Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°179
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6 décembre 2007
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Sommaire : | ||||||||||
Sarkozy, la fuite en avant | ||||||||||
La jeunesse à la recherche d'une politique | ||||||||||
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A
peine revenu de Chine avec ses amis patrons qui ont empoché 20 milliards
d'euros de commandes, et avant de repartir en Algérie négocier
quelques 5 milliards de contrats au bénéfice de Total et Areva,
Sarkozy nous a présenté à la télévision jeudi
29 novembre, son plan pour le "pouvoir d'achat".
Avec son arrogance habituelle, il a tenté d'éviter de répondre
à toutes les questions qui le dérangeaient, montrant son mépris
pour le travail des journalistes, taxés de "mauvaise foi" ou
à qui il assène, en toute modestie : "j'ai été
élu pour changer la France, pas pour commenter... ". Dissertant
sur "il n'y a ni vaincu ni vainqueur", prétendant "je
veux dire la vérité aux Français", il a rappelé
que c'est lui le "chef", et affirmé que sa place est devant,
sur tous les terrains, en Chine ou en Algérie pour aider les patrons
"français" à arracher des contrats, en France pour faire
face aux problèmes des Français, pouvoir d'achat, sécurité
Alors que la crise sociale s'aggrave, que les "réformes" déjà
mises en place ou en cours ont montré leur véritable nature et
ouvert les yeux à bien de ceux qui s'étaient laissés prendre
aux discours électoraux, les mesures qu'il a annoncées accentuent
encore la politique du travailler plus pour gagner plus, ce bluff cynique, ce
mensonge officiel qui n'a d'autre objectif que de faire passer une politique
visant à diminuer le pouvoir d'achat.
Sarkozy, à peine les grèves momentanément arrêtées,
ne peut accorder une pause à son offensive. Il faut qu'il reprenne l'avantage,
faire oublier que la grève l'a contraint à négocier, qu'il
subjugue l'opinion, qu'il tire au maximum partie des capitulations des confédérations
syndicales. Il ne faut pas laisser le temps à l'opinion de se ressaisir,
aux travailleurs de refaire leur force, de tirer les enseignements de la lutte
Et en prime, il mène son offensive contre les classes dangereuses, les
classes populaires vivant dans les cités, les jeunes. Sarkozy nous a
livré le fond de sa pensée sur les affrontements de Villiers-le-Bel.
Il n'y a selon lui, aucune raison de considérer que les explosions des
banlieues auraient des origines sociales. Il s'agit du fait de voyous, de trafiquants
de drogue, de malfaiteurs, qui n'hésitent pas à faire usage d'armes
à feu contre les forces de l'ordre, et à qui il promet la cours
d'assises. Les mesures pour y faire face ? Plus de répression, plus de
flics, mieux armés et disposant d'hélicoptères,
et
"l'immigration choisie" ! Depuis, un pas de plus a été
franchi vers le monde policier que nous promet Sarkozy, avec la distribution
par la police, à la population des cités où se sont produits
les affrontements, de tracts incitant à la délation anonyme contre
une récompense de quelques milliers d'euros. Pas pour déterminer
les circonstances de l'accident dans lequel deux jeunes ont trouvé la
mort, mais pour trouver ceux qui ont tiré sur les flics avec des fusils
de chasse.
Les mesures pour le "pouvoir d'achat" évitent soigneusement
de parler de salaire et reprennent, en l'aggravant, le thème du "travailler
plus pour gagner plus" : à la réforme sur les heures
supplémentaires déjà votée, il propose d'ajouter
la possibilité de négocier, entreprise par entreprise, la durée
du travail, autrement dit de passer outre à la loi sur les 35 heures,
en échange d'une augmentation de salaire, la possibilité de "monétiser"
les RTT, etc
Autre source de "pouvoir d'achat", les "participations"
des salariés dans les entreprises de plus de 50 salariés, qui
seraient désormais débloquées, et pour les salariés
des entreprises qui n'y ont pas accès, une prime exonérée
de charges. Il a aussi promis que l'Etat paierait les heures supplémentaires
qu'il doit à ses employés
Concernant le problème du logement, il propose d'indexer les loyers sur
le coût de la vie au lieu du coût de la construction, ce qui réduirait
les augmentations... tant que le coût de la vie augmente moins vite que
celui des constructions.
Il s'agirait aussi de réduire les cautions et autres garanties financières
qui constituent un obstacle à la location d'un logement pour bien des
familles. Mais cette proposition suscite une protestation véhémente
des propriétaires. C'est sûrement pourquoi on ne la retrouve pas
dans la loi que prépare Fillon, concernant la mise en uvre du "plan
pouvoir d'achat" de Sarkozy, dès janvier 2008 : déblocage
des participations ou prime de 1000 euros, rachat des jours de RTT, indexation
des loyers sur le coût de la vie
Le complément indispensable de cette politique, c'est l'appel aux "partenaires
sociaux", aux vertus du "dialogue social". Après avoir
félicité les partenaires sociaux sur leur "volonté
de dialogue", il a réaffirmé sa volonté de les associer
à l'avancée de son "projet". Des compliments qui ne
visent qu'à mettre encore un peu plus à sa botte les directions
des grandes confédérations syndicales.
Le lendemain, Chérèque, tout à son rôle de faire-valoir,
a trouvé que "les réponses [de Sarkozy à la
télé] ne sont pas au niveau de ce que l'on attendait"...
avant de courir, ainsi que Thibault et Mailly, à l'Elysée, dès
le week-end, discuter d'une date pour mettre en place, courant décembre,
l'"agenda social 2008", autrement dit le calendrier des futures mesures
antisociales du gouvernement et du patronat.
Et pendant ce temps, les négociations sur la "modernisation du marché
du travail" continuent entre syndicats et patronat, dont les objectifs,
rappelés par Parisot, sont clairs : "le point important
pour nous [le Medef] est d'instituer de nouvelles modalités de
séparation (d'un salarié d'une entreprise), afin que les choses
soient moins longues", il s'agit d'"instituer quelque chose
qui soit à la fois moins coûteux et plus sécurisant pour
les entreprises et les salariés".
Le
voile se déchire
Sarkozy n'a d'autre choix que la fuite en avant car l'arrogance et le mépris
de son discours en totale contradiction avec la réalité de sa
politique de classe en faveur des riches et des patrons se révèle
rapidement, choque, indigne, révolte.
La violence des rapports de classe, de la guerre que mènent sans relâche
patronat et gouvernement contre la population, travailleurs, jeunes, immigrés
sans papiers, chômeurs, retraités... suscite des réponses
qui échappent au "cadre institutionnel". L'explosion de Villiers-le-Bel
est l'expression de l'immense ras-le-bol qui s'accumule dans les quartiers où
vit la population la plus défavorisée, contre une situation sociale
insupportable, contre l'omniprésence de la police. Les travailleurs,
les jeunes, font face aux attaques du gouvernement et du patronat sur leur propre
terrain, celui de l'affrontement social direct, par la grève, le blocage
des Universités et des Lycées, les manifestations.
Le PS, d'accord sur le fond des réformes et n'en discutant que la forme,
et dans son sillage le PC, sont totalement intégrés au jeu des
institutions. Leurs "combats parlementaires" dérisoires, à
coup de petites phrases, "d'interpellations" et d'amendements n'en
révèlent que mieux la véritable nature, la farce de la
"démocratie parlementaire".
Les directions syndicales se plient au calendrier et au jeu des réformes
du gouvernement et du patronat. Elles font tout pour éviter l'affrontement,
telles les fédérations de fonctionnaires, qui se sont empressées
d'accepter le rendez-vous fixé par le ministre de la Fonction publique
pour discuter de "pouvoir d'achat", et en ont profité pour
passer à la trappe la journée d'action envisagée pour début
décembre, une véritable dérobade après l'ampleur
de la mobilisation du 20 novembre. Elles négocient des "contreparties",
tout en tentant de dévoyer les luttes de leurs véritables revendications
pour en faire des soutiens à leur "dialogue social". Elles
ont singées, sur ce terrain, par leurs homologues étudiantes et
lycéennes, l'UNEF appelant à l'arrêt du mouvement, l'UNL
et la FIDL "satisfaites" de leur rencontre avec Pécresse et
Darcos
A la sortie de la réunion du 4 de la commission tripartite de la SNCF,
les représentants de la CFDT annonçaient que "les mesures
salariales annulent complètement les effets négatifs de l'allongement
de la durée du travail", une façon de rappeler que, pour
eux, l'affaire est entendue, il n'est plus question du maintien des 37,5 annuités.
La CGT, plus prudente, se félicitait des "mesures salariales
non négligeables", mais disait que "ça peut repartir
parce que les cheminots sont très déterminés sur le terrain.
Le temps passe et ça agace". Elle appelle à des rassemblements
sur les sites de travail ou devant les préfectures afin de "peser"
sur les négociations à l'occasion de la prochaine rencontre tripartite.
L'intersyndicale des Industries de l'électricité et du gaz, qui
ne dit pas un mot sur l'allongement du temps de cotisation, dénonce le
blocage de la commission tripartite sur le problème des salaires, et
annonce cependant une grève pour jeudi 6.
Après avoir contribué à diviser le mouvement en acceptant
des négociations branche par branche, les confédérations
syndicales font comme si la revendication centrale des grévistes, le
retrait de la réforme des régimes spéciaux, était
oubliée. Ils essaient maintenant de dévoyer une détermination
de la base toujours vivace en appelant à des manifestations de soutien
à des négociations sur des "compensations". Mais elles
ne sont pas sûres d'y réussir. C'est ce qui inquiète Sarkozy,
et c'est pourquoi il accentue sa propre pression, ses propres exigences.
C'est, pour nous, le signe d'une situation en train d'évoluer, d'un changement
qui s'opère dans la conscience des travailleurs et des jeunes en lutte,
qui s'impose aux directions syndicales, et qui, de ce fait, est porteuse d'une
véritable perspective de changement du rapport de force social.
Mais, si nous n'arrivons pas à aider à l'émergence d'une
nouvelle conscience de classe, lucide sur la nature des organisations même
des travailleurs, le regain de combativité pourrait céder la place
à une nouvelle phase de déprime.
Tirer
les leçons des mobilisations
Ce que nous venons de vivre à travers ce qui n'est peut-être qu'une
étape vers un mouvement plus profond révèle la réalité
de la politique de l'adversaire et de ses alliés. Elle nous aide aussi
à voir où résident nos propres forces : dans notre capacité
à prendre en main nos luttes, à les contrôler par des AG
démocratiques. Et comment aller plus loin, en élisant, dans les
AG de grévistes, des comités de grève, une direction centrale
de la grève qui nous représente réellement, et qui défende
nos véritables revendications au cours des négociations, sans
se laisser entraîner sur des " contreparties ".
Tirer les leçons des mobilisations, en discuter largement, sera le meilleur
point d'appui pour se préparer aux nouveaux rendez-vous, la lutte pour
de véritables augmentations de salaires, contre les nouvelles attaques
sur les retraites programmées par le gouvernement pour début 2008.
A travers ces discussions se construisent les liens militants pour avancer vers
la constitution d'un nouveau parti des travailleurs. Lutte ouvrière,
lors de son dernier congrès, a refusé de s'associer à ce
projet, dans lequel ses militants auraient pourtant toute leur place en continuité
avec ce qu'avait été sa politique en 1995, l'appel d'Arlette Laguiller
à un parti des travailleurs. Nous le regrettons, et il reste à
espérer que la réalité de la situation sociale finira par
s'imposer et vaincre des réflexes de repliement sur soi, de démoralisation.
Car si la situation sociale en souligne le besoin, elle rassemble aussi les
possibilités de construire, dès maintenant, par le bas, en regroupant
tous ceux et celles qui ne se résignent pas, une véritable force
représentant les intérêts des travailleurs, des jeunes,
des plus démunis, le parti de la solidarité, de l'entraide, de
la vérité.
Eric
Lemel
La jeunesse à la recherche d'une politique
La
"génération CPE" est à nouveau sur le devant
de la scène politique. Depuis plusieurs semaines, les étudiants
créent la surprise. Aux côtés des personnels d'université,
ils se mobilisent contre la loi LRU (Liberté et Responsabilités
des Université) qui constitue une nouvelle étape dans la privatisation
de l'enseignement supérieur.
En faisant voter la loi par le parlement en toute discrétion au beau
milieu de l'été, le 10 août dernier, le gouvernement souhaitait
se faire discret, craignant sans aucun doute cette jeunesse qui, en 2006, avait
démontré sa détermination et sa force et porté un
coup au gouvernement de Villepin, l'obligeant à retirer le CPE.
Mais la manuvre n'a pas suffi. Le 18 octobre des cortèges étudiants
défilent aux côtés des salariés. Le 25 octobre, un
premier blocage est voté à Rouen. Et, en quelques semaines, les
universités sont en grève dans tout le pays.
Blocage des facs, piquets de grève, manifestations, AGs, comités
de grève, coordination nationale, recherche de la convergence avec les
salariés en luttes, ce sont tout les acquis, toute l'expérience
accumulée de la mobilisation contre le CPE qui sont réemployés
dans cette nouvelle phase de confrontation avec le gouvernement.
Rejoint par les lycéens qui sont entrés en lutte contre la loi
d'autonomie des facs, la casse de l'éducation, la suppression annoncée
de milliers de postes d'enseignants et le projet de réforme du bac pro
défendue par Darcos, la mobilisation de la jeunesse alimente et prolonge
le mouvement de contestations et de résistances sociales contre le gouvernement
et le patronat, marqué par la lutte des cheminots et les journées
du 18 octobre et du 20 novembre.
La jeune génération militante qui s'est formée dans les
AGs et la rue au cours des luttes de ses dernières années, en
particulier celle contre le CPE, a donc repris le fil de son combat. C'est celle
des jeunes qui se mobilisent massivement sur les facs et les lycées.
C'est aussi celle des jeunes salariés qui impulsent et construisent la
grève sur leurs boîtes, dans le public comme dans le privé,
pour la défense de leurs statuts, contre la casse des retraites, pour
les salaires
Chez les cheminots, les jeunes, très présents
sur les piquets de grève et dans les AGs, sont souvent parmi les plus
déterminés à reprendre la lutte demain.
Alors que la mobilisation des étudiants continue, aujourd'hui encore,
de porter la contestation de la politique de Sarkozy, les médias ignorent
le mouvement.
Et lorsque la ministre Valérie Pécresse, maître d'uvre
de la réforme des universités, dénonçant la mobilisation
étudiante, affirme que les blocages d'université sont d'abord
"politiques", elle ne s'y trompe pas. Si ces propos ne cherchent qu'à
discréditer le mouvement, à le marginaliser en invoquant la "manipulation"
politique des facultés par des "groupes d'extrême gauche",
un véritable mouvement de politisation, profond, démocratique,
est bien en cours dans la jeunesse. Sur les facs et les lycées, la contestation
va bien au-delà du combat contre la LRU. Les débats dans les AGs
révèlent des préoccupations et des aspirations bien plus
profondes. C'est le rejet de Sarkozy et de sa politique, le refus de se soumettre
à la logique de la rentabilité et du profit, l'expression d'un
mécontentement accumulé par tous face à une situation qui
ne cesse de se dégrader.
Le sentiment d'affrontement avec la droite, le gouvernement, l'Etat et même
le système, est en partie renforcé par les tentatives de casser
la grève des anti-bloqueurs, très clairement identifiés
comme des groupes pro-Sarkozy et pro-patronaux tel que l'UNI, et des administrations
qui organisent des référendums à bulletin secret sur les
facs contre les blocages au nom de la " démocratie ", renforcé
aussi face à la répression violente, l'envoi des CRS sur les facs
et les lycées.
Confrontée à la politique des grandes confédérations
syndicales qui ont fait barrage à toute idée de généralisation
d'un mouvement interprofessionnel, la mobilisation des étudiants, privée
de la jonction avec les salariés d'autres secteurs, se retrouve isolée.
Quant à l'UNEF, elle mène depuis le départ un double jeu
et, après avoir quitté la coordination nationale étudiante,
appelle maintenant, à l'issu d'une nouvelle phase de négociations
dont elle sort satisfaite, à lever les blocages et stopper la grève
dans les universités.
Le PS, qui, quant à lui, contresigne la politique du gouvernement en
affirmant son accord tant sur les régimes spéciaux que la privatisation
des universités, Royal défendant que "l'autonomie des
universités est une bonne réforme", accentue encore le
fossé qui le sépare des travailleurs et des jeunes en lutte qui
refusent de se soumettre à la fatalité
capitaliste.
Aussi, les jeunes grévistes font, en accéléré, l'expérience
des problèmes politiques qui sont ceux du mouvement ouvrier dans la période
actuelle. Conscients du rapport de force nécessaire à la victoire
de leur lutte et plus dégagés du poids et de l'influence des directions
syndicales, ils cherchent à construire une direction alternative à
la mobilisation et à fixer eux-mêmes les rythmes de sa construction
et de son élargissement en s'adressant directement aux salariés.
Mais le rejet légitime de la politique des directions syndicales et des
partis institutionnels ne peut suffire à définir des perspectives,
en particulier à la fraction des jeunes qui se radicalise et peut être
attirée par des mouvements autonomistes qui théorisent la désorganisation
et l'action isolée et minoritaire.
Face à ces difficultés, la jeunesse en lutte manque de point d'appui,
d'un cadre démocratique de solidarité et d'action collective commun
avec le monde du travail et qui porte consciemment un plan de bataille pour
la lutte, en toute indépendance des institutions, et la perspective d'une
transformation radicale de la société. C'est cet outil collectif
qu'il nous faut construire avec eux, au cur même de la mobilisation
: un nouveau parti pour construire les luttes et changer la société.
Il y a urgence à construire un outil militant qui porte les aspirations
de la jeunesse et lui donne les moyens de se battre contre ce système,
pour construire elle-même son avenir. Les récentes nuits d'émeutes
de Villiers-le-Bel nous le rappellent avec force en révélant une
fois de plus le malaise, la souffrance et la révolte d'une partie de
la jeunesse des banlieues qui subit au quotidien la précarité,
les discriminations et la violence du système, mais aussi le manque de
perspective et d'instrument collectif pour se battre.
Contre les attaques du gouvernement, contre les ravages du capitalisme, pour
défendre nos droits sociaux, nos revendications, notre droit à
décider de notre sort et de notre avenir, nous ne pouvons compter que
sur nous-mêmes, notre propre organisation. La jeune génération
en fait aujourd'hui l'expérience, plus encore qu'à travers le
mouvement contre le CPE.
Pour renverser le rapport de force, elle est appelée à surmonter
les difficultés de la situation : dégager les moyens militants,
organisationnels et politiques, du développement de la lutte d'ensemble,
face à l'immobilisme des directions syndicales et de la gauche parlementaire
et à une répression toujours plus forte. Renverser le rapport
de force nécessitera de provoquer une crise politique majeure, d'oser
contester directement, sur les terrains économiques et politiques, le
pouvoir de l'Etat et des patrons. Pour cela, la jeunesse a besoin de prendre
pleinement conscience du contenu politique de sa colère et de son combat,
de transformer sa révolte en perspectives pour l'ensemble de la société.
Il s'agit pour nous, par notre action dans la lutte même et les débats
que nous y portons, d'aider à cette maturation en nous appuyant sur les
expériences de mobilisation pour prolonger les raisonnements sur le terrain
politique, celui d'une contestation sociale globale dans la perspective d'une
transformation révolutionnaire de la société.
Clarisse
Fango, Vincent Campbell, Max