Débatmilitant
a cessé de paraître
avec
la dissolution de la LCR dont étaient membres les militants
qui l'éditaient. Avec aussi, en conséquence, la fondation
du Nouveau parti anticapitaliste qui constitue à nos yeux
un fait politique qui marque une étape importante pour l'évolution
du mouvement révolutionnaire, pour celles et ceux qui refusent
de payer les frais de la crise du capitalisme, plus largement pour
l'ensemble du mouvement ouvrier confronté à sa propre
renaissance au moment où les classes capitalistes connaissent
une crise historique sans précédent. C'est bien la
signification qu'elle a prise tant pour le patronat et le gouvernement
que pour la gauche institutionnelle.
Par
lui-même, le fait d'engager le processus de fondation d'un
nouveau parti pour une transformation révolutionnaire de
la société pour construire un réel parti des
travailleurs, des opprimés, des jeunes au cur des bouleversements
économiques, sociaux, politiques que connaît le monde,
est un défi.
Il
rompt avec les méthodes " par en haut " pour penser
la construction du parti comme un processus lié aux évolutions
des consciences, aux luttes, dont il est lui-même acteur.
Il rompt avec les conceptions dogmatiques qui renvoient à
un passé figé pour écrire une nouvelle page,
riche des expériences du passé mais résolument
ouverte sur l'avenir.
La
nouvelle étape qui vient d'être franchie marque pour
cela un tournant, un saut qualitatif, pourrions-nous dire.
Depuis
l'effondrement du stalinisme et des partis qui en étaient
issus, accompagné de l'intégration de la social-démocratie
aux politiques libérales, il y a eu bien des tentatives de
répondre à cette crise historique du mouvement ouvrier
: l'appel sans suite d'Arlette Laguiller à un parti des travailleurs,
les tentatives de recomposition par en haut engagées par
bien des groupes de la IVième Internationale, la construction
abstraite et manipulatrice dont le POI est le résultat
L'apport nouveau du NPA est qu'il engage un processus démocratique
et révolutionnaire qui fait des travailleurs eux-mêmes,
des opprimés, des jeunes, les acteurs de la construction
de leur parti, qui ne craint aucune démocratie, aucun débat,
aucune confrontation.
Loin de nous la volonté d'idéaliser quoi que ce soit.
Bien des illusions et des ambiguïtés, des confusions
entre réforme ou révolution, des calculs électoralistes,
des méfiances à l'égard de la démocratie
peuvent exister. Les faiblesses sont multiples dont surtout la faible
implantation dans les entreprises. Mais un fait politique est là,
il vit, il répond aux besoins du moment, il s'impose à
tous. Il est là et notre tâche collective est de contribuer
à sa croissance, à lui donner des forces, à
construire et affirmer sa forte personnalité, celle d'un
parti ouvrier et populaire pour la lutte pour le pouvoir des travailleurs.
Nous
sommes de ceux qui pensent que cette tâche passe par un vaste
travail politique pour construire une cohérence, une homogénéité
fondées sur une conscience de classe socialiste, communiste,
une philosophie militante fondée sur la compréhension
de la lutte des classes comme le moteur de l'histoire qui conduit
à un monde débarrassé de l'exploitation et
de l'oppression, le communisme. Cette compréhension, c'est
le marxisme.
Construire
un cadre commun à des militants, des courants aux histoires
différentes, tenter de dégager le meilleur de ces
expériences, qui sont les objectifs même de l'ensemble
des initiateurs du NPA, nécessite une méthode politique
qui permette d'élaborer une compréhension commune
de la période et des tâches. Cette méthode,
c'est le marxisme. Non un marxisme rabaissé au rang d'une
idéologie, non un dogme ou des références toutes
faites au passé mais bien une méthode de pensée
matérialiste, militante, révolutionnaire vivante dont
personne, et surtout pas les initiateurs de ce bulletin, n'est le
dépositaire, un marxisme à écrire par notre
propre activité militante.
Nous
voudrions, avec nos moyens, contribuer à cette écriture.
C'est
pourquoi celles et ceux qui éditaient en tant que militants
de la LCR Débat militant ont décidé
d'initier une nouvelle lettre électronique, Débat
révolutionnaire. Débat militant entendait contribuer
à ce que se constitue un cadre permettant le regroupement
démocratique des militants des organisations révolutionnaires,
de ceux venant des vieux partis de la gauche institutionnelle, de
militants syndicalistes, de jeunes, de militants associatifs
Nous écrivions en nous définissant en 2001 : "
Les dernières années de développement capitaliste
où le marché devait apporter la démocratie
et le progrès ont en fait créé les conditions
d'une nouvelle crise qui débouche sur une phase de tensions
aiguës entre les grandes puissances et les peuples, entre les
classes et entre les grandes puissances elles-mêmes. De nouveaux
rapports de force vont se créer, bouleversant les équilibres
antérieurs. Le maintien de la domination impérialiste
sur le monde, la lutte pour un nouveau partage du monde qui s'engage
entraîneront conflits, explosions sociales qui, hors d'une
intervention des travailleurs et des peuples, sont lourds de menaces
pour toute l'humanité.
Cette
nouvelle situation fonde la nécessité d'un redéploiement
du mouvement ouvrier sur des bases démocratiques et révolutionnaires.
"
Nous
y sommes. La crise a pris toute sa dimension globale alors que nous
réussissions à créer ce cadre de regroupement
militant même si le regroupement des révolutionnaires
dans un même parti reste une étape à venir.
C'est la conjonction entre la crise globalisée, la nouvelle
montée des luttes et des mobilisations et la fondation du
NPA qui donne toute sa portée, sa force et sa vigueur au
nouveau-né. Elle définit aussi les responsabilités
de toutes celles et ceux qui se sont, ensemble, engagés dans
le processus. Non seulement l'extrême gauche ne peut limiter
son rôle à celui d'opposants aux vieux partis réformistes
social-démocrate ou stalinien comme elle fut contrainte de
le faire dans le passé, non seulement elle doit prendre toutes
ses responsabilités pour répondre aux besoins des
luttes et des mobilisations, mais le parti des travailleurs que
nous construisons doit fonder sa politique, sa stratégie
sur les données de la nouvelle période qui lient toute
revendication à la question du pouvoir. Dès maintenant,
la nouvelle période pose la question de qui dirige la société,
une oligarchie parasitaire ou les travailleurs et la population.
C'est cette donnée essentielle qui définit notre stratégie
et dans laquelle s'intègre notre travail, qui définit
aussi le contenu de l'idée de démocratie révolutionnaire.
Aujourd'hui,
de nouvelles tâches se présentent : travailler à
construire la cohérence politique du NPA pour qu'au cur
des luttes sociales et politiques il devienne un instrument efficace
pour uvrer à la transformation révolutionnaire
de la société, à la prise du pouvoir par les
travailleurs, à la conquête de la démocratie
ce qui suppose, dans le même temps, de continuer à
uvrer à unir les révolutionnaires. Cette lettre
se propose de discuter des voies et moyens d'aider à l'accomplissement
de ces tâches sans autre but que de contribuer à formuler
des réponses qui correspondent aux intérêts
de l'ensemble des militantes et militants du NPA. Elle n'a d'autre
ambition que d'être, si elle y réussit avec ses modestes
moyens, un apport à ce qui est pour nous l'essentiel, le
travail collectif au sein du NPA à tous les niveaux de responsabilité
pour renforcer le processus engagé. Elle est ouverte aux
collaborations de toutes celles et tous ceux qui veulent prendre
leur place dans ce débat quelle que soit la filiation politique
dont ils se revendiquent, aux échanges. Il ne s'agit nullement
de débattre entre " marxistes " autoproclamés
mais bien de débattre avec tous celles et ceux qui veulent
changer le monde. Quoi de plus enthousiasmant que de travailler
collectivement à relever le défi de la nouvelle époque
qu'ouvre la crise globalisée du capitalisme pour donner tout
leur contenu pratique et militant aux idées du socialisme
et du communisme, de la révolution
Alors,
camarades, tous ensemble, faisons vivre la démocratie révolutionnaire
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