Débatmilitant | ||||||||||
Lettre publiée par des militants de la LCR |
n°205
|
16 octobre 2008
|
||||||||
|
||||||||||
|
||||||||||
Quand
il s'agissait de justifier la suppression de milliers de postes dans la fonction
publique, la privatisation des services publics, on nous expliquait que les
caisses de l'Etat étaient vides. Mais il n'a pas fallu plus de deux jours
à Sarkozy pour faire voter par le Parlement son plan de 360 milliards
de soutien aux banques. L'objectif en serait de garantir, sur les fonds publics,
les prêts que les banques pourraient consentir aux particuliers et aux
entreprises, et éviter ainsi le freinage de l'économie par le
blocage du crédit.
En réalité, alors que le système financier s'effondre,
de telles mesures n'ont d'autres but que d'éviter la banqueroute en continuant
d'alimenter les jeux spéculatifs, tout en y associant l'Etat, qui prend
l'argent de la mise dans la poche des contribuables.
Seuls les élus du PC se sont opposés à ce plan. Les dirigeants
du PS, eux, s'ont d'accord. Hollande l'a assuré, il n'était "pas
question de s'opposer à un plan qui permet au niveau européen
de sortir des premières tourmentes de la crise financière"
Si les élus PS, avec les Verts, se sont abstenus, c'est parce que le
plan de Sarkozy n'était pas "complet"
La décision lundi 13 octobre, de la plupart des gouvernements européens
de soutenir leurs banques (à hauteur de 1700 milliards d'euros) est venu
conclure un processus commencé avec la réunion du G7 samedi 11
et celle de l'Eurogroupe le lendemain. Mais ces mesures ne semblent pas avoir
calmé les spéculations ni conquis la confiance : après
une semaine d'effondrement sans précédent, les Bourses sont reparties
en hausse brutale pour à nouveau baisser...
Javier Solana, chef de la diplomatie européenne, se félicitait
à la sortie de la réunion de l'Eurogroupe que "la réunion
de Paris [ait] constitué un tournant historique dans cette crise financière".
José Manuel Barroso était, lui, moins optimiste : "Nous
n'attendons pas une solution miracle immédiate"
C'est qu'il est désormais clair pour tout le monde que la situation n'a
rien de passager et que loin de se limiter à la sphère financière,
la crise touche l'ensemble de l'économie. Les " spécialistes
" se succèdent à la télévision pour nous expliquer
la gravité de la situation, présentée comme inéluctable.
Tous approuvent les mesures prises par les Etats, comme seule solution pouvant
éviter le pire.
Car la crise que nous vivons n'est pas une crise comme on a pu en connaître
au cours des dernières décennies. Par sa gravité, sa profondeur,
par le fait qu'elle est globalisée, mondialisée au niveau financier
comme au niveau de la production et des échanges, tant il est vrai que
la sphère financière est indissociable du reste de l'économie,
nous assistons à un véritable basculement, auquel se préparent
les hauts dirigeants financiers et les Etats, pour assurer leur domination.
Le mouvement ouvrier doit formuler sa propre politique, opposer au plan de sauvetage
du capitalisme un plan de défense des intérêts des travailleurs,
de la population.
Une
crise globale et globalisée du capitalisme
La crise actuelle est la manifestation de la logique même du système
capitaliste, mais dans un contexte totalement inédit. L'essentiel des
manifestations de la crise, chute des subprimes, cracks boursiers, faillites
bancaires, crise du crédit, ralentissement de la production et des échanges,
début de récession
ont pris l'aspect d'un effondrement financier
sans précédent.
Cet effondrement est l'aboutissement de la phase de mondialisation libérale
qui s'est développée, entrecoupée de crises de moindre
ampleur, depuis la fin des années 1970. Le moteur de cette phase d'expansion
est la lutte de classe menée par les classes dominantes pour restaurer
et assurer leurs profits. Lutte de classe qui a développé l'exploitation
de la main d'uvre des pays pauvres, mis les salariés du monde entier
en concurrence, profité du développement du chômage pour
faire pression sur les salaires et les revenus de la population des pays riches.
L'intégration de la Chine, de l'Inde, du Brésil, au marché
capitaliste, a joué un rôle moteur dans cette offensive libérale
en permettant une croissance à moindre coût, ce qui est en train
de s'achever aujourd'hui.
Cette croissance, les profits qu'elle dégageait, ont alimenté
avec une ampleur sans précédent la spéculation financière
et la surchauffe économique. Tandis que se développaient les nouveaux
marchés des pays "émergents", la demande solvable de
la population des pays riches, en particulier des Etats-Unis, affaiblie par
la baisse des salaires consécutive aux attaques libérales, était
soutenue par des crédits très bon marché. Cette croissance
a permis l'envolée des spéculations, disséminant dans tout
le réseau financier international ces titres qui sont désormais
considérés comme "toxiques"
La crise des subprimes a été le signal qu'une étape était
franchie. Des millions d'emprunteurs populaires, étranglés par
leurs dettes et la baisse de leurs revenus, se sont trouvés dans l'incapacité
de payer leurs traites. Les "titres" qui représentaient leurs
dettes, gonflés par la spéculation, ont perdu toute valeur du
jour au lendemain, contraignant l'ensemble du système financier international
à "déprécier les actifs". C'était
le début de l'engrenage de la crise financière et du crédit
qui a fait partir en fumée en un peu plus d'une année, des milliards
de capitaux.
Masqué par la complexité des relations financières, par
l'aspect spectaculaire des faillites et des cracks boursiers, ce qui se trouve
aux origines de la crise, c'est le décalage croissant entre "l'exubérance"
financière assoiffée de profits et la capacité des marchés
à absorber les marchandises produites, car les profits ne se réalisent
que si les marchandises trouvent preneur
Les mouvements croisés de la croissance d'une bulle spéculative
enflée de capitaux avides de profits, et d'une production qui s'essouffle
en se heurtant aux limites du marché solvable se combinent pour créer
la crise de confiance.
L'évolution de ces dernières décennies a exacerbé
le processus, commencé depuis bien longtemps, de la concentration de
la propriété privée capitaliste entre les mains d'une poignée
de grands groupes financiers. C'est vers cette aristocratie financière
que convergent les flux de profits tirés de l'exploitation de millions
de travailleurs. Et c'est pour elle que les Etats mènent, à l'échelle
mondiale, la lutte de classe pour l'appropriation du profit.
Ces grands financiers exercent, par le biais de sociétés imbriquées
les unes dans les autres, de holdings, leur contrôle sur la quasi-totalité
de l'économie. Ils constituent une caste totalement parasitaire, qui
ne joue strictement aucun rôle productif. Les masses considérables
de capitaux qui transitent entre leurs mains ne connaissent pas d'autre critère
à leur utilisation que celui de leur rentabilité immédiate.
Le capital financier est devenu de plus en plus spéculatif, parasitaire.
Mais les jeux spéculatifs, sur les actions, sur les titres de toutes
espèces, ne sont qu'un moyen, pour les classes dominantes, de se répartir
les richesses tirées de l'exploitation. Que les mécanismes qui
génèrent ces richesses, ces profits "réels",
viennent à ralentir, et c'est tout le système financier qui se
retrouve asphyxié. La "confiance" disparaît, des milliards
et des milliards de capitaux accumulés dans les bulles spéculatives
partent en fumée dans l'effondrement des bourses, le crédit se
bloque, agissant en retour comme un frein sur la production et les échanges
Un
nouveau "1929" ?
La crise actuelle est parfois comparée à la grande crise de 1929.
Cela est vrai de par les mécanismes, et au sens où, comme elle,
la crise en cours indique un tournant majeur, un basculement. François
Chesnais écrit : (1)
" l'an passé s'est produite une véritable rupture
qui laisse loin derrière une longue phase d'expansion de l'économie
capitaliste mondiale " ; " cette rupture a marqué
le début d'un processus de crise avec des caractéristiques comparables
à la crise de 1929, bien qu'elle se développe dans un contexte
très différent ".
La crise de 1929 avait été précédée, aux
Etats-Unis, d'une période de croissance libérale, de spéculation
effrénée, comme une anticipation de ce que nous connaissons à
l'échelle mondiale aujourd'hui, alors que l'économie de l'Angleterre
et de la France se protégeaient par leurs frontières nationales,
instrument de l'exploitation de leurs empires coloniaux, et que l'Allemagne
étouffait dans le carcan du traité de Versailles. L'envolée
spéculative américaine s'est brisée sur les limites des
marchés solvables internationaux entraînant, en deux-trois ans,
l'ensemble des pays industrialisés dans la récession.
Les Etats-Unis tentaient, avec le New Deal, de faire face
à la crise à travers de multiples mesures de régulation,
de soutien de la consommation. En Allemagne, la bourgeoisie choisit, en 1933,
de briser la classe ouvrière en portant Hitler au pouvoir. En France,
elle tentait une politique de Front populaire, sorte de " New Deal
pour lilliputien " comme l'écrivait Trotsky (2)
Mais toutes ces "mesures" s'avérèrent impuissantes à
juguler les effets destructeurs de la crise, qui déboucha, dix ans plus
tard, en 1939, sur la 2ème guerre mondiale.
Une barbarie dans laquelle des millions d'êtres humains trouvèrent
la mort ; dans laquelle une masse considérable de capital accumulé
fut "purgée", détruite sous forme de machines de guerre,
d'usines et de villes bombardées
La situation actuelle est profondément différente. L'offensive
libérale a ouvert les frontières nationales dans un monde de liberté
capitaliste pour étendre son exploitation au monde entier, l'enserrer
dans ses réseaux financiers pour en capter toutes les sources de plus-value.
L'interdépendance des économies contraint les Etats à une
certaine coopération, Etats qui ont acquis une expérience et des
moyens considérables pour tenter sinon de maîtriser la crise du
moins d'éviter la catastrophe, l'effondrement brutal.
Le
socialisme à Wall Street ?
La crise a poussé les chefs d'Etat à changer leurs discours. Entraînés
à intervenir directement et massivement dans le sauvetage des organisations
financières, ils ont été contraints de contredire le "credo
libéral", leur laïus sur la " concurrence libre
et non faussée ". Mais cet "interventionnisme"
au service des patrons-financiers n'a rien de bien nouveau. Les Etats n'ont
jamais, en dépit de tous les discours, cessé d'intervenir dans
la vie économique et sociale au profit des classes dirigeantes. Les politiques
antisociales menées par tous les gouvernements depuis une trentaine d'années
en témoignent largement.
Simplement, face à l'effondrement financier, des degrés sont franchis,
comme celui de la décision récente de l'Etat US de prendre, pour
la première fois de son histoire, des participations dans le capital
des principales banques du pays pour se porter garant anticipant les difficultés
annoncées.
Financiers et gouvernants du monde entier nous parlent maintenant de "moralisation",
de "régulation". C'est leur nouveau baratin pour masquer
la véritable nature de l'intervention des Etats. Ce brutal souci "éthique"
n'empêche pas les moins touchés des organismes financiers de dépecer
ceux qui sont tombés. Sur fond de crise, les sommets des classes dominantes,
ceux de la finance, se réorganisent, se concentrent, dans leur incessante
lutte pour la domination.
Lors du débat sur le plan d'aide aux banques, J.M. Ayrault justifiait
l'abstention du PS par le fait que le plan de Nicolas Sarkozy " ne
résout qu'une partie des problèmes ", ajoutant que
" ce qu'il est possible de faire pour sauver le système
bancaire, il doit être possible de le faire aussi pour sauver les Français
de la récession ". Il faudrait accompagner l'aide aux banques
d'une politique de relance, d'aide aux petites entreprises, etc.
Mettre
en place, en quelque sorte, un nouveau New Deal
Mais les relations économiques et financières qui se sont tissées
en un demi-siècle ont totalement assujetti l'ensemble des acteurs économiques
aux jeux spéculatifs. Une partie de plus en plus importante du financement
des entreprises est passée entre les mains de fonds spéculatifs,
d'"hedge funds" et autres sociétés de LBO. Ces "industriels
de la finance" empruntent pour spéculer. Ils tirent leur profit
de l'écart entre l'argent récupéré en pressurant
les travailleurs, en restructurant, voire en vendant l'entreprise par morceaux,
et des montants de remboursement de leurs emprunts d'autant plus bas que les
taux de crédit étaient faibles. Les "rendements" obtenus,
dont certains pouvaient atteindre 40%, ont fait se multiplier ces organismes.
Attirées par les gains faciles, toutes les grandes banques ont créé
leurs propres fonds de "capital risque". Fin 2007, au niveau mondial,
1780 milliards de dollars, collectés par les grandes institutions financières
(banques, assureurs, fonds de pension
) transitaient par une dizaine de
milliers de "hedge funds" avant de s'investir dans "l'économie
réelle" à des fins purement spéculatives. Le durcissement
du crédit a porté un coup sévère aux "hedge
funds", précipitant la ruine de beaucoup d'entre eux et contribuant
à l'effondrement financier généralisé. Mais cela
n'a pas pour autant changé la nature des liens entre la finance et l'économie.
Tous les réseaux financiers sont envahis par des créances douteuses,
ces produits dits aujourd'hui toxiques
Le capital financier est devenu
essentiellement spéculatif, et tous les fonds injectés pour renflouer
les capitalistes risquent de disparaître dans un gouffre sans fond. Et
par ailleurs, il n'est pas question de remettre en cause les dérégulations,
la concurrence exacerbée, donc de se donner des moyens de contrôler.
Loin de tenter de réguler la folie financière, les Etats s'y intègrent.
Vers
un état de crise chronique
Les mesures prises nous sont présentées comme temporaires, le
temps que le système retrouve sa santé
Mais il est probable
que cette interpénétration des Etats et de la finance soit au
contraire la forme sous laquelle les sommets du capitalisme vont aborder l'après-crise
pour une période d'autant plus durable que les perspectives de trouver
de nouveaux terrains d'expansion semblent épuisées.
Cette après-crise a toutes les chances de prendre la forme d'une situation
de crise chronique, marquée par la stagnation ou la récession.
C'est à cela que se préparent les classes dominantes et les Etats.
Une poignée de grandes structures financières internationales
se renforcent, constituant de multiples liens avec les Etats. Un "libéralisme
d'Etat" se met en place, à travers lequel les gouvernements pourront
garantir directement le refinancement des banques et des assureurs, en puisant
dans les caisses publiques.
Quant aux "régulations" dont on nous promet la mise en place,
en particulier par des réformes des institutions internationales comme
le FMI, elles n'apporteront aucun remède à la situation. Ces institutions
seront, dans le prolongement de ce qu'elles sont actuellement, des lieux où
les conflits se règleront non en termes "éthiques" ou
"raisonnables", mais en termes de rapports de force.
La crise actuelle est révélatrice de l'affaiblissement économique,
politique et militaire des Etats-Unis à l'échelle mondiale. Il
y a une dizaine d'années, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du président
Carter et stratège de la politique des Etats-Unis, publiait Le Grand
Echiquier. Il y prévoyait, à juste titre, que " le
déclin des Etats-Unis est inévitable ". Mais son
objectif n'en restait pas moins de voir " comment rester la seule
superpuissance dominant le monde "
Maintenant que ce déclin est devenu palpable, ce programme, celui des
holdings financières qui contrôlent l'économie, garde toute
son actualité. La dépression chronique dans laquelle le monde
risque de s'enfoncer va accentuer la concurrence entre les groupes financiers.
Les tensions et les conflits internationaux vont se multiplier, tandis que les
Etats-Unis vont tout faire pour garder leur hégémonie.
Dans ce contexte, il est difficile de parier sur ce que va devenir l'Union européenne,
prise entre des forces centrifuges qui poussent chacun des Etats à intervenir
de façon indépendante pour maintenir à flot banques et
groupe financiers nationaux, et la nécessité d'agir de façon
concertée. La réunion de l'Eurogroupe du 12 septembre donne une
image caricaturale de cette situation : la " décision commune "
dont Sarkozy se félicite
c'est que chacun agira séparément,
en tapant dans les poches de ses propres contribuables, pour renflouer ses propres
banques
Sauvegarder
la domination des classes capitalistes
Les effets de la crise viennent s'ajouter, dans les pays riches comme dans les
pays pauvres, aux reculs sociaux accumulés pendant les années
de croissance du capitalisme. Dans les pays les plus pauvres, la famine s'est
ajoutée à la misère et aux épidémies, poussant
les populations à la révolte. Dans les pays riches, le chômage
repart à la hausse, sur fond d'économie en pleine récession
Des secteurs entiers sont touchés, à commencer par ceux des finances,
de la construction, de l'automobile, des transports.
La chute des Bourses, en plus de ruiner de nombreux petits boursicoteurs, a
par ailleurs mis à mal de nombreux fonds de pension, menaçant
les retraites de millions de personnes ; tout comme la présence
de titres "douteux" dans les multiples paquets financiers et autres
sicav menace les économies de nombreux petits épargnants.
Sur fond d'exacerbation de la concurrence entre capitalistes, face à
la perspective d'une récession chronique, le libéralisme d'Etat
continue son offensive contre les salariés et la population en général.
Le cynisme avec lequel X. Bertrand est venu présenter le week-end dernier
l'extension du travail du dimanche comme un remède a la baisse de la
consommation, et donc comme un moyen de faire face à la crise, donne
le ton !
Tout comme, à un degré supérieur, le fait d'imposer la
prise en compte par l'Etat des pertes à venir des banques par des emprunts
garantis par le produit des impôts payés par toute la population.
Les financiers, main dans la main avec les Etats, prétendent nous faire
payer leur crise pour préparer les conditions d'assurer leurs profits
de demain.
Défendre
les droits de travailleurs et de la population exige de contester la propriété
privée capitaliste, la finance
La banqueroute financière du système s'accompagne d'une véritable
banqueroute politique.
Le capitalisme, était, il y a encore quelques mois, présenté
comme un univers indépassable. Et on a vu il n'y pas si longtemps les
candidats à la direction du PS, Delanoë en tête, disserter
gravement sur le libéralisme, l'économie marché
tandis
que Sarkozy se félicitait d'avoir remporté la "victoire
idéologique"
La crise tranche le débat.
L'affaiblissement de la bourgeoisie s'accompagne de son discrédit. L'anarchie
capitaliste qui s'étale au grand jour, les mensonges par lesquels le
gouvernement a essayé de nous lanterner en dépit des évidences,
la manifestation de l'impuissance des dirigeants politiques et économiques
face au séisme financier est le signe manifeste que le capitalisme a
perdu la bataille idéologique.
La "crise de confiance" n'est pas uniquement financière et
ne se limite pas au milieu des spéculateurs. Elle est aussi politique
et, à ce titre, elle touche l'ensemble des couches populaires. C'est
sur ce terrain que germent les idées de la contestation et de la révolte.
Il faut que cette révolte se donne un contenu, une perspective politique
pour que les travailleurs puissent s'unir pour se défendre.
Gouvernements et financiers mettent en place leur plan pour faire payer la crise
aux travailleurs, à la population laborieuse. Ils accentuent leur offensive
de classe pour assurer leurs profits et leur domination.
A cette politique, nous devons opposer la nôtre. Ce ne sont pas nos revendications
qui ont conduit la société à la crise. Bien au contraire,
c'est la dégradation du rapport de force qui a laissé les mains
libres à la bourgeoisie pour mener sa politique de destruction. Il est
plus que jamais légitime et urgent de nous organiser pour refuser de
faire les frais de la crise et imposer nos propres exigences, la garantie d'un
emploi par le partage du travail entre tous, des revenus permettant de vivre
décemment...
Pour imposer la garantie de ces exigences élémentaires, les salariés,
la population n'ont aucune raison de craindre de mettre en cause les droits
de la bourgeoisie et de son Etat à se prévaloir sans limites de
ses titres de propriété. Les Etats capitalistes tentent de renflouer
les classes capitalistes alors que la concurrence et la loi du marché
opèrent une purge drastique. Si l'on veut sauver l'économie, c'est-à-dire
les capacités de produire ce sont les hommes ont besoin, il ne faut pas
craindre d'imposer le contrôle sur les moyens de crédit, les banques,
d'opérer une purge radicale, l'expropriation du capital financier spéculateur.
La question du pouvoir, de qui contrôle le fonctionnement de la société
est posée : une poignée de parasites financiers dont le seul critère
est la rentabilité de leurs capitaux, ou les travailleurs et la population
organisés démocratiquement en vue d'assurer la satisfaction des
besoins de tous.
C'est autour de cette perspective que devront se regrouper toutes les forces
sociales et politiques qui refusent de sacrifier les intérêts de
la collectivité à la logique des financiers et des Etats à
leur service.
Eric Lemel
1.
François Chesnais - Como la crisis del 29, o más
Un nuevo
contexto mundial - http://www.herramienta.com.ar
- retour à l'article
2. Trotsky - Le marxisme et notre époque - avril 1939
- http://marxists.anu.edu.au/francais/trotsky/oeuvres
- retour à l'article