. Mais il faut être clair : le scénario
est connu, les acteurs ont déjà une carrière derrière
eux. Alors, il faut situer les choses dans leur réalité.
Parler de " candidatures unitaires " et de " gagner
les élections " équivaut à dire qu'on va
s'aligner derrière un candidat socialiste. D'ailleurs, la plateforme
que propose l'Appel est parfaitement soluble dans la synthèse du Congrès
du PS. La campagne pour une candidature unitaire ne pourrait servir que cette
orientation : toute la gauche doit s'aligner derrière Fabius et
Fabius doit aligner toute la gauche.
Comment pourrait-on en arriver à ce résultat ? Ici les hypothèses
sont diverses, mais toutes supposent un étouffement des luttes sociales,
de la " gauche révolutionnaire ", de l'émergence
d'une nouvelle force politique anticapitaliste qui représente les intérêts
historiques de la classe ouvrière. On sait que l'élection présidentielle
est à deux tours et que la présence d'un candidat " unitaire "
au premier peut être la passerelle pour s'aligner au deuxième derrière
la nouvelle variante de l'adaptation au capitalisme et au régime politique
de la bourgeoisie, le social libéralisme ou une nuance quelconque à
sa gauche.
Quel candidat pourrait se prêter à ce jeu politique ? Parions
que les initiateurs de l'Appel sont disponibles pour toute aventure mais, pour
le mouvement révolutionnaire, la question est secondaire. L'essentiel
est que cette opération ne peut être menée que contre eux.
Cette aventure a besoin d'un scénario et si possible d'un scénario
" de masses ". On utilise à cet effet les Comités
du 29 mai. Ils sont vidés de toute énergie militante et de toute
légitimité comme structures de front unique qui participent et
épaulent les luttes, pour devenir des clubs de discussion afin " d'élaborer
l'alternative ". Le montage a été mis en place les
3 et 4 décembre et va continuer en ce qui concerne Paris, la dernière
semaine de janvier avec la " semaine pour l'alternative "
et les forums des Comités.
L'antilibéralisme
se porte mal
Derrière cette opération il y a un débat plus important :
quelle est la nature de l'" antilibéralisme " ?
L'Appel est situé sous ce label, les Comités aussi.
Le libéralisme peut être défini comme la " phase
actuelle de l'impérialisme " et, à ce moment-là,
l'antilibéralisme pourrait n'être qu'une dénomination populaire
de l'anticapitalisme. C'est un raccourci à notre avis opportuniste. Mais
pour l'Appel, il s'agit évidemment de tout autre chose. À la lecture
du texte, on voit de suite que l'anticapitalisme a disparu, que le mouvement
ouvrier n'existe pas, que la lutte de classes appartient au passé.
L'antilibéralisme n'est pas une variante de l'anticapitalisme. C'est
une tentative d'organiser le militantisme autour d'axes qui esquivent l'affrontement
entre capital et travail, entre oppresseurs et opprimés, entre impérialismes
et peuples opprimés. Alors, on parle de citoyens, de forums, d'assises,
d'alternative, de lutter sans prendre le pouvoir, d'espaces de luttes et de
balivernes de ce type. Dans le domaine théorique, cette élaboration
de l'antilibéralisme se situe contre le marxisme, contre le mouvement
ouvrier.
En vue de la pratique politique, il faut observer chaque manifestation et la
situer. Un mouvement pratique de lutte contre l'oppression peut être un
pas en avant tout en restant dans le cadre d'une élaboration théorique
incorrecte, contraire même au développement progressif de ce mouvement.
Cette contradiction doit éclater et il faut en accélérer
l'éclatement par la logique même de la vie et de la lutte.
Dans Rouge du 24 novembre, la double page centrale reproduit un débat
très intéressant sur les grèves de 1995, sous le titre
" Nouveau cycle politique ". Dans ce débat,
Claude Debons, de la fondation Copernic, essaye de minimiser la signification
des méthodes de lutte de la classe ouvrière et arrive à
cette conclusion : " L'antilibéralisme a cristallisé
le rejet des formes les plus brutales du capitalisme contemporain. C'est un
moindre mal, faute de pouvoir penser l'alternative ". On voit
bien que la rupture avec le capitalisme en continuité avec l'élaboration
politique du mouvement ouvrier est écartée. Le point de vue d'Hélène
Adam de SUD-PTT est un peu différent tout en se situant aussi sur le
terrain de l'antilibéralisme. Elle postule que c'est une nouvelle tendance
de lutte du mouvement ouvrier qui doit s'organiser autour de deux axes :
une nouvelle répartition des richesses et des services publics non marchandisables.
La question du pouvoir politique est laissé de côté, comme
celle de la propriété privée.
Solidaires s'est opposé à la réunion nationale des
collectifs du 29 mai des 3 à 4 décembre, à ce que les " candidatures
unitaires " figurent dans la déclaration finale et le débat
sur cette approche mérite d'être développé entre
les militants et les organisations. Mais de fait, cette déclaration finale
se situe dans cette perspective et les camarades de Solidaires ne sont
pas au bout de leur peine.
La deuxième partie de l'Appel formule les bases " d'élaboration
programmatique commune ". La lecture est édifiante. A chaque
phrase, on trouve la formule pour ne pas " épater le bourgeois ",
la plus à droite possible. " Il faut renforcer les services
publics contre la logique de privatisations " sans parler de revenir
sur toutes les privatisations et nationaliser les services publics ; " faire
le choix d'une politique de solidarité et de co-développement "
sans dire un mot du retrait des troupes françaises de l'Afrique. Tout
est rédigé de cette manière : une combinaison de formules
creuses, de reculs, de soumission aux lois du marché, à la propriété
privée, au régime politique. On peut dire que ce " programme "
est parfaitement compatible avec celui de Laurent Fabius
et aussi de Strauss
Khan. Quand l'antilibéralisme doit formuler des plateformes politiques,
la gauche de la gauche glisse vers le social libéralisme.
Si on reconnaît un arbre à ses fruits, l'antilibéralisme
est à l'avance stérile. Sa seule justification est de gêner
l'émergence d'une force politique anticapitaliste, d'entraver toute tentative
d'unité entre militants et organisations révolutionnaires.
Pourtant, l'offensive réactionnaire et antisociale de la droite et du
patronat, l'échec des luttes comme celle des cheminots de la ligne D
du RER en Île de France mettent au premier plan de nos préoccupations
l'objectif de construire l'unité des travailleurs pour les mobilisations
et la préparation d'un mouvement d'ensemble.
L'urgence aujourd'hui est de mettre en uvre un plan, une politique pour
les travailleurs loin des calculs et ambitions électorales.
Marcelo
N.
1905-2005
: cent ans après le vote des lois laïques,
Défendre les droits démocratiques dans la lutte pour l'émancipation
Les lois laïques
ont cent ans. Adoptées le 9 décembre 1905, elles parachevaient,
avec bien des limites, le processus de laïcisation de l'Etat qu'avaient
engagé la Révolution française et l'esprit des Lumières
et aboutissaient à la séparation des Eglises et de l'Etat.
Le débat sur la laïcité est revenu sur le devant de la scène
politique depuis qu'en 1989, à partir du collège de Creil, des
intégristes islamistes ont tenté d'imposer le port du voile à
l'intérieur des établissements scolaires. Bien que le port du
voile soit avant tout le problème de l'oppression des femmes, la loi
de 2003 sur l'interdiction des signes ostensibles d'appartenance religieuse
à l'école a une nouvelle fois ravivé le débat laïque
et donné l'occasion à Chirac d'une croisade pour la laïcité
à la française, " l'étendard de la République "
qui aurait permis l'intégration sociale de générations
d'enfants d'immigrés aux cultures et religions multiples.
L'explosion de révolte de la jeunesse dans les banlieues est en train
de renverser brutalement ce mythe d'une laïcité qui intègrerait,
en révélant la profondeur des inégalités, des discriminations,
du racisme et de l'exclusion dont sont victimes les jeunes des milieux les plus
populaires et particulièrement ceux issus de l'immigration. La violence
sociale contre la jeunesse ouvrière défavorisée que représentent
le chômage massif, la précarité, l'exclusion, avec la criminalisation
et la répression comme corollaire, renforcent les réactions de
repli, les communautarismes et ceux qui s'en nourrissent, les intégrismes
religieux sous toutes leurs formes.
Le débat est relancé. Il y a ceux qui voudraient réviser
les lois de 1905, qui ne seraient plus aujourd'hui adaptées à
notre époque où, en particulier l'islam, pratiquement inexistant
au début du siècle dernier, est devenu la deuxième religion
en France. Ils voudraient financer ses mosquées et lieux de culte, comme
le souhaite aujourd'hui Sarkozy qui plaide pour réviser la loi, en prétendant
lutter contre le communautarisme. C'est aussi au nom de la lutte contre les
communautarismes que les laïques de la République défendent
les lois de 1905, oubliant parfois que la République s'est fort bien
accommodée des intrusions croissantes de l'Eglise, principalement catholique,
dans le domaine public, en particulier de l'enseignement.
Un siècle de développement capitaliste ont profondément
changé les conditions qui avaient marqué le vote de 1905 et la
crise actuelle du capitalisme avec la régression sociale qu'elle engendre
en révèle les limites. La séparation des Eglises et de
l'Etat représente une avancée démocratique importante qui
a fait partie intégrante des luttes du mouvement ouvrier et qui reste
un acquis que nous défendons contre l'offensive de ceux qui voudraient
imposer à tous leur préjugés, leur obscurantisme, leur
mépris des femmes. Ce combat démocratique se heurte aux limites
de la république capitaliste, colonialiste et impérialiste. Son
dépassement passe par la lutte pour l'émancipation sociale.
Camarades
et ami(e)s lectrices et lecteurs, vous pourrez poursuivre la lecture de cet
article dans le cadre de notre rétrospective sur l'année 1905
en vous reportant sur notre site. Accéder
à la totalité de l'article.
Catherine
Aulnay