Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°119
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21
septembre 2006
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Sommaire : | ||||||||||
2007 : le temps des clarifications | ||||||||||
5 ans après les attentats du 11 septembre, le terrorisme libéral et impérialiste soulève la révolte | ||||||||||
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2007 : le temps des clarifications
A marche forcée :
c'est ainsi que le PCF a voulu clore une bonne fois les débats, lors
de la rencontre nationale des collectifs à Saint-Denis le 10 septembre,
puis à la fête de l'Humanité.
" Le débat est aujourd'hui tranché "
avait immédiatement prévenu l'éditorialiste de l'Humanité
dans son numéro du lundi 11 septembre. " Le fait est que
ce débat a conduit à un accord général sur des objectifs,
une démarche et une méthode " avait renchéri
la direction du PCF dans un communiqué envoyé le lendemain. Depuis,
elle n'a guère varié.
Comme pour souligner le propos, les sifflets de militants sans doute gagnés
par un excès d'enthousiasme spontané sont venus accueillir l'intervention
de la camarade de la LCR portant la contradiction lors du débat organisée
par le collectif unitaire national. La campagne du Parti communiste est désormais
lancée, au nom bien sûr des aspirations unitaires défendues
par les collectifs.
La mise sur orbite de la candidature Buffet n'est pourtant pas gagnée.
Il reste toujours quelques candidat-e-s et prétendant-e-s " disponibles ",
animé-e-s par un même rêve. Mais c'est un rêve que
Marie-George Buffet s'est empressée de revendiquer pour elle-même,
à la Courneuve, avec une bonne dose de surenchère lors de son
intervention sur la grande scène : " Je joue la gagne
parce que nous sommes majoritaires et que les moyens existent pour une autre
politique [
]. En 2005, à la fin des meetings pour le " non
", je disais souvent : fermez les yeux, imaginez la tête des partisans
du "oui" si le "non" l'emporte. Ce que j'ai envie de vous
dire aujourd'hui : fermez les yeux ! Imaginez ce qui pourrait se déclencher
dans ce pays si, avec la gauche populaire, vous créiez encore la surprise.
Alors allons-y ! Nous sommes toutes et tous ici en campagne ".
Difficile donc pour José, Clémentine et les autres d'être
plus enthousiastes que Marie-George. Mais il faut quand même un sacré
aplomb pour spéculer sur des rêveries aussi inconsistantes que
celles d'une " gauche antilibérale " censée
arriver en tête le soir du premier tour, devant le ou la candidate socialiste !
De la part des dirigeants du PCF, ce faux-semblant sur les rapports de force
réels est bien révélateur : il suffirait donc de croire
que la question d'un ralliement honteux au PS ne se pose pas, puisque les miracles
(électoraux) existent
A ce niveau de discussion, il est assez logique que le PCF en soit réduit
à des postures d'un autre âge. Certes, les épouvantails
ont changé depuis les années 1970, lorsque l'extrême-gauche
était accusée de faire le jeu de la droite dès qu'elle
critiquait Mitterrand et l'union de la gauche. Mais la mise en demeure est la
même : la LCR divise, et en divisant elle prend le risque de gâcher
cette belle victoire de la " gauche antilibérale "
qui nous attend. La LCR, forcément, fait le jeu de Ségolène
Royal.
Pour le PCF, il y a donc à nouveau deux camps. Il y a ceux qui avancent
et il y a ceux qui freinent. Buffet est la candidate de l'unité et de
l'espoir. Besancenot est le candidat de la " désunion "
et de l'échec programmé.
Haro donc sur la LCR, coupable de vouloir saborder le grand rêve du grand
soir électoral ! Et feu sur la " gauche protestataire "
qui se condamne, c'est sûr, à rester éternellement impuissante
et minoritaire.
Une
mise en scène programmée depuis longtemps par le PCF
Il faut reconnaître au Parti communiste au moins une qualité :
c'est sa constance depuis plus d'une an. D'une certaine manière, sa secrétaire
nationale n'a jamais menti sur la question des alliances, en s'exprimant sans
ambages dès le soir du 29 mai : " J'appelle à
ce que se tiennent dans chaque commune de France, dans les jours qui viennent,
des assemblées de celles et ceux, citoyennes et citoyens, élus
et responsables politiques, organisations qui ont permis la victoire. J'invite
de tout cur à y prendre toute leur place les femmes et les hommes,
les organisations de gauche qui, bien qu'ayant choisi le " oui ",
voudront participer avec nous à l'aventure exaltante de construction
d'une autre Europe, et d'une véritable alternative de gauche dans notre
pays ". Puis elle concluait (renouant au passage avec un vocabulaire
qui était celui de l'union de la gauche dans les années 1970) :
" Forgeons ensemble à gauche l'Union populaire pour changer
nos vies ".
On ne pouvait donc pas être plus explicite sur les véritables perspectives
qui ont toujours été celles des dirigeants du PCF : tenter
la réconciliation du "oui" et du "non" de gauche
pour reconstruire des possibilités d'alliance avec le Parti socialiste,
tout en essayant de peser un peu plus, avec l'aide de l'extrême-gauche
si c'est possible.
Malheureusement, on ne peut que constater aujourd'hui à quel point la
tâche de ces dirigeants réformistes a été facilitée
par les ambiguïtés de " l'antilibéralisme ",
et par le détournement presque immédiat des collectifs du 29 mai
sur des préoccupations exclusivement électorales.
Cela a commencé dès la première rencontre nationale des
collectifs le 25 juin 2005 à Nanterre par un curieux renversement de
perspective qui s'est exprimé dans les débats comme dans la déclaration
finale : si les luttes ont eu du mal à être victorieuses,
c'est parce qu'elles auraient manqué de perspectives électorales
crédibles et de débouché politique. La priorité
était donc aux élections, de toute urgence, plutôt qu'aux
luttes (afin de pallier les défaillances éventuelles, ou plutôt
avérées, des directions syndicales).
C'est donc assez logiquement que les collectifs issus de la campagne du 29 mai
ont peu participé aux luttes et beaucoup discuté des questions
électorales. La feuille de route a été tracée en
ce sens, malheureusement dès le début.
Le PCF a été aussi aidé dans son opération par l'absence
de clarification sur la question du programme. A la " charte antilibérale "
vite tombée dans l'oubli après les assises du 13 mai (surtout
préoccupées de promouvoir des comités pour des candidatures
unitaires à la veille de la conférence nationale de la LCR) a
succédé depuis une autre ébauche de programme qui n'est
pas meilleure.
Elle n'est guère originale non plus : il suffit de la comparer avec
la dernière version du programme distribuée par le PCF à
la fête de l'Humanité (" Quatre engagements
pour une politique de gauche qui change vraiment la vie ") pour
avoir une petite idée sur le degré d'expertise de certains auteurs
en matière de clonage politique.
Cette ébauche de programme est le contraire d'un plan d'urgence. Il n'y
a rien qui permettent à des travailleurs en lutte de s'en emparer pour
commencer à changer durablement le rapport de force, en mettant à
l'ordre du jour la question du contrôle. Au contraire, tout est vu sous
l'angle de la victoire électorale, avec son lot de promesses d'autant
plus nombreuses qu'il faut donner l'impression de n'avoir oublié personne
Des promesses qui pour l'instant évitent tout de même des revendications
aussi simples et fondamentales que les 300 euros pour tous, ou l'interdiction
des licenciements, préférant parler d'une vague " conférence
nationale sur les salaires ", et dissertant longuement sur les
avantages du " statut du salarié ", ce qui revient
à vanter les mérites d'un accompagnement social des licenciements
au lieu de les combattre
Tout un programme en effet !
Les
enjeux d'une campagne anticapitaliste
Ce qui nous préoccupe aujourd'hui n'est pas de savoir si Marie-George
devrait céder la place à d'autres, parce qu'elle est la dirigeante
d'un parti. Il n'y a aucune raison de cautionner la moindre démagogie
sur cette question, et le problème est évidemment d'un autre ordre.
Que José Bové ou Clémentine Autain prennent sa place ne
changerait rien, parce qu'ils ne représentent rien qui diffère
fondamentalement avec la politique et les perspectives défendues par
Marie-George Buffet.
A l'inverse, le choix d'Olivier Besancenot comme candidat unitaire donnerait
évidemment une autre signification à cette démarche, bien
plus claire vis-à-vis du PS. Il n'y a donc aucune raison de ne pas vouloir
la défendre à priori.
Comme il n'y a aucune raison à séparer artificiellement les questions
qui touchent aux problèmes d'alliance, de programme et de personne. Les
camarades du PCF n'ont pas tort de dire que la question de l'alliance avec le
PS est une question de bon sens et d'arithmétique
tant que l'on
reste dans des perspectives électorales et gouvernementales. A l'inverse,
si nous voulons rendre crédible le refus de toute alliance avec le PS,
ce sont bien d'autres perspectives qu'il faut défendre, avec un tout
autre programme que celui qui a commencé à être ébauché
dans le cadre des collectifs.
Ce sont ces questions qu'il faut continuer à débattre. De ce point
de vue, le texte adopté à la conférence nationale de la
LCR en juin reste plus que jamais notre feuille de route.
Ce qui justifie et légitime la candidature d'Olivier Besancenot, c'est
la situation politique elle même et la nécessité de défendre
une perspective anticapitaliste ; c'est le plan d'urgence (et non telle ou telle
mesure prise isolément) ; et c'est la nécessité de
mener la bataille politique pour que dans la rue comme dans les élections,
auprès du Parti communiste comme de Lutte ouvrière, ce plan d'urgence
devienne effectivement un outil au service de tous pour changer le rapport de
force, sans attendre 2007, et quel que soit le gouvernement élu en 2007.
Cette bataille, nous devons la continuer pour mener jusqu'à leur terme
des décantations politiques qui sont loin d'être achevées,
ainsi que pour les luttes qui seules permettront de changer le rapport de force,
et donc la situation politique.
Il est aujourd'hui extrêmement positif que les questions de participation
à un gouvernement se posent avec autant d'acuité bien avant les
élections. C'est un fait en partie nouveau, car la direction du PCF est
en difficulté comme elle ne l'a jamais été auparavant,
notamment parce que la LCR a réussi à forcer le débat (et
même si on peut regretter qu'elle n'ait pas été suffisamment
offensive et suffisamment claire au cours de l'année passée pour
approfondir un peu mieux ces décantations).
Aujourd'hui, il reste à transformer l'essai en faisant de la candidature
d'Olivier Besancenot l'axe d'un regroupement anticapitaliste, en maintenant
une démarche d'unité en direction des militants et des sympathisants
qui seront inévitablement déboussolés, voir écurés
par le retournement des dirigeants du Parti communiste.
Mais c'est également sans attendre que nous devons faire du plan d'urgence
un outil pour les luttes. Les luttes et les élections ne sont pas deux
questions séparées, voir opposées. Le plan d'urgence n'est
pas pour nous un moyen de nous distinguer des autres, encore moins de nous délimiter
à tout prix. Ce plan d'urgence, nous l'adressons à toutes celles
et à tous ceux qui veulent bien le défendre avec nous, dans les
élections si c'est possible, et en dehors sinon, sans attendre 2007 pour
que la colère et les révoltes du monde du travail viennent perturber
le jeu bien huilé de la campagne électorale qu'on nous prépare
déjà et que l'on voudrait réduire à une lutte entre
Sarkozy et Ségolène Royal, pourtant au service d'une même
politique patronale.
La campagne qui s'annonce devant nous est enthousiasmante. Loin des Cassandre
qui promettaient un déclin inévitable de l'extrême-gauche
après le 21 avril 2002, celle-ci a su démontrer à nouveau
son utilité, tant pour les luttes (notamment contre le CPE), que pour
débattre utilement des questions politiques qui continuent à agiter
le monde du travail, depuis le rejet du traité constitutionnel européen
jusqu'à l'affirmation qu'il peut y avoir une alternative aux renoncements
inévitables de la gauche plurielle n°2.
Cette alternative, nous la défendrons de la manière la plus large
et la plus ouverte possible, pour unir et regrouper autour d'une même
perspective et peut être d'un même parti, celles et ceux qui veulent
combattre jusqu'au bout et de manière conséquente le capitalisme,
par la lutte de classe. C'est le sens de notre démarche, démocratique
et révolutionnaire.
Jean-François
CABRAL
5
ans après les attentats du 11 septembre,
le terrorisme libéral et impérialiste soulève la révolte
Les cérémonies
de commémoration des attentats du 11 septembre ont pris l'allure de grandes
manuvres, cherchant à légitimer aux yeux de l'opinion la
politique militariste des USA et de leurs alliés.
Déjà le 10 août dernier, le ton était donné
à Londres où Scotland Yard déclarait avoir démantelé
un vaste complot qualifié de " tentative d'assassinat à
une échelle inimaginable ", qui aurait pu entraîner
" des milliers de victimes ", " pire
que le 11 septembre 2001 ", pouvait-on lire dans la presse.
Immédiatement, Bush saisissait cette campagne autour du " nouveau
11 septembre " pour déclarer que ce complot était
" le parfait rappel " que les Etats-Unis sont " en
guerre contre les fascistes islamiques ". Et les médias
ont repassé en boucle sur les antennes de télé les images
de l'effondrement des tours, pour accréditer le discours hypocrite de
Bush sur la " mission de démocratie de l'occident au Moyen
Orient ".
" La guerre n'est pas finie ", les Etats-Unis restent
" une nation en guerre " n'a-t-il cessé de
répéter tandis qu'il annonçait le renouvellement de l'état
d'urgence décrété le 14 septembre 2001. L'Administration
américaine joue sur la peur suscitée par les attentats terroristes
pour rappeler qu'il est hors de question de retirer les troupes américaines
d'Irak car " la sécurité de l'Amérique dépend
du résultat de la bataille dans les rues de Bagdad ", et
pour désigner sa prochaine cible, l'Iran, accusée de vouloir développer
son programme nucléaire à des fins militaires. " Si
nous ne réduisons pas ces ennemis maintenant, nous allons laisser nos
enfants être confrontés à un Moyen-Orient sous la domination
d'Etats terroristes et de dictateurs radicaux armés d'armes nucléaires.
Nous sommes engagés dans une guerre qui va fixer la marche pour le siècle
qui commence et déterminer le destin de millions de personnes dans le
monde ".
Ces commémorations du 11 septembre, relayées par tous les médias
sur la planète, étaient là pour rappeler au monde, ce que
Colin Powell annonçait au lendemain des attentats du 11 septembre, que
la guerre serait longue et meurtrière.
La
lutte contre le terrorisme pour justifier la guerre contre les peuples
" Après le 11 septembre, rien ne sera plus comme avant ",
" il y aura un avant et un après le 11 septembre "
répétaient les médias de l'époque, en écho
à la propagande des dirigeants américains qui cherchaient à
faire croire au monde occidental qu'une ère nouvelle commençait,
celle de la lutte du monde occidental contre ses nouveaux ennemis, le terrorisme
et les " Etats voyous ", désignés par
l'impérialisme américain, l'Irak, l'Iran et la Corée du
Nord. Les dirigeants américains prétendaient être investis
d'un nouveau rôle civilisateur, celui d'apporter la paix et la démocratie
dans le monde.
La lutte contre le terrorisme devenait de fait le nouvel étendard de
la lutte de l'impérialisme pour la domination des peuples.
La riposte " va être large, politique, économique,
diplomatique, militaire, elle sera non conventionnelle ", déclarait
Powell. Et c'est au nom de la nouvelle croisade du " Bien contre
le Mal ", que les Etats-Unis et leurs alliés déclenchaient
l'intervention militaire en Afghanistan, pour chasser les talibans prétendant
restaurer la démocratie dans le pays. Un an plus tard, l'Administration
américaine et son alliée britannique lançaient la guerre
" préventive, permanente, non conventionnelle "
(Powell) contre l'Irak, ayant recours aux mensonges et aux faux les plus grossiers
pour l'imposer à leurs propres populations.
Récession
et guerre, militarisme libéral et intervention étatique
Oui, il y a bien eu un tournant, une étape nouvelle, celle du redéploiement
de l'impérialisme américain à l'échelle mondiale,
sur le plan diplomatique, militaire et économique pour dominer et piller
les peuples. Les attentats ont bien marqué " un nouveau
basculement du monde ", dix ans après la fin de l'effondrement
de l'URSS et de la bureaucratie stalinienne, qui a laissé l'impérialisme
américain seul pour assurer les tâches de police contre les peuples
et les travailleurs et de maintien de l'ordre. Pour faire face à ce vide,
les dirigeants américains ont utilisé toutes les forces réactionnaires
susceptibles de soumettre les peuples comme en Afghanistan, jusqu'à ce
que ses propres créatures, les talibans, Ben Laden, se retournent contre
lui. Une nouvelle période dans la redéfinition des rapports entre
les grandes puissances comme entre elle et les autres Etats, s'est ouverte,
sous l'hégémonie américaine.
Les attentats sont intervenus comme une des conséquences et non pas une
cause de l'évolution de la politique de l'impérialisme dominant,
confronté sur le plan économique à un " retournement
de conjoncture ", qui nécessitait une nouvelle offensive
pour rétablir les taux de profits. " Le terrorisme va freiner
la globalisation ", s'inquiétait Fukuyama, le théoricien
néoconservateur de la fin de l'histoire, rappelant par là le véritable
objectif des grandes puissances, imposer par tous les moyens l'ouverture des
marchés, faire tomber tous les obstacles à la libre circulation
des capitaux et à l'exploitation du travail.
Les attentats sont intervenus dans un contexte économique de récession,
d'effondrement de l'industrie des nouvelles technologies, de pertes de profits
des compagnies aériennes qui, au lendemain même du 11 septembre,
en prenaient prétexte pour annoncer des milliers de licenciements. Selon
la Tribune, " les pertes abyssales des compagnies ont souvent
été mises sur le dos du 11 septembre 2001. Or ces attentats n'ont
fait qu'amplifier une crise sérieuse qui touchait depuis la fin 2000
les transporteurs américains... ". Dans le contexte de
récession économique, la bourgeoisie s'est lancée dans
une nouvelle offensive, à travers une nouvelle concentration du capital
et des restructurations qui se sont soldées par des centaines de milliers
de licenciements.
Pour ouvrir les marchés, mettre la main sur les richesses des peuples
et conquérir des positions stratégiques, l'impérialisme
américain est obligé d'intervenir directement, militairement et
il ne peut maintenir sa domination que par la guerre, en semant le chaos, en
dressant les peuples les uns contre les autres.
Un
bilan désastreux
La prétendue guerre contre le terrorisme et pour la démocratie
de l'Administration Bush n'a apporté que des destructions dramatiques,
le chaos politique et économique, et porté au Moyen Orient la
violence à son paroxysme. Après avoir inauguré la " croisade
contre l'Axe du mal " en Afghanistan contre les talibans, les
troupes américaines et leurs alliées, qui maintiennent la force
des armes contre la population, sont rejetées par elle et confrontées
au retour des talibans qui peuvent réoccuper aujourd'hui près
de la moitié du pays obligeant les puissances impérialistes à
renforcer leur présence avec l'envoi de nouvelles troupes. En Irak, l'occupation
du pays par la superpuissance américaine n'a fait que semer la dévastation
et plonger les populations dans le dénuement. Contrairement à
ce qu'ils avaient prétendu faire, les dirigeants américains ont
été incapables de mettre en place un gouvernement reconnu par
le peuple irakien. La violence de l'occupation militaire a conduit le pays à
une guerre sanglante entre les communautés qui prend les populations
en otage. Le projet du nouveau Moyen Orient soumis à la domination de
l'impérialisme américain se fait, selon les termes cyniques de
Condolizza Rice, dans " les douleurs de l'enfantement ".
Les Etats-Unis continuent d'être complices et de soutenir les exactions
d'Israël contre le peuple palestinien et les bombardements dans la bande
de Gaza. La guerre au Liban menée par Israël avec leur complicité
et celle des troupes occidentales alliées qui y défendent les
intérêts de l'impérialisme dans le cadre de la FINUL, a
été une nouvelle étape de cette guerre dont la prochaine
pourrait être l'Iran et la Syrie.
La politique de Bush a produit les effets inverses des objectifs de paix, de
démocratie, de stabilité de la planète qu'elle prétendait
apporter au monde. L'agression impérialiste contre les peuples, loin
d'éradiquer le terrorisme n'a fait que le renforcer, comme elle renforce
l'influence de l'islamisme politique dans tout le Moyen Orient, résultat
des dévastations qu'elle cause, du chaos politique et économique
qu'elle crée.
A l'intérieur, le gouvernement Bush mène la guerre contre sa propre
population pour imposer le militarisme contre les peuples à l'extérieur,
par des politiques sécuritaires et de répression. Au nom de la
sécurité nationale, il a profité des attentats pour imposer
le " patriot Act ", arsenal de lois répressives qui
visent les militants et la population immigrée en général,
avec l'accélération de la militarisation de la frontière
États-Unis - Mexique.
Tout cela s'inscrit dans un contexte économique que les médias
présentent comme florissant, avec une croissance mondiale de plus de
4 % et des profits records. L'industrie de guerre rebooste l'économie
américaine grâce aux gigantesques commandes de l'Etat au service
des multinationales. " Le budget du Pentagone connaît une
augmentation quasi exponentielle depuis 2002. De même que les profits
du plus gros marchand d'armes de la planète, Lockheed Martin, qui ont
augmenté de 60 % pendant les trois premiers mois de 2006 ",
citait La Tribune. Mais cette embellie économique se crée
sur la base d'un endettement colossal, qui atteint plus de 3 000 milliards de
dollars, et qui est gros d'une prochaine crise dont les conséquences
seront démultipliées.
La
guerre de 33 jours contre le Liban, un tournant
La guerre des 33 jours au Liban, dernier épisode de la croisade contre
le terrorisme de Bush et de ses alliés israélien et européens,
constitue un tournant de par la mise en échec des objectifs de l'impérialisme.
L'agression meurtrière, qui visait à vaincre militairement le
Hezbollah pour le couper des populations chiites en le rendant responsable des
massacres et des destructions, a conduit à l'effet inverse et s'est heurtée
à une résistance du peuple libanais que les dirigeants américains
et israéliens n'avaient pas prévue. N'ayant pu soumettre par les
armes le peuple libanais, l'impérialisme s'engage aujourd'hui dans une
internationalisation croissante du conflit à travers l'installation massive
des troupes de l'ONU lourdement armées aux frontières entre le
Liban et Israël.
A la tribune de l'ONU, Bush a appelé au " soutien de la
démocratie au Moyen Orient ", reprenant ses litanies mensongères
pour justifier la guerre. Il convainc de moins en moins et doit affronter un
retournement de l'opinion et des critiques y compris dans ses propres rangs.
60 % de l'opinion américaine s'oppose aujourd'hui à la guerre
en Irak et demande le retrait des troupes.
L'échec de l'impérialisme au Liban crée des failles dans
son propre camp et révèle ses faiblesses. Il crée les conditions
d'une contestation radicale du système, ouvre de nouvelles perspectives
à condition que l'anti-impérialisme prenne comme drapeau l'internationalisme
des opprimés et non celui du nationalisme et de la religion.
Et cela dépend pour beaucoup de notre propre capacité à
combattre les fauteurs de guerres, les grandes puissances, notre propre impérialisme.
Catherine
Aulnay et Denis Seillat